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COURRIER DES LIBERTÉS SOCIALES

MARDI 28 AOÛT 2001

LA CONJONCTURE POLITIQUE PRÉPARE-T-ELLE UN PRINTEMPS DE PROSPÉRITÉ POUR ATTAC ?

Selon un mécanisme d'horlogerie bien huilé dans les médiats français, cela commençait, ce beau lundi 27 août, au matin par une reprise complaisante dans l'Humanité du mot d'ordre lancé par Attac. On y apprenait ainsi que les 700 militants d'extrême gauche réunis à Arles entendent peser sur l'élection présidentielle. Dans l'après midi, le Monde, daté du 28 août, titrait sur toute sa première page "Les antimondialisation secouent la gauche". Et le soir, la télévision d'État, en la bourgeoise personne de Françoise Laborde, faisait un large écho aux idées, aux propositions et même à une doucerette danse folklorique des charmants militants d'Attac. L'inepte Bernard Cassen, président de l'association, devenait pour 1/4 d'heure le partenaire et l'enjoliveur de l'incontournable ministre de l'Équipement et des Transports, le communiste Gayssot.

Sur la nature du mouvement Attac, sur son alchimie, sur sa dialectique, il n'est pas inutile de rappeler que tout cela relève sinon de l'organisation stalino-léniniste d'autrefois, du moins de la plus pure filiation marxiste. On nous y parle de la dictature du capital et de la finance avec toute la fraîcheur des années 1860. Même le concept d'impérialisme, d'apparition tardive, semble un peu trop novateur pour que cette pensée archaïque aille exhumer ce néologisme du vocabulaire des années 1920.

Il n'est pas faux de dire que ce mouvement est en train de peser sur la campagne présidentielle. Le cancer idéologique d'extrême gauche en effet ne se limite dès maintenant ni au camarade Hue ni au relais démagogique d'Arlette Laguiller. L'ambition d'Attac est d'être la conscience, la mauvaise conscience, de toute la gauche et l'observation un peu attentive nous démontre que les métastases en sont en train de se disséminer et de mener à la paralysie toute la classe politique, à commencer, bien sûr, par les porte-parole du parti socialiste.

Faut-il souligner qu'au sein de la droite, ou de ce qui en tient lieu, les défenses immunitaires ne sont pas vaillantes. En quelques semaines, le nombre des parlementaires affiliés à Attac est passé de 100 à 125 (dernière recrue : la caméléon Vauzelle président de la région Provence-Côte-d'Azur). Ce ne sont pas exclusivement des gens de la gauche dite plurielle. L'écho des campagnes dites "antimondialisation" s'étend parmi les gens du RPR. Et même, au printemps, Mme Boutin venait apporter une caution catholique à la mobilisation du groupe Attac de l'Assemblée Nationale à propos de l'usine Lu de Calais.

De Calais à Arles (où se tenait du 24 au 28, l'université d'été du Mouvement Attac) on est pourtant régulièrement accueilli par d'excellentes municipalités du parti communiste français. La classe ouvrière y est représentée par la CGT. Et quand on donne gentiment la parole à des militants communistes "déçus par le parti", ce n'est jamais pour les entendre fustiger l'archaïsme marxiste, l'impunité du stalinisme ou l'imposture de toutes les utopies toujours sous-jacentes au discours communiste. Cela reste leur fond commun. Non seulement on se refuse à attaquer ce fond commun mais on fait les gros yeux vis-àvis de quiconque en rappellerait la nature. Car il est politiquement correct aujourd'hui de chercher nous faire croire que ce sont les démocraties qui matraquent, que c'est la propriété privée qui opprime et que ce sont les transactions libres qui exploitent.

Sur ce fond commun, les militants — dont on nous dit qu'ils ont été "déçus" et dont on conçoit d'ailleurs qu'ils se désolent du recul électoral de l'étiquette PCF ou de l'affiliation syndicale CGT, ces braves gens qui n'ont opéré aucune conversion quant aux idées, — reçoivent simplement et bonnement une nouvelle occasion d'agir pour des convictions clairement inchangées.

On peut présumer que cette action risque fort d'être plus efficace que celle du parti communiste et de la CGT en France de 1968 à 1981 où, avec un très fort potentiel électoral, le parti n'était parvenu qu'à obtenir 2 ou 3 strapontins dans le gouvernement Mauroy avant de s'effondrer. Pour s'en tenir au paysage politique français, ce communisme nouvelle manière qu'est le mouvement Attac est en train de rassembler dans une dialectique commune les anciens staliniens et les anciens trotskistes pour redonner à l'extrême gauche un primat idéologique comparable à celui des années 1950 et 1960.

Contrairement à cette époque, on remarquera d'ailleurs que les adversaires du marxisme et du communisme se sont eux singulièrement dispersés. On se demande même s'ils n'ont pas disparu.

JG Malliarakis

© L'Insolent

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