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COURRIER DES LIBERTÉS SOCIALES

MERCREDI 29 AOÛT 2001

Jospin se rallie dialectiquement à la "Taxe Tobin"

Il pourrait paraître tentant de dire de l'entretien télévisé de M. Jospin sur TF1 ce 28 août qu'il n'y a presque rien de nouveau. Certains pensent que seule la date change depuis cinq années passées à Matignon par l'ancien militant trotskiste devenu Premier ministre d'un gouvernement socialo-communiste.

Présenté ainsi, le tableau serait encore flatteur.

On retiendra, certes, l'installation du camarade Jospin dans un mensonge, certes partagé avec d'autres politiciens de notre pays. Il prétend répondre aux questions des Français. En fait, sur la première chaînée concédée, c'est seulement aux questions de convenance, que le chef du gouvernement a apporté sa manière de présenter les problèmes.

Le principe des conférences de presse c'est, en théorie, de permettre à tous les journalistes, français ou correspondants étrangers, de poser toutes les questions. En France, on a commencé, sous De Gaulle, à encadrer cette pratique démocratique dans les convenances et les protocoles élyséens et autoritaires de la Ve République.

Puis on a fait en sorte qu'elle dérive pour aboutir à ces entretiens de pure complaisance.

Une presse démocratique et libre, si cela existait en France, ne laisserait pas dire à M. Jospin qu'il va, par exemple, continuer une décrue fiscale dont la caractéristique est d'être purement cosmétique. Si M. Jospin pense vraiment que "le mouvement de la baisse de la fiscalité " doit être "poursuivi en 2002 en France, d'autant qu'il joue un rôle utile dans la situation économique d'aujourd'hui" il doit dans l'urgence réviser toutes les circulaires adressées aux ministères dont les dépenses 2002 ont vocation à excéder celles de 2001. Pour diminuer les impôts, il faut réduire la dépense publique et ceci d'autant plus que l'on s'est engagé vis-à-vis des partenaires de l'Union monétaire à restreindre les déficits. C'est une évidence arithmétique élémentaire que n'importe quel journaliste pourrait faire remarquer dans le cadre d'un face-à-face moins conventionnel.

En réalité, Jospin répondait surtout à un Français, le seul avec lequel il se sente confronté, son compère, rival et condisciple Chirac. Celui-ci le domine dans les sondages actuels et il lui avait lancé quelques piques, largement démagogiques d'ailleurs, ce 14 juillet.

Pour battre Chirac, Jospin aura besoin de toutes les voix de gauche et d'extrême gauche.

Il a donc franchi le 28 août un pas supplémentaire dans la récupération des voix communistes et gauchistes en se prononçant mielleusement et scandaleusement pour la taxe Tobin.

Bien entendu, cette avancée demeure purement dialectique. On n'imagine pas, ou pas encore, que cette taxation des transactions financières s'instaure dans le Code Général des Impôts français. M. Jospin se dit pour l'instant "favorable à ce que la France propose que l'union européenne prenne une initiative au plan international". Avant qu'une telle démarche aboutisse dans le droit positif, beaucoup d'eau coulera sous les ponts de la Tamise et de l'Hudson.

Mais, du point de vue des idées, on crée un formidable appel d'air en faveur du mouvement Attac et de tous les partis activistes d'extrême gauche. On pourrait faire le parallèle entre cette attitude et celle du gouvernement français de l'époque vis-à-vis de la guerre du Vietnam. En matraquant tous les jours sur les ondes de la télévision d'État l'image des bons, gentils et héroïques soldats du Vietcong face aux affreux corrompus de Saïgon, marionnettes des méchants Yankees, on a créé dès 1966 à 1968 en France, des vocations de militants d'extrême gauche par milliers et ce sont les cadres des comités Vietnam qui ont fait le mouvement de mai 1968. Lisez ou relisez "Mai 68, la répétition générale" par Weber et Bensaïd, ou bien les "Souvenirs obscurs d'un juif polonais né en France" de Pierre Goldmann et vous comprendrez le scénario. M. Jospin sait parfaitement de quoi il retourne. Il semblerait que M. Chirac ne le sait toujours pas.

Les métastases du communisme et la Taxe Tobin, voilà le danger, voilà l'ennemi.

JG Malliarakis
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