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COURRIER DES LIBERTÉS SOCIALES
JEUDI 30 AOÛT 2001
Les métastases du projet dit de "Taxe Tobin" : ou comment le gouvernement français interprète les dires de Jospin
Au lendemain du ralliement dialectique (cf. notre bulletin du 29 août) de Lionel Jospin à la taxe Tobin voilà comment se présentent désormais les choses :
Ce n'est pas seulement M. Jospin dans une déclaration creuse, c'est officieusement désormais le gouvernement français qui souhaite placer le débat sur la taxe Tobin au cur des organisations économiques internationales.
Curieusement, tout en "souhaitant le débat", Paris ne soutient clairement aucune proposition. Le mouvement Attac prétend regretter cette attitude. Les dirigeants de l'association affirment même y voir "un programme d'enterrement" de la taxe.
En réalité leurs prochaines mobilisations vont être puissamment encouragées par le fait que le gouvernement d'un des pays membres du G 8 s'y intéresse.
Ce sera :
1° du 21 au 23 septembre, le Congrès européen citoyen ;
2° puis du 28 septembre au 4 octobre la Mobilisation pour une Justice Mondiale ("for Global Justice") à Washington et
3° enfin autour de la réunion de OMC à Qatar du 9 au 13 novembre. Il y avait du pain sur la planche en somme pour les activistes de "l'antimondialisation". L'ambiguïté démagogique des dirigeants français mettra alors du beurre sur la tartine d'Attac.
Rappelons que lors de son intervention sur TF1, le Premier ministre français M. Lionel Jospin s'est dit, au sujet de la taxe Tobin, "favorable à ce que la France propose que l'Union européenne prenne une initiative à cet égard au plan international".
Ce projet de taxe a la prétention (fausse) de "freiner la spéculation internationale sur les monnaies". En réalité son effet économique éventuel serait de pénaliser les transactions boursières des investisseurs internationaux opérant dans la sphère des pays pratiquant cette taxe. On voit mal d'ailleurs comment les 190 États de la Planète pourraient se mettre d'accord. On prétend que son produit irait au développement des pays pauvres (comment ?). Et c'est sur cet étrange cheval de bataille que se développe Attac, sigle recouvrant "l'Association pour la taxation des transactions financières pour l'aide aux citoyens".
Le 29 août, l'entourage de M. Jospin diffusait officieusement des précisions sur les propos du Premier ministre. "Le gouvernement de Paris souhaiterait, dit-on qu'une initiative soit prise par l'Union européenne pour que cette idée de taxe Tobin soit étudiée dans les organisations économiques internationales". En particulier, Paris va proposer que cette étude soit menée par la Commission européenne, mais aussi dans le cadre le FMI et de l'OCDE.
Selon les gens de l'hôtel Matignon, la France officielle chercherait à convaincre ses partenaires des Quinze de la nécessité d'un débat mondial, à l'occasion du Conseil Ecofin des ministres européens de l'Économie et des Finances, les 22 et 23 septembre à Liège. Parallèlement au conseil Ecofin se mobilisera à Liège un prétendu "Congrès européen citoyen."
Pour la première fois, à Liège les ministres de l'Économie et des Finances de l'Union européenne discuteront alors de la taxe Tobin. Mais ce sera à l'initiative de la présidence belge de l'Union. Une semaine plus tard, le 29 septembre, débutera à Washington la réunion annuelle du FMI (en parallèle se tient la "Mobilisation pour une Justice Mondiale" des prétendus "antimondialisation"!).
Attac déclare que le chef du gouvernement "programme l'enterrement de la taxe Tobin, tout en donnant l'impression d'y être favorable". Il "botte en touche en direction du FMI et refuse de répondre à la question de la mise en place de la taxe en Europe", a ajouté l'association, "renouvelant son exigence de prise de position ferme du gouvernement français à Liège".
Or, à Liège, le représentant officiel de la France étatique sera Laurent Fabius ; celui-ci a toujours jugé cette taxe "inapplicable". Ce qui n'est pas faux ! M. Fabius a même lancé une idée alternative de taxation des exportations d'armes, projet dont l'entourage de M. Jospin affirme ne pas avoir encore été saisi. Et ce projet, peut-être plus pernicieux et hypocrite encore, constitue une autre métastase du projet de Taxe Tobin dont il encourage le développement dialectique.
Tout cela est grave et nécessite une réponse urgente des défenseurs des Libertés.