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COURRIER DES LIBERTÉS SOCIALES
VENDREDI 21 SEPTEMBRE 2001
"LASSURANCE PAIERA !"
M. Denis Kessler président de la Fédération Française des Sociétés d'Assurances
Au lendemain du traité de Versailles, un merveilleux slogan à tout faire permit daveugler les Français et dentraver toutes les réformes qui eussent été nécessaires pour reconstruire la France. La formule passe partout de lépoque sénonçait ainsi : lAllemagne paiera. Or, lAllemagne non seulement ne voulut pas payer mais il était objectivement évident quelle ne le pouvait pas. Et même ce quelle versa, ou ce qui lui fut arraché, fut dilapidé ou accaparé. Les esprits curieux, désireux de tirer profit des leçons du passé, se reporteront utilement aux Responsabilités des dynasties bourgeoises de mon cher vieux maître Emmanuel Beau de Loménie. Il semble hélas que les leçons de lhistoire sont, en général, inutiles à ceux qui ont décidé de faire table rase du passé. Cette volonté damnésie nest pas un monopole marxiste. Ou plutôt, si elle est caractéristique dune certaine mentalité et dune certaine formation, cette ignorance programmée se trouve aujourdhui répandue sous les lambris de nos plus vénérables institutions.
En tout cas, aujourdhui, ce nest plus lAllemagne paiera mais : lAssurance paiera !
Comme si lassurance était financée par autre chose que par les primes des assurés ! Comme si elle recélait des gisements dargent secret, de provenance probablement immorale, et que de telles illusoires réserves occultes allaient être libérées par un coup de baguette magique dune étatique et hypothétique Mary Poppins.
Or, au moment où lÉtat américain libéral envisage assez clairement de faire son devoir en matière de solidarité nationale exceptionnelle, il est intéressant de remarquer que lÉtat français socialiste, lui, est en train de se défausser honteusement du sien sur le dos des entreprises privées.
Telle est linterprétation que je me permets de faire en observant notamment la stupéfiante évolution de la jurisprudence française en matière de handicap congénital.
Qui ne conviendra en effet, dans une société où, contre leur propre intérêt, les assistés se comptent par millions, il est positivement incroyable et écurant que lÉtat aide si peu des enfants nés sans bras, difformes, handicapés à vie et soutienne si peu leurs familles.
Par un arrêt du 26 mars 1996, la Cour de cassation avait, pour la première fois, posé le principe dune indemnisation du dommage subi par un enfant né handicapé.
Par la fameuse jurisprudence Perruche du 17 novembre 2000 au côté de lindemnisation du préjudice subi par les parents, elle avait admis le préjudice de lenfant lui-même, à la charge des médecins, cest-à-dire dans la pratique de leur assurance professionnelle.
Par un nouvel arrêt rendu le 13 juillet 2001, la Cour de cassation française un enfant né handicapé peut demander réparation aux médecins dune faute de diagnostic ayant empêché sa mère davorter
Diverses suppliques ladjuraient de ne pas juger que "lenfant né handicapé a le droit de se plaindre de navoir pas été supprimé dans le sein de sa mère". Le Comité consultatif national déthique salertait. On a donc techniquement fait semblant de "mettre un bémol à la jurisprudence Perruche, sans nier que léchographie est une pratique à haut risque." En réalité la Cour de cassation française a renforcé la tendance.
Le but affiché est de " faire payer les assurances."
"À mon avis, il y aura de moins en moins de sociétés qui accepteront dassurer les échographistes et je ne vois pas comment les primes pourraient ne pas grimper en flèche ", déclare logiquement M. Nicolas Gombault, directeur juridique du Sou médical lune des principales mutuelles dassurance médicale (Libération du 14.7.2001).
Léchographie est en grand danger si les politiques ne se décident pas à légiférer, affirme hautement le Dr Philippe Kolf, président du Snud (Syndicat national des ultrasonologistes diplômés, syndicat déchographistes). Nous demandons non pas un droit à la faute, mais un droit à lerreur, puisque de toute façon on ne peut nier que la fiabilité de léchographie soit limitée."
Pour tous les radiologues il est désormais évident que le maintien de la jurisprudence Perruche va conduire les assureurs médicaux à augmenter de façon exponentielle leurs cotisations. Et, dans ce scénario catastrophe, "les médecins ne feront plus déchographies, ce qui nest pas dramatique pour eux, mais pour la santé publique, prédit le Dr Kolf. En effet, outre pour la détection des malformations, léchographie est un examen majeur pour diagnostiquer des anomalies de croissance ou une souffrance ftale ; surveiller le terme, les grossesses multiples Bref, pour sauver des enfants."
Sauver des enfants français ? Est-ce intéressant pour lÉtat français ?
JG Malliarakis