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COURRIER DES LIBERTÉS SOCIALES
MERCREDI 26 SEPTEMBRE 2001
DÉFENSE NON PARADOXALE DES SPÉCULATEURS
En 8 mois les bourses mondiales ont perdu 17%
Les hedge funds ont gagné 3%
Les énergiques et nécessaires mesures financières lancées par le gouvernement des États-Unis contre la galaxie Bin Laden vont une fois de plus, servir d'argument aux pires ennemis de la Liberté. L'éditorial inouï de Libération (25 septembre) nous confirme dans le sentiment qu'il faut prendre au sérieux le danger des imprécations du très opportuniste M. Montebourg (cf notre Courrier du 24 septembre).
Les mêmes gens, qui pensent tirer argument de la " pédophile sur Internet " pour condamner les nouvelles technologies de l'information vont, par exemple, chercher à diaboliser ce qu'ils appellent les " paradis fiscaux " et diverses pratiques financièrement indispensables à la santé économique du monde, comme les sociétés offshore.
Rassurons tout de suite notre lectorat aisé. Ces campagnes ne dissuaderont certainement pas les grosses sociétés occidentales de pratiquer l'optimisation fiscale et administrative à leur seul profit. Ces campagnes n'aboutiront qu'à intimider et à paralyser les petits, les artisans de la délocalisation, les entrepreneurs indépendants, les modestes, les naïfs, ceux qui croient sinon toujours à la bienfaisance des États, et à la pertinence de leur parénèse, du moins à la crédibilité de leurs menaces. Ils sont évidemment nombreux en France. C'est pour retarder ou freiner leur émancipation que le fiscalisme français agitera, sans honte, les épouvantails à moineaux.
Cette campagne d'intimidation et d'intoxication utilisera sans doute les amalgames les plus éhontés, les assimilations les plus grossières, les insinuations les plus éculées.
Les réseaux pédophiles ont la naïveté de promener leurs immondes activités sur le net : honte à Internet On oubliera que rien n'est plus facile à pister qu'une trace sur ce réseau de communications. On oubliera que les lettres anonymes utilisent la poste, les appels téléphoniques malveillants alimentant, comme le minitel rose les caisses de France Télécom.
M. Oussama Bin Laden détiendrait (en millions de $ et non en " milliards ") quelques importants avoirs boursiers : haro sur les marchés financiers ! C'est tout juste alors comme si l'attentat du 11 septembre était un règlement de comptes entre Wall street et le World Trade centre.
Ne riez pas. On a lu des choses approchantes, dans les colonnes de l'Humanité du 24 septembre ou dans les textes du mouvement Attac lors de son congrès de Liège du 23 septembre.
On va donc lire, de nouveau, de vastes amalgames entre le mythique " argent sale " (argent propre détenu par des possesseurs illégitimes) et le " sale argent ".
Nul doute que la tentative de diabolisation, outre les sociétés offshore, désignera très vite les " hedge funds ", (fonds protecteurs) ces pelés ces galeux d'où nous vient tout le mal !
Ces fonds, nous dit-on, sont à haut risque ; c'est peut-être vrai. Mais le risque y est forcément moindre que la certitude d'être escroqué par les caisses de retraite par répartition.
Or, celui qui investit dans un " hegde fund " ne le fait ni par hasard ni par inadvertance. Il doit détenir pour un particulier 5 millions de $, ou pour un professionnel 25 millions de $ sous gestion.
Une chose est frappante en effet : le plus grand " spéculateur " boursier du monde est un homme normal, aux idées saines, au train de vie modeste, M. Warren Buffet. Ses principes sont simples. Il achète des valeurs sûres et durables, quand leur cours est bon marché. C'est le principe même de la spéculation, et plus généralement du commerce : vendre à un prix plus élevé que celui auquel on a acheté. De telles idées sont inacceptables pour les technocrates et les hauts fonctionnaires, eux-mêmes habitués à transformer des subventions coûteuses en investissements stériles.
Acheter bon marché pour revendre plus cher est aussi le secret sur lequel un autre " spéculateur " de génie Albert W. Jones a basé les premiers fonds protecteurs à partir de 1949. Il a fallu quelque 20 ans pour que l'idée se propage : 400 fonds protecteurs en 1970, moins de 100 au milieu des années 1980, 5 000 ou 6 000 aujourd'hui dont 400 en Europe. Ces fonds peuvent être dits " protecteurs " (a hedge en anglais cela veut dire une haie) parce qu'ils fondent leurs placements sur la valeur intrinsèque des titres quand ils sont sous-évalués. Ils spéculent donc sur le long terme. Quelle horreur ! N'est-il pas plus démocratique de faire comme tout le monde, de suivre la mode et d'acheter les titres qui montent quand ils montent, et, encore, quand ils ont beaucoup monté ?
C'est ainsi que, pendant les 8 premiers mois de 1'année boursière 2001, alors que les bourses mondiales perdaient toutes, en moyenne, 17 % de leur valeur, les dits fonds réputés spéculatifs ont gagné 3 %. Cette insolente survie n'est-elle pas positivement honteuse ?
Les fonds protecteurs ont un défaut fondamental : ils " titillent ", en les concurrençant, les gestionnaires traditionnels de portefeuilles. Ils font donc monter le taux de profitabilité de l'économie en général, pour le plus grand bénéfice des épargnants, donc des vieux travailleurs. Ils poussent les gestionnaires de fonds de pension à imposer des projets hautement rentables donc, en général, hautement utiles à la société. C'est vraiment affreux.
JG Malliarakis
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