COURRIER DES LIBERTÉS SOCIALES

VENDREDI 28 SEPTEMBRE 2001

L'UTILISATION DES EXCÉDENTS BUDGÉTAIRES AMÉRICAINS

L'intervention de Bush ne signifie nullement

une "conversion" à l'étatisme...

L'éditorial de Libération du 25 septembre donnait le ton d'une campagne qu'il ne paraît ni possible, ni même décent de passer sous silence et laisser indemne. Le journaliste français M. Jacques Amalric, sous le titre inouï de "Conversion" décrit ce qu'il croit être la nouvelle doctrine économique du gouvernement américain : "L'idéologie du laisser-faire, ose-t-il écrire, n'a pas résisté au traumatisme provoqué par les attentats et a dû laisser la place au réalisme."

Ce raisonnement est logiquement faux. De plus, il se fonde sur des informations erronées.

Tout d'abord, les excédents américains ne sont pas la conséquence du laissez-faire et leur diminution ne vient pas d'un renoncement à cette doctrine. Les excédents budgétaires américains proviennent d'une pression de l'opinion populaire, et d'une pratique politique salutaire de la part des majorités républicaines, qui se sont constamment attachées à diminuer les dépenses publiques, ceci depuis leurs victoires électorales de 1994 (élections "intermédiaires" de novembre lors de la première présidence de Clinton). Ces diminutions de dépenses étant plus rapides que le courant de décrue de la fiscalité, les budgets fédéraux sont devenus effectivement excédentaires à partir de 1998.

Un véritable programme de laissez-faire consiste à ajuster, aussi, les impôts vers le bas. Pour des raisons de doctrines monétaires, la Réserve Fédérale des États-Unis dirigée par Alan Greenspan éprouvait des appréhensions qui sont trouvées levées en janvier 2001. La baisse des impôts est désormais acceptée parce que plus incitative d'une saine progression à moyen terme des initiatives économiques. Elle est toujours préférable aux politiques de "relance" injectant des capitaux publics.

Dans les comptes prévisionnels de 2002, apparaissait un excédent de 174 milliards de $. Le premier chiffrage des conséquences de la guerre entre Américains et talibans n'excédait guère 20 milliards de  $. L'exercice 2001, qui va se trouver clos le 30 septembre, comportait une prévision d'excédents à hauteur de 153 milliards de $. Il est d'ores et déjà probable que le CBO, service budgétaire du Congrès qui avait fait cette dernière estimation le 5 septembre, sera amené à réviser cette estimation en diminution de 30 ou 40 milliards de  $ pour l'exercice 2001.

On doit rappeler que, contrairement à la France, de tels excédents tiennent également compte du solde, lui aussi positif, de la Sécurité Sociale des États-Unis, nom sous lequel on désigne depuis le Security Social Act de 1935 le régime fédéral de retraites publiques.

Le 26 septembre, de source parlementaire américaine, on évaluait l'effet du ralentissement de l'économie et les programmes d'aides fédérales votées pour la reconstruction de New York, la sécurité et les compagnies aériennes, à un total 60 milliards de.

On ne doit cependant pas considérer que le coût technique des opérations militaires sera en lui-même considérable. Si les États-Unis envoient pour une longue durée 30 000 à 50 000 soldats américains dans la région du Pakistan et de l'Afghanistan, ce qui semble envisagé, le coût estimé d'un tel dispositif serait de l'ordre du milliard de $ par mois.

Contrairement aux services de M. Fabius en France, qui savent tout, les experts américains du CBO estiment que la conjoncture est tellement incertaine depuis le 11 septembre, qu'il faudra attendre les indices publiés au cours des prochaines semaines avant d'établir de nouvelles hypothèses économiques sur lesquelles seront recalculées les projections budgétaires. On ne peut même pas exclure "la possibilité d'un déficit" pour la première fois depuis 1998. Et, du fait de la situation exceptionnelle actuelle, la discipline budgétaire n'est plus la première priorité des États-Unis.

On doit bien comprendre que l'intervention de l'État fédéral américain, dans une situation aussi exceptionnelle, ne signifie aucunement qu'il se soit converti au dirigisme ou à la prétendue impulsion dite keynésienne. Qu'elle coûte cher, que les conséquences de l'agression terroriste sur la conjoncture se chiffrent en dizaines de milliards de  $, ne doit pas nous dissimuler que les grandes masses budgétaires demeurent équilibrées.

Or, cela a été rendu possible grâce à l'effort libéral des parlementaires républicains acquis à la baisse de la dépense publique et qui avaient dégagé des excédents.

Cela prouve que, désormais, on doit considérer qu'une nation est d'autant plus puissante qu'elle a su s'imposer une rigueur financière et renoncer aux dépenses démagogiques des hommes de l'État.

JG Malliarakis

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