COURRIER DES LIBERTÉS SOCIALES
MARDI 2 OCTOBRE 2001
JG Malliarakis
LA CGT NE SAUVERA PAS LES SALARIÉS DE MOULINEXLe camarade Thibault incitera-t-il
un investisseur à s'intéresser à Moulinex ?
Le 29 septembre à Caen, la CGT défilait derrière son secrétaire général le camarade Bernard Thibault, sous prétexte de défendre l'emploi dans les usines Moulinex-Brandt. Cette manifestation, partie de la préfecture du Calvados, regroupait environ 1 800 personnes dont quelques salariés des usines Moulinex, mais surtout des permanents de l'agitation, des cégétistes de Renault Véhicules Industriels et des agents PTT du syndicat gauchiste SUD.
Devant d'impressionnants drapeaux rouges de la CGT et les inévitables écharpes tricolores des élus locaux, Thibault pérorait : " Le dépôt de bilan du groupe Moulinex-Brandt est le plus important dépôt de bilan en France depuis 20 ans ". Identiquement à la nouvelle ligne rhétorique lancée par le camarade Jospin, Thibault en appelait cyniquement au " patriotisme économique ". Il n'a pas hésité à affirmer que la sauvegarde de Moulinex était " un véritable enjeu national ". Dans les rues de Caen, la triste cohorte scandait des slogans tels que : " Pour Moulinex, pour l'emploi, les banquiers il faut les mettre au pas ! " ; ou encore : " Chirac, Jospin, Ras le bol des promesses. Un emploi, un salaire, un avenir pour Moulinex ! "
Le secrétaire général de la CGT avait effectué auparavant, tourisme oblige, une visite d'une heure de l'usine Moulinex de Cormelles-le-Royal.
Alors que la Basse-Normandie risque, depuis des mois, de voir disparaître beaucoup d'emplois c'est ce 2 octobre que les représentants des salariés de Moulinex-Brandt devaient se pencher sur les offres de reprise partielle de l'activité du groupe déposées notamment par le spécialiste du secteur SEB, Société d'emboutissage de Bourgogne. Me Didier Segard, l'un des deux administrateurs judiciaires chargés du groupe indique que le tribunal de commerce de Nanterre tranchera en faveur de l'offre la plus sérieuse après les réunions entre les représentants du personnel et les candidats repreneurs. Deux réunions du Comité central d'entreprise étaient prévues : une première le matin, au siège du groupe à La Défense prévue pour durer toute la journée ; puis, avec les représentants de SEB, les plus plausibles, dans l'après-midi.
SEB, fabricant français bien connu de petit électroménager et d'ustensiles de cuisine, a déposé le 28 septembre une offre de reprise portant sur seulement une partie de l'activité petit électroménager de Moulinex. Cet industriel important du secteur, est le candidat qui semble le plus crédible au président du tribunal de commerce de Nanterre, M. Jean-Claude Denis. Le groupe électronique néerlandais Philips a cependant indiqué le 28 septembre qu'il serait éventuellement intéressé par la société Krups, filiale haut de gamme de Moulinex-Brandt. Une dizaine d'offres, dont plusieurs fantaisistes, ont été déposées simultanément. Mais il n'est plus question'attendre de nouvelles offres. C'est donc dans la pratique oui ou non avec la SEB.
Personne ne peut souhaiter voir des centaines de personnes perdre brutalement leur emploi en Normandie ou ailleurs. Mais la vraie question à se poser est autre. Si un investisseur, quel qu'il soit, a affaire à un représentant du CCE auprès des administrateurs qui est M. Alain Lermier, délégué syndical CGC, ou au secrétaire général de la CGT nommé par la grâce du parti communiste, avec son porte-voix et ses drapeaux rouges, quel interlocuteur sera le plus de nature à le convaincre d'investir dans cette marque qui fut si dynamique, à l'époque de son fondateur, le génial industriel autodidacte Jean Mantelet, né en 1900, inventeur en 1932 du moulin à légumes. Cette marque, apparue à Alençon en 1957, qui " libéra la femme " française dans les années 1960, et qui devint une des valeurs vedettes de la Bourse de Paris dans les années 1970, lui doit tout. Il s'est retiré en 1989, âgé de près de 90 ans, les vraies difficultés de Moulinex commencent en 1996
Ni chez Moulinex à Caen, ni nulle part, ni les bureaucrates de la CGT, ni les gauchistes de SUD, tous majoritairement fonctionnaires des postes ou des chemins de fer (c'est le cas de Thibault) n'ont jamais créé un seul emploi de leur vie. La seule chose dont ils sont capables c'est de dissuader tout investisseur, qu'il soit français ou néerlandais de mettre les pieds dans une entreprise quelle qu'elle soit. Que les slogans et mots d'ordre de Thibault soient exactement les mêmes que ceux du gouvernement français (" patriotisme économique " ) nous semble même de nature, plus généralement encore, à dissuader de créer des emplois où que ce soit en France.
JGM
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