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COURRIER DES LIBERTÉS SOCIALES

MERCREDI 3 OCTOBRE 2001

FAUT-IL CRAINDRE UN RETOUR DE L'INFLATION ?

Wim Duisenberg a raison de vouloir

empêcher le retour de l'inflation

En ce début octobre, 3 événements de nature, et de gravité, absolument sans liens réciproques ni comparaison, alimentent, à tort ou à raison, la crainte lancinante d'un retour à l'inflation.

1° L'aboutissement formel du processus d'union monétaire en Europe continentale imposera un nouveau calcul en Euro de tous les prix. Certains pensent, ou font semblant de redouter, que ce calcul incitera globalement à la hausse.

2° La prise de conscience d'une situation de ralentissement économique, — situation perceptible dès l'automne 2000 aux États-Unis mais que les prévisions bugétaires pour 2002 du ministère français de l'Économie n'ont pas encore prise en compte — amène divers grands pays à imaginer de redoutables politiques de "relance globale", de soutien artificiel à des entreprises déclinantes et de subventions.

3° Par ailleurs la situation internationale, tant politique que financière résultant des attentats du 11 septembre, et en dehors de toute considération d'ordre moral fera incontestablement, sinon les dépenses militaires (le coût direct d'une opération entraînant dans la région d'Asie centrale 30 000 à 50 000 soldats américains n'excéderait pas, dit-on, 1 milliard de $ par mois) en tout cas de dépenses de sécurité, des primes d'assurances, sans parler des incertitudes et des craintes pour l'avenir.

Il est vrai que, périodiquement, les autorités monétaires et, plus encore, les journalistes évoquent la possibilité d'un retour de l'inflation. Sous ce mot, nous désignons deux conceptions tout à fait différentes. Au sens ordinaire, nous entendons par inflation la hausse nominale des prix en elle-même. Mais sémantiquement, l'inflation ce n'est pas cela : c'est l'augmentation excessive de la masse monétaire, classiquement considérée comme vraie cause fondamentale de la hausse des prix. Et, comme la masse monétaire ne se compose plus seulement de numéraire, mais de l'ensemble des divers moyens de paiements, plus ou moins régulés par les banques centrales, on identifie cette masse au résultat des politiques monétaires des banques centrales.

Ou bien les banques centrales considèrent que le but de leur politique monétaire est de maintenir un niveau général des prix constant ou stable. Ou bien, sous l'influence de diverses doctrines, elles considèrent que cet objectif est secondaire. Et, dans ce cas, il y a tout lieu de craindre qu'elles favorisent un accroissement dommageable de la quantité de monnaie, s'imaginant ainsi notamment "relancer l'économie". Une autre tentation inflationniste est née des récentes augmentations de l'offre monétaire en dollars (monnaie mondiale) qui n'ont pas été suivies de hausses des prix aux États-Unis.

Au cours du xx siècle, la Banque de France n'a pas cessé de commettre erreur sur erreur. En moyenne, le billet de banque imprimé par elle et dont elle imposa le cours forcé à partir de 1914 n'a pas cessé de voir dévaluer son pouvoir d'achat de 10 % par an (moyenne du siècle). Aucune personne informée ne saurait regretter sérieusement la mise au rancart de ce monopole monétaire.

En France, durant les 12 derniers mois connus (septembre 2000/août 2001) les prix agro-alimentaires ont augmenté de 4,2 %, d'après les calculs de l'Insee, et ceci malgré une baisse en juillet de 0,7 %, la première depuis 2 ans. En revanche, sur la même période, les prix des carburants ont diminué, eux, de 4,4 %. Les prix des biens industriels n'ont connu une hausse annuelle que de 0,7 %. Au total la hausse moyenne des prix est désormais, depuis plus de 10 ans, inférieure à 2 %.

Cela tranche avec les inquiétudes qui se manifestaient au printemps. Il semblait alors que les hausses de prix en Europe atteignaient une fourchette moyenne inquiétante de 2 à 3 % : 2,9 % en avril. Malgré de graves pointes en Italie (3,1 %) au Portugal (4,5 %) et en Irlande (5,6 %), il semble que l'Europe soit revenue à un rythme beaucoup plus acceptable, pratiquement indolore, de 1 % à 2 %.

Il ne faut pas craindre particulièrement une valse d'étiquettes occasionnée par le passage technique à l'Euro, si les consommateurs, qui ne seront pas "60 millions" comme continue, probablement, de le croire l'organisme officiel français publiant la revue du même nom, mais plus de 300 millions, sont vigilants, et il faut penser qu'ils seront très attentifs.

Il faut au contraire si l'on veut éviter le retour de l'inflation à la faveur de l'union monétaire dans la Zone Euro, mobiliser l'attention de l'opinion pour aider la Banque centrale européenne à empêcher le retour de l'inflation, de la hausse des prix et, surtout, des dérives budgétaires.

• JGM •

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