COURRIER DES LIBERTÉS SOCIALES
VENDREDI 5 OCTOBRE 2001
POUR LA CGT C'EST TOUJOURS LE MOMENT
L'incontournable cégétiste Gayssot
L'Huma, elle-même, l'avouait dans son édition du 3 octobre : " La question trottait sans doute dans les têtes de nombreux salariés, syndicalistes inclus : est-ce bien le moment ? " Le moment de quoi ? De faire grève dans les services publics à la française, les entreprises d'État subventionnées, celles où on prend sa retraite avant 60 ans.
Eh bien dans ce genre de circonstances la réponse cégétiste est toujours : oui. Et elle trouve d'utiles idiots, différents selon les branches, pour accompagner sa démarche. Le quotidien communiste en donne fièrement la liste : " ainsi des cheminots, dont toutes les fédérations, CGC exceptée, appellent à une grève de 24 heures ; ainsi des traminots qui, avec leurs syndicats FO, CGT, FNCR et CFTC, se joignent à l'action lancée pour réclamer le droit à la retraite à 55 ans ; ainsi encore des salariés de la santé qui, avec la CGT, FO et la CFTC, entendent faire du 16 octobre, le prolongement de leurs actions précédentes pour les 35 heures. " On remarque que la CFDT est très peu dans l'affaire.
Passons sur la conjoncture internationale. Dans les colonnes du même journal on retrouve toujours la même rhétorique contre ce qu'il appelle " une escalade guerrière qui, loin de résoudre le problème, risquerait d'ajouter du malheur au sang déjà versé " (édito du 4 octobre) dans le droit fil de l'intervention de M. Hue osant déclarer : " C'est à la violence et aux injustices intolérables générées par l'actuelle mondialisation sous l'égide du capitalisme financier qu'il faut s'attaquer. " (Débats de l'Assemblée nationale du 3 octobre).
Passons sur la conjoncture sécuritaire française. On remarque que, pour une fois, la CGT ne fait même pas semblant de demander plus de sécurité dans les transports ou dans les usines " Au nom du danger, on ne peut pas décréter la fermeture des entreprises ", déclare-t-on à la CGT, en rappelant que 880 000 salariés travaillent dans la filière chimique
La grande urgence pour la CGT, et pour ceux qui accompagnent sa stratégie et sa tactique, c'est de faire pression pour l'augmentation des traitements des fonctionnaires et l'abaissement de lâge de leur retraite. Elle trouve l'appui de gens comme Cazettes, président de la très monopoliste Caisse nationale d'assurance vieillesse des travailleurs salariés. " La chute de la croissance, on la vivait déjà depuis le début de l'année. Le contexte ne fait qu'aggraver les choses. Quand une économie commence à perdre de la croissance, c'est justement le moment de réinjecter, par du pouvoir d'achat, de l'optimisme chez les consommateurs et les salariés. C'est donc maintenant qu'il faut se mobiliser ", déclare à l'Humanité Jean-Luc Cazettes, le président de la CGC-CFE, qui met l'accent sur les salaires car " ce sont eux qui vont tirer l'emploi ".
En même temps cette pression dans le secteur public s'accompagne dans le secteur privé d'une agitation partout où la CGT peut faire feu de n'importe quel bois. Ainsi le 4 octobre, dans le département de la Sarthe c'étaient environ 3 000 cégétistes du département qui manifestaient dans le centre ville du Mans au nom " de la défense de l'emploi, des retraites et de la protection sociale. " Quelques-uns des actuels salariés de l'usine Philips, touchée par un vaste plan social qui prévoit la suppression de 1 142 emplois sur un total de 2 300, prenaient place en tête du cortège, suivis de salariés de Framatome, qui fabriquent des connecteurs pour téléphone mobile, et d'EDF, portant des banderoles : " on est tous des Philips " (ce qui était manifestement faux).
En réalité cette attitude, totalement démagogique, a pour effet de diminuer les chances de salariés du privé d'être réembauchés dans le contexte actuel et de renforcer les privilèges des titulaires du secteur public, qui sont en force à la CGT et à FO. Dans les mois à venir il sera intéressant de mesurer les positions respectives du bloc CGT et FO, d'une part, et des directions syndicales associées à la refondation sociale, CFDT et CFTC d'autre part, la ligne des administrateurs actuels de la CGC étant apparemment inspirée par leur position au sein des organismes sociaux.
Déjà, lors des élections de 1997, les politologues et les observateurs impartiaux (cf. sondages de la Tribune de Genève) avaient pu évaluer une différenciation notable du vote chez les salariés du secteur privé et chez les personnels à statut.
Plus des grèves scandaleuses comme celle du 16 octobre se multiplieront, et plus cette différenciation s'approfondira, annonçant une nouvelle forme de " lutte des classes ", en somme
JG Malliarakis
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