COURRIER DES LIBERTÉS SOCIALES
JEUDI 11 OCTOBRE 2001
L'AUTOROUTE "A 380" : UN BEL EXPLOIT ENVIRONNEMENTAL DE L'ÉCONOMIE DE SUBVENTION
Le rouleau compresseur du projet
Airbus A 380 soutenu par l'Équipement..
M. Hubert Fournier, préfet de la région Midi-Pyrénées, a présenté ce 8 octobre le tracé de l'itinéraire à grand gabarit essentiellement, et officiellement prévu pour acheminer les tronçons du futur Airbus A 380 de Bordeaux à Toulouse. La conjoncture générale, et la conjoncture spécifique à la région de Toulouse (400 entreprises anéanties par la catastrophe), étant très assombries, ont, paradoxalement calmé l'affrontement avec les riverains qui avaient vivement protesté ce printemps.
Les critiques soulevées en avril-mai par les riverains et les associations écologistes ont été en partie apaisées par les aménagements promis. De la sorte, les protestations s'annoncent moins importantes que lors des manifestations du printemps contre le tracé. Celui-ci sera soumis à la formalité de l'enquête d'utilité publique du 15 octobre au 20 novembre. Et après le rouleau compresseur roulera.
On est certes loin de l'euphorie dans laquelle baignait le monde de l'aéronautique avant l'été : depuis les attentats contre New York et Washington le 11 septembre, les avions se sont vidés et un plusieurs compagnies aériennes se retrouvent dans une crise profonde.
La réunion tenue à Toulouse par M. Fournier, qui n'est pas seulement préfet de la région Midi-Pyrénées mais aussi préfet de Haute-Garonne, devrait être d'autant plus sobre que Toulouse sort à peine du drame de l'explosion de l'usine chimique AZF du 21 septembre avec son cortège de morts (29), de blessés, de dommages matériels.
Toutefois le programme A 380 n'est pas remis en cause, et devrait même passer au travers des mesures de flexibilité annoncées par Airbus pour faire face à la crise. C'est le gigantisme même de cet appareil de 550 passagers qui a conduit les services ministériels de M. Gayssot décider le renouvellement du mode de transport des tronçons, ceux des modèles actuels étant acheminés par avions spéciaux Beluga.
L'itinéraire retenu pour transporter les éléments de l'Airbus doit emprunter d'abord la Garonne entre Bordeaux et Langon, en Gironde, puis une route à grand gabarit entre Langon et Toulouse, en traversant les Landes et le Gers, pour une liaison d'une longueur de 250 km.
Airbus et les pouvoirs publics estiment que cette formule est la seule possible pour un acheminement des tronçons dès 2003. Les écologistes, eux, se disent favorables à l'utilisation de dirigeables ! Pas moinsse L'idée de faire assembler cet avion gros porteur dans un site portuaire, est évidemment hérétique.
Du côté des protestataires, les riverains et les élus de la tendre vallée gasconne de la Save avaient reçu certains apaisements le 7 septembre. M. Fournier avait alors souligné que 80 à 90 % de l'avant-projet de tracé entre L'Isle-Jourdain et Toulouse ont été modifiés.
L'État a en particulier répondu à la crainte de voir apparaître subrepticement une route à grande circulation servant au contournement de Toulouse. Le tracé projeté passe par des routes départementales et comprend des tronçons de piste bétonnée qui seront interdits à la circulation des autres véhicules. Une grande victoire écolo comme on peut le voir !
Seule la malheureuse et charmante commune de Lévignac reste opposée au projet. L'itinéraire passera carrément au milieu du village. Toutefois son maire, Yves Chambenoit, élu du parti socialiste, ne prévoit pas de faire de la résistance. "On prend acte du tracé et nous nous attacherons à obtenir du ministère des transports, où nous avons rendez-vous mardi qu'il tienne ses engagements en matière de sécurité, d'aménagement paysager et d'urbanisme" a précisé M. Chambenoit.
La Coordination inter-associative contre le projet routier de l'A 380 ne baisse pas les bras. Le 28 septembre, à Bordeaux, elle réclamait encore l'annulation du tracé et une "véritable concertation ". Outre le "recours au dirigeable," la coordination recommande de faire passer les tronçons sur "des axes déjà classés à grande circulation, les travaux réalisés contribuant à améliorer les infrastructures".
Jamais semble-t-il on avait dédié une route à un projet de ce type. La France se rapproche de plus en plus du "modèle pharaonique" (la beauté des pyramides en moins).
JG Malliarakis
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