COURRIER DES LIBERTÉS SOCIALES

MARDI 16 OCTOBRE 2001

JG Malliarakis

FAUX BILANS

Les Lois de Finances et de Financement de la sécurité sociale

sont basées sur des chiffres faux

Pour beaucoup de Français, l'actualité de ce 16 octobre sera constituée par la nuisance de la grève des transports publics. M. Blondel, dans Les Échos (15 octobre), aura une fois de plus donné le ton : il est, nous dit-il, "très inquiet". En bon lecteur du programme de transition de Trotski, il croit toujours bon de sous-entendre qu'il croit, au fond, à la crise finale du capitalisme. Et il imagine intelligent de suggérer aux pouvoirs publics, la relance par la consommation populaire, par "les salaires"…

Si cependant on veut bien regarder les choses sérieuses qui attendent l'économie de notre pays, on doit comprendre qu'il n'y a rien à redistribuer. Nous distribuons via l'État des sommes qui n'existent pas. Elles alourdissent le déficit des comptes sociaux et fiscaux. Or, pour pouvoir donner aux Français l'illusion de la prospérité, encore faut-il continuer à pouvoir leur présenter de faux bilans.

Précisément, une information judiciaire historique est en train de se clore : celle des comptes du Crédit Lyonnais, remontant à 1992. Ah ! On peut dire que notre magistrature syndiquée, bureaucratisée, aseptisée, prend son temps. Avec elle, c'est toujours un pas de plus vers la sérénité. Bientôt l'énigme du Courrier de Lyon sera résolue.

Entre avril et juillet 2000, ont été mis en examen du chef de "diffusion de fausses informations au marché" et "publication de comptes sociaux inexacts" 3 personnages fort représentatifs :

1° M. Jean-Claude Trichet, directeur du Trésor de 1987 à 1993. Il est aujourd'hui gouverneur de la Banque de France par la grâce de Dieu et d'Édouard Balladur. Il fut le candidat "de la France" pour présider la Banque centrale européenne. Et Le Monde (13.10) ose prétendre qu'il le serait encore !

2° M. Jacques de Larosière, gouverneur de la Banque de France jusqu'en 1993.

3° M. Jean-Pascal Beaufret. Il était chef du service des affaires monétaires et financières à la direction du Trésor et représentant de l'État au conseil d'administration du Crédit lyonnais.

À côté de tels hauts seigneurs, les deux principaux inculpés font figure de moindres sires : ce sont pourtant, MM. Jean-Yves Haberer, président du Crédit lyonnais de 1988 à 1993, et M. François Gille, directeur général, mis en examen, en 1998, pour avoir participé au maquillage du bilan,

Le 2 décembre 1996, le ministre des Finances de l'époque, M. Jean Arthuis, était de formation comptable. C'est une rareté pour un ministre français des Finances. Il avait déposé plainte pour présentation de faux bilans. Après 5 ans d'investigations, le 25 septembre, le juge d'instruction parisien M. Philippe Courroye transmettait au parquet les résultats de ses recherches sur la responsabilité des anciens dirigeants de la banque publique et des autorités de tutelle dans la falsification frauduleuse du bilan 1992 du Crédit lyonnais. Il faudra attendre encore quelque temps pour savoir si le parquet, qui a rejeté les recours en nullité formés par certains avocats, décide ou non du renvoi devant un tribunal correctionnel de ces attachantes personnalités.

Sans cruauté particulière pour M. Trichet, dont nous avons toujours combattu la sotte politique monétaire et l'arrogance technocratique, nous souhaitons que le procès ait lieu et qu'il fasse toute la lumière. Ceci, en vérité, représente un deuxième souhait. Car un procès peut avoir lieu, mais demeurer en trompe l'œil. On a vu des choses pareilles !

Il faut que les auteurs et les complices de toute nature de bilans ainsi falsifiés, et volontairement occultés au public et aux marchés internationaux, soient enfin punis à la mesure du dommage fait à la France, et aux épargnants français.

Mais pour être tout à fait franc, le jour où une telle sanction serait prise, comment éviter que les ministres passent, à leur tour, un très mauvais quart d'heure. Car ils sont les vrais responsables de ces falsifications. Que cela satisfasse ou non son ego, M. Trichet n'a jamais été qu'un laquais des politiciens et autres démagogues. Il a certes couvert le mythe de la retraite par répartition dont la dette implicite s'alourdit chaque jour, au détriment des vieux travailleurs et des jeunes Français qui supporteront un jour ou l'autre sa faillite. Simplement, cette dette ne vient pas de Trichet, ni d'Haberer ni de la Direction du Trésor. Elle vient des gens comme Blondel (irresponsable), comme Bérégovoy (suicidé) et aujourd'hui encore comme le "libéral" Fabius ou l'élégante Mme Guigou, qui présentent des budgets et projets de lois pour 2002 basés sciemment sur des chiffres faux.

• JGM •

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