COURRIER DES LIBERTÉS SOCIALES

MARDI 13 NOVEMBRE 2001

JG Malliarakis

CÉDERA-T-ON AU CHANTAGE TERRORISTE CÉGÉTISTE ?

L'incendie volontaire relève des Assises

L'an dernier, une poignée d'extrémistes, agissant au nom des salariés de l'usine Cellatex dans les Ardennes avaient donné l'exemple. Ils avaient menacé de faire sauter leur entreprise parce qu'ils se considéraient comme abandonnés des pouvoirs publics, leur entreprise étant défaillante. À l'époque bien peu nombreux avaient été les chroniqueurs pour souligner le fâcheux précédent qui était en train de s'instituer. Bien entendu cette affaire demeura sans suite, la section locale de la CGT étant partie prenante.

Ce 12 novembre, des employés de Moulinex ont suivi cet exemple et l'ont aggravé. Ils affirmaient tranquillement avoir installé "en des points stratégiques" de l'usine de Cormelles-le-Royal des matières explosives. Leurs représentants syndicaux, CGT en tête représentée par M. Serge Rogine, ont tout simplement menacé de faire sauter l'usine s'ils n'obtenaient pas de compensations financières.

"Du fric ou boum", pouvait-on ainsi lire sur la façade de l'usine située dans la banlieue de Caen. On soulignera que l'établissement se trouve à proximité immédiate d'un quartier résidentiel de la capitale normande et d'un site chimique. De l'acide sulfurique, de l'acétylène, du gaz et de l'essence semblent avoir été placés sur quatre points stratégiques de l'usine, et une cinquième charge aurait été placée au niveau du pôle chimique de Langlois. Une des charges, se composant d'une douzaine de bidons et trois bombonnes de gaz, a été installée sur le toit de l'usine. Elle est bien visible depuis le parking qui précède l'entrée du site. Les bidons contiennent chacun entre 20 et 50 litres d'acide sulfurique et les bombonnes environ 200 litres d'acétylène et 75 litres de gaz, a précisé un salarié. Il s'agit de produits qui étaient entreposés dans l'usine. "On est aussi prêt à faire sauter une tonne d'acétylène, qu'on a placée sur les machines", confiaient plusieurs personnes particulièrement excitées.

France 2 (12 novembre au journal de 20 heures) présentait au milieu de quelques anonymes le délégué CGT, qui ne semblait guère exprimer de réticences.

Un millier de salariés sont directement menacés de licenciements secs, nous dit-on, à Cormelles-le-Royal. Ils réclament une prime additionnelle de 80 000 francs par salarié, qui viendrait s'ajouter à l'indemnité de licenciement, ainsi que des mesures pour les salariés de plus de 50 ans.

Le camarade Marc Bellet, conseiller régional communiste de Basse-Normandie et conseiller municipal de Caen a montré le sens des responsabilités très spécial de son "parti de gouvernement" en déclarant : "Les salariés de Moulinex et leurs syndicats sont une nouvelle fois confrontés au mépris et à l'arrogance, on ne leur a fait aucune proposition c'est intolérable, la violence économique, sociale et humaine, ça suffit !".

Disons-le tout net : la violence cégétiste, les méthodes littéralement terroristes, cela suffit aussi.

Après la mise en redressement judiciaire du groupe Moulinex-Brandt, le tribunal de commerce de Nanterre a retenu l'offre de reprise partielle déposée par le groupe d'électroménager français SEB, la seule vraiment crédible. SEB entend fermer les usines de Cormelles-le-Royal, Alençon, Falaises et Bayeux, ce qui pose le problème du reclassement d'environ 3 400 salariés.

Le gouvernement Jospin a nommé un monsieur Moulinex" en la personne de Michel Bove. Il est, en principe, chargé de piloter la ré-industrialisation de la région Basse-Normandie et il dispose de près de 1 milliard de francs. Cela représente 300 000 F par poste de travail à reconstituer.

Financièrement, cela devrait être largement suffisant. On remarquera que, ce qui a mis le feu aux poudres, c'est tout simplement l'absence de Michel Bove le 12 novembre lundi à la Défense, au siège social de Moulinex. Les 23 représentants des salariés ont alors décidé de claquer la porte et de se rendre à Matignon où ils ont été accueillis rue de Varenne par un cordon musclé de CRS. Ce n'est que dans l'après midi qu'ils ont pu s'asseoir à nouveau à la table de négociation en présence de Michel Bove. En attendant le processus était déclenché à Cormelles-le-Royal.

Le mépris technocratique, les mesures purement financières sont autant de prétextes dont se servent les meneurs cégétistes. Ces prétextes ne constituent nullement des excuses. Les menaces et le commencement d'exécution d'incendie volontaire, au nez et à la barbe du Directeur de la sécurité civile du Calvados, cela s'appelle du terrorisme. En droit pénal cela relève des Assises.

• JGM •

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