COURRIER DES LIBERTÉS SOCIALES
MARDI 20 NOVEMBRE 2001
JG Malliarakis
LA PRIVATISATION D'EDF PLUS NÉCESSAIRE QUE JAMAISLe président d'EDF M. Roussely
va devoir se battre pour la privatisation
Électricité de France vient d'annoncer une nouvelle acquisition en Grande-Bretagne. EDF semble ainsi poursuivre un développement systématique de son emprise sur le marché européen. Et cette stratégie que certains considèrent comme trop coûteuse a au moins un mérite : celui de relancer le débat sur sa privatisation.
On a donc appris le 19 novembre le rachat du réseau britannique Eastern Electricity et de la totalité de la société 24 Seven, dont l'activité est centrée sur la gestion et la maintenance des réseaux, détenue avec l'américain TXU.
On rappelle pourtant qu'au début de ce mois, le président d'EDF M. François Roussely assurait que l'entreprise d'État avait atteint ce qu'il considérait comme une taille suffisante et qu'il allait, de ce fait, mettre un frein à sa politique d'expansion européenne.
Les acquisitions d'Eastern Electricity et de 24 Seven représentent un montant total de 2,7 milliards d'euros. EDF sera désormais un acteur majeur sur le marché britannique. Dans le Royaume-Uni, plus de 5 millions de clients seront désormais raccordés au réseau du groupe. Il est impressionnant, commente-t-on officieusement, qu'EDF devienne ainsi un acteur dominant en Grande-Bretagne au même titre que Powergen et British Energy, étant présent à la fois dans la distribution, la vente et la production d'énergie.
"Il y a eu récemment un grand mouvement de concentration dans ces métiers en Grande-Bretagne et London Electricity (filiale d'EDF) n'avait plus la taille requise", affirme, en contradiction avec les déclarations antérieures de son président M. Marc Boudier, directeur Europe d'EDF, commentant ces nouvelles acquisitions. "Nous avons déjà", dit-il, une implantation dans tous les pays prioritaires (Allemagne, Italie, Grande-Bretagne et Espagne) et l'idée, c'est désormais de consolider ces positions".
Depuis novembre 1998, EDF a profité de la libéralisation des marchés de nos 14 partenaires européens, et dans les 10 pays candidats tout en protégeant son monopole historique en France.
EDF s'est établie successivement en Grande-Bretagne, avec le rachat de 100 % de London Electricity, puis en Allemagne, grâce à son entrée à hauteur de 34,5 % dans le capital du numéro 4 allemand EnBW dans le Land de Bade-Wurtemberg.
L'entreprise étatique française s'est également implantée en Autriche, Pologne, Suède, Suisse et Hongrie et enfin en Espagne en prenant pied indirectement dans le capital d'Hidrocantabrico, à travers EnBW, son nouveau propriétaire.
En mai, l'entreprise étatique française a provoqué un véritable scandale en Italie en prenant, conjointement avec Fiat, le contrôle du groupe industriel Montedison, qui a depuis opéré un recentrage sur l'énergie.
Dernièrement, l'électricien français est entré dans le capital du producteur belge SPE et indiqué qu'il s'intéressait de près aux marchés polonais, hongrois et tchèque.
Également, il a réitéré son intérêt pour Seeboard, fournisseur d'électricité britannique qui pourrait être mis en vente l'an prochain par son propriétaire américain AEP. Pour poursuivre son développement européen, EDF va certainement se renforcer en Italie et en Espagne, pays qualifiés de "prioritaires" par M. Boudier. EDF entend réaliser 50 % de son activité hors de France en 2005.
Or, l'expansionnisme d'EDF coûte de plus en plus cher. De l'aveu même de son président, M. François Roussely l'entreprise publique va se heurter avant la fin de 2003 à un problème de fonds propres, afinde financer des projets d'investissements chiffrés 30 milliards d'euros sur la période.
De la sorte, la privatisation d'EDF aujourd'hui n'est pas seulement souhaitable du point de vue de la concurrence, juridiquement nécessaire du point de vue du Droit européen, elle se révélera de plus en plus indispensable du strict point de vue du développement du groupe. On n'a parlé jusqu'ici que d'une privatisation partielle, d'une "ouverture du capital", et cela a évidemment provoqué l'ire de la CGT grande bénéficiaire du statut actuel de l'EDF. La direction a alors fait machine arrière courageusement en déclarant que la question n'était pas "à l'ordre du jour": elle va le redevenir.
La bataille commence.
JG Malliarakis
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