COURRIER DES LIBERTÉS SOCIALES
VENDREDI 23 NOVEMBRE 2001
JG Malliarakis
MARSEILLE OTAGE DE LA CGTL'approvisionnement pétrolier bloqué à Fos sur Mer
En 10 jours de conflit sur le port de Marseille commençons par le chiffrage des dégâts économiques. Il émane de l'Union maritime et fluviale, paisible regroupement de 300 entreprises maritimes provençales représentant 10 000 emplois.
40 escales, 1 000 remorques et 10 000 conteneurs ont été perdus. Le surcoût pour les armateurs se chiffre déjà à 20 millions de francs et le manque à gagner pour les professions concernées, à 33 millions. Les bananes de Côte d'Ivoire, les kiwis en provenance d'Israël sont désormais déchargés à Sète. Du côté des hydrocarbures, les pénalités payées s'élèvent à 15 millions de francs. L'unité d'extraction de benzène de BP a été arrêtée et le complexe de Lavera envisage de "mettre bas les feux" mardi ou mercredi, suivi par celui de Berre. Les pertes quotidiennes s'élèvent à 10 millions de francs. L'Union Française des Industries Pétrolières constate que les stocks de matières premières brutes sont presque épuisés et que les unités de distillation envisageant d'arrêter leurs activités à partir de lundi. 70 000 tonnes de pétrole brut sont perdues chaque jour, soit 10 millions de francs, et les 130 000 tonnes qui passaient habituellement par Marseille, transitent maintenant par Trieste.
Ne parlons même pas des perspectives d'avenir du site de Marseille : les projets en cours avec la raffinerie Miro de Karlsruhe, à laquelle le Port autonome de Marseille livre 13 millions de tonnes par an, pour récupérer 7 autres millions de tonnes transitant actuellement par Trieste sont, bien évidemment, reportées sine die.
Pour le public, des difficultés d'approvisionnement des stations-services sont attendues début décembre. En Corse, les centrales électriques, fonctionnant au fioul, ne seront plus alimentées à partir du milieu de la semaine prochaine. Les bateaux de la SNCM et de la CMN sont déroutés sur Toulon. Les paquebots Costa Atlantica et European Vision qui étaient attendus au matin du 24 novembre, avec 3 000 passagers, ont annulé leur escale
D'ordinaire très pondéré, M. Jacques Truau président du "PAM", port autonome de Marseille, considère officiellement que "le port est aux mains de commandos mafieux, cagoulés et armés de battes de base-ball et de barres à mine. Ils ont pris le pouvoir sur l'établissement portuaire dans un climat d'insurrection".
Sur cette insurrection, le gouvernement de Paris, responsable du maintien de l'ordre et de la liberté des transports a le devoir constitutionnel de faire appliquer la loi.
Le fait-il ? Non. Qui est ministre des Transports ? Le camarade Gayssot, cégétiste.
À quel syndicat appartiennent les commandos de dockers qui bloquent illégalement le port de Marseille ? À la CGT.
C'est la CGT qui a lancé le mouvement le 14 novembre réclamant essentiellement 10 jours de congés annuels supplémentaires au nom des 35 heures. Pendant 6 jours elle a paralysé les terminaux pétroliers de Fos-sur-Mer et Lavéra.
Le 19 novembre, la CGT étendait impunément le blocus à tous les terminaux de marchandises.
Soulignons que depuis le départ, le nombre de grévistes aura été constamment inférieur à 45 %. Et c'est exclusivement par des méthodes violentes d'intimidation que les gros bras de la CGT ont empêché les personnels non-grévistes de prendre leur poste ont imposé le blocus et qu'ils le maintiennent. Au nom des 35 heures
Le blocus total du port a recommencé le 22 novembre dans l'après-midi, la direction du Port autonome ne pouvant accepter le diktat cégétiste sur la base de revendications dont la vraie nature n'est pas syndicale, estimant qu'il s'agit en fait "d'un conflit pour la prise de pouvoir sur le port".
À l'aube du 23 novembre les grévistes CGT obstruaient, toujours impunément, à l'aide de grues ou de conteneurs dont ils se sont emparés, les accès aux bassins de Marseille et de Fos-sur-mer, où opèrent les navires de marchandises, pétroliers, chimiquiers et minéraliers.
Ah certes, impunément le camarade Maldacena secrétaire général de la CGT du port ose affirmer : "Il n'y a eu aucune dégradation du matériel du port" que "nous avons sécurisé". Sécurisé ! Il est, en France, un peu plus à l'ouest, un autre port définitivement sécurisé. Il s'appelle Aigues-Mortes.
JGM
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