COURRIER DES LIBERTÉS SOCIALES
VENDREDI 30 NOVEMBRE 2001
JG Malliarakis
41 % de Français préparés à l'euro : le sont-ils réellement ?Le vrai problème de l'Euro se trouve posé
par la carence des grands États et leurs systèmes de redistribution
Le Journal du Dimanche (2 décembre) va publier un sondage tendant à démontrer que 41 % des Français déjà se déclarent, à ce jour, préparés au passage à l'euro contre seulement 31 % qui pensent ne pas être prêts avant le 1er janvier 2002. 35 % des personnes interrogées se disent "plutôt confiantes" contre 27 % "plutôt inquiètes" et 38 % "ni l'un, ni l'autre". De plus, 58 % des Français ont déjà effectué au moins un paiement en euros par carte bancaire ou par chèque.
C'est une avancée très positive de l'opinion des Français réels.
Nous trouvons en revanche beaucoup plus irresponsable l'attitude des syndicats.
Après la branche syndicale FO de La Poste "menaçant" de grève le 2 janvier, c'est depuis plusieurs jours l'ensemble des cinq bureaucraties syndicales (CFDT, CFTC, CGT, FO et CGC) des Banques qui lancent un appel à un arrêt de travail "éventuellement reconductible", le 2 janvier. L'Huma (30 novembre) confirme et titre triomphalement : "Les salariés des banques appelés à une euro grève"
Et plus on "monte", plus on "s'enfonce" dans le bunker du système bancaire, plus on voit se manifester cet incivisme corporatiste de la part de ces centrales syndicales, qui ont, pourtant, toujours le mot "citoyen" à la bouche au point d'en faire un adjectif.
Depuis le 28 novembre, c'est même la Banque de France qui tend à paralyser le système.
Un mouvement de grève y bloque les activités de la Caisse générale de Paris "aucun billet ne rentrant ou ne sortant". Cette Caisse est le plus gros atelier de tri, de comptage, de vérification, d'entretien et de recyclage de la monnaie fiduciaire en France. En temps normal, 600 personnes sont supposées y travailler.
"Depuis mercredi, à la suite de l'appel à la grève des syndicats SNA, CGT, CFDT, FO, SIC et CFTC de la Banque de France, plus un billet ne sort ou ne rentre", indique la CGT. Selon elle, "100 % des agents sont en grève". Cette sorte de "fatwa" veut dire, en langage syndical décodé, que les gros bras stalino-cégétistes se croiront autorisés à y empêcher l'exercice de la liberté du travail.
La direction de la Banque de France ne fait aucun commentaire. Comme c'est curieux. Son Gouverneur M. Trichet est, en effet, ordinairement plus explicite quand il s'agit de "faire la leçon" aux autres, et notamment aux entreprises du secteur concurrentiel
Les revendications des bureaucraties sont définies comme par hasard par la CGT. Elles portent sur "l'organisation du travail, la reconnaissance des efforts supplémentaires consentis pendant le passage à l'euro fiduciaire (primes), l'aménagement des fins de carrière, les conséquences de l'application de l'accord 35 heures. [ ] au-delà de ces revendications, deux grands problèmes sont à la source du mécontentement des personnels : une vive inquiétude sur ce qui va se passer après qu'on aura passé le cap de l'euro (garanties sur le maintien des emplois et des activités) et le mauvais climat social", à en croire l'appareil stalino-cégétiste. Lues entre les lignes, car en définitive, ces revendications sont très vagues. On est présence d'une volonté d'exploiter la conjoncture de deux circonstances : la loi inextricablement stupide et inapplicable des 35 heures et le passage à l'euro pour obtenir des avantages que rien ne justifie particulièrement, surtout dans la concjoncture qui menace la France.
Faut-il, dans le contexte du passage à l'euro, se réjouir des difficultés que traverse l'Allemagne ? Certes non ! Car le deutsche mark est le pilier central de l'Union monétaire.
Or, le ministre allemand des Finances Hans Eichel laisse désormais entendre que son pays pourrait avoir besoin de plus de temps que prévu (délai défini en 1997) pour équilibrer ses finances publiques ; Cet un aveu encourage certains à redemander un assouplissement des disciplines budgétaires. Il n'exclut plus un report de l'objectif d'équilibre des comptes publics nationaux à 2006, au lieu de 2004 tel que prévu actuellement :"Nous partons du principe que nous pourrons atteindre un équilibre des comptes publics en 2004 à condition qu'il n'y ait pas de nouvelles incertitudes (sur le plan économique) avec une croissance de 1,25 % en 2002 et une évolution similaire au cours des années suivantes", affirme-t-il dans le cadre du débat budgétaire. "Nous n'atteindrons ce but en 2006 qu'en cas de nouvelle détérioration inattendue".
On reste actuellement dans la litote, mais le vrai problème de l'Euro se trouve désormais posé par la carence des grands États et de leurs systèmes de redistribution.
JGM