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COURRIER DES LIBERTÉS SOCIALES

JEUDI 6 DÉCEMBRE 2001

RETRAITES : 5 ANS, 3 RAPPORTS, ZÉRO RÉFORME

Le plus long gouvernement de l'Histoire républicaine

n'a pas su réformer les retraites en France

En reprenant ce 5 décembre une série télévisée interrompue le 28 août, le Premier ministre a fait semblant de ne pas se situer sur un terrain électoral. Sans doute désire-t-il être jugé "le moment venu" sur son bilan économique et social. Et si nous avions un vœu à formuler pour sa faveur nous lui souhaiterions de voir ce bilan s'améliorer car il est désormais catastrophique.

Dans nos archives

23.2.2001 Qu'est-ce qui fait courir M. Cazettes?

3.1. Le Docteur Tant Mieux

12.1. Un Débat mouvementé sur l'avenir des retraites

23.6.97 Le discours d'investiture de Lionel Jospin du 19 juin

L'illusion des "emplois créés" s'évanouira à mesure que l'on égrènera les mois successifs de hausse "accidentelle" du chômage. On en est actuellement au 6. Cela ne passe inaperçu que dans le public des couples de fonctionnaires, des personnels à statuts et des clients de l'assistanat intégral. Cela fait beaucoup d'électeurs, mais cela ne crée pas beaucoup de richesse.

Bientôt on mesurera que les deux principales réformes sociales des 5 années du gouvernement Jospin, — les "35 heures" et les "emplois jeunes", — auront été désastreuses.

Mais la pire faute de ce très long gouvernement aura été la non-réforme des retraites. Elle était entrevue dans son discours d'investiture de 1997 ; il en a eu les moyens dans le temps car il aura été le plus long de l'Histoire républicaine. (Georges Pompidou, Premier ministre de 1962 à 1968 avait constitué 4 gouvernements successifs rythmés par les législatives de 1962 et 1967, et par la présidentielle de 1965). M. Jospin était, de plus, assuré d'une majorité stable et dont il se disait "fier".

"Il y a de quoi faire tomber 5 ou 6 gouvernements dans les prochaines années", déclarait M. Michel Rocard à propos des retraites en 1991. Et, contrairement à ce qu'imprime faussement Libération (5 décembre) il ne l'annonça pas "avant de s'atteler à la rédaction d'un Livre Blanc sur la question" mais au moment où, quittant le gouvernement, il rendit public et préfaça lui-même ce Livre Blanc constituant en quelque sorte le dernier acte d'un ministère, assez long, lui aussi (1988-1991).

Oui c'est bien la peur qui a empêché d'agir et de réformer le système de Retraites français le Premier ministre et son gouvernement, y compris Mme Aubry, partie opportunément à l'époque des trompeuses statistiques encore euphoriques de l'automne 2000, y compris MM. Fabius et Strauss-Kahn, ces fausses cautions "libérales" à bon marché,

Parmi les paramètres de la peur ne figure pas seulement le manque d'imagination. Si M. Rocard se croit autorisé à écrire et à déclarer : "Il n'y a que trois solutions : ou on augmente les cotisations, ou on diminue le montant des retraites, ou on cotise plus longtemps", c'est qu'il écarte la seule vraie solution : le passage à la capitalisation, la liquidation de la répartition et la fin de tout monopole des systèmes étatiques. Ce refus de la capitalisation, de pur parti pris, relève d'un autre paramètre : l'imprégnation marxiste de la classe politique et technocratique française.

Il est vrai que le 28 août 2001 sur TF1 le Premier ministre a cru nous rassurer en déclarant : "J'ai préféré le marxisme des trotskistes au marxisme des staliniens." En matière de retraite cela ne fait guère de différence. Peut-être même, le poids de la CGT aidant, y a-t-il une pincée de bons sens populaire supplémentaire chez les abominables vieux stals. La vieillesse du monde qu'est le marxisme pose son vieux regard sur le monde de la vieillesse.

Pour ne pas faire de réformes, "on" a commandé, "on" a opposé et "on" a manipulé successivement 3 rapports. Et ainsi nous avons pu soupçonner l'imposture de la prétendue "méthode Jospin" et de sa doctrine des trois "d", diagnostic, discussion, décision, qu'il prétend avoir imposée à ses ministres.

Sur les retraites, voici le 3e diagnostic en 4 ans. Pas de discussion. Pas de décision.

En 1998, le rapport confié au Commissariat au Plan et à son patron Charpin avait été jugé trop dur pour les fonctionnaires. On confia donc, sous couvert du Conseil économique et social, à l'ancien chef du lobby des mutuelles, et ancien ministre de Tonton et de Bérégovoy, le pitre Teulade, un contre rapport super optimiste, pudiquement enterré depuis.

Aujourd'hui, après avoir inventé en l'an 2000 un Conseil d'orientation des retraites — promis en 1997 — instance ad hoc, fabriquée pour dire au prince ce qu'il lui plaira d'entendre, on écoute ce "Cor". Mais le son même de ce "Cor" risquait encore de réveiller de vieux questionnements. Alors, on a édulcoré le rapport du "Cor". Ne réveillons pas, endormons. Est-ce donc cela, la "Méthode Jospin" ?

JG Malliarakis
©L'Insolent

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