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COURRIER DES LIBERTÉS SOCIALES
VENDREDI 7 DÉCEMBRE 2001
MAIS, AU FAIT, QUI CRÉE DES EMPLOIS ?
Depuis 1996, le nombre de création d'entreprises
a diminué globalement de 1,3 %
Lors de son entretien télévisé du 5 décembre, M. Jospin s'est flatté d'avoir "créé 1 million d'emplois nouveaux en France". Une semaine plus tôt, dans un entretien au Figaro du 29 novembre le très élégante Mme Guigou avait même cru pouvoir évaluer à 1,5 million le nombre des gens sortis des statistiques officielles du chômage depuis l'action bienfaisante du gouvernement actuel. Sans aller jusqu'à de telles exagérations, il est de fait que, depuis 1997 on avait vu, lentement mais sûrement, diminuer le taux de chômage français. Et cette évolution s'est poursuivie jusqu'au printemps 2001
Il est non moins vrai que, par rapport à l'Angleterre, pays de taille et de développement comparables, dans les 10 dernières années, le taux de chômage français est demeuré incroyablement plus élevé. De plus dans les 6 derniers mois, et en dépit du relatif ralentissement de l'économie américaine, le taux de chômage britannique a continué de diminuer, atteignant désormais les niveaux extrêmement bas de 3 %. Le taux français, est actuellement 3 fois plus élevé, puisqu'il est de 8,9 % fin octobre. Courant 1997, le taux officiel du chômage français était 2 fois plus élevé que le taux anglais. Il est l'aujourd'hui 3 fois plus et ceci malgré l'augmentation des emplois subventionnés ou publics, parmi lesquels le cas des "emplois jeunes" demeure le plus spectaculaire. Quel succès !
L'année 2000 aura été, en France, du point de vue conjoncturel, à tous égards, une année exceptionnellement bonne. En a-t-on vraiment tiré parti ?
Si l'on met à l'écart, le cas de l'agriculture (1) l'économie française a créé, ou plutôt a vu se créer, en 2000 un total de 540 000 emplois salariés et 330 000 activités indépendantes, soit 870 000 emplois.
Sur ces 870 000 créations d'emplois ou d'activités, 335 000 seulement venaient d'entreprises, grandes ou petites, existant déjà au 31 décembre 1999, soit moins de 38 % des emplois créés.
62 % des emplois apparus en 2000, soient 535 000, l'ont été par des entreprises nouvelles et parmi eux 205 000 étaient des emplois salariés contre 330 000 des activités indépendantes.
Il est donc parfaitement clair que la création d'entreprises est le facteur décisif de la création véritable d'emplois nouveaux dans notre pays.
Compter sur les administrations, et même sur les très grandes entreprises, compter notamment, au sein de ces grandes unités, sur les 35 heures pour développer l'emploi c'est un raisonnement de technocrate. Ce raisonnement est contraire à toutes les réalités.
Il est donc crucial pour que le développement de l'activité, salariée ou indépendante, d'un pays soit satisfaisant, qu'il s'y observe une forte tendance à la création d'entreprises qui seront le plus souvent très petites. En moyenne les entreprises nouvelles emploient moins de 0,6 personne salariée par entreprise. Ce chiffre lui-même pourrait augmenter dans des conditions du Code du Travail et de sécurité sociale moins contraignantes, dissuasives et pour tout dire effrayantes pour l'entrepreneur.
"L'entrepreneur" est évidemment un concept beaucoup moins intéressant pour nos technocrates que l'entreprise. L'entrepreneur est un même un objet de répulsion pour ceux-là même qui feignent ou croient sincèrement de s'être convertis, dans les années 1980, à la considération de l'entreprise.
Ce compte, par conséquent, ce n'est ni le moral des ménages ni l'impulsion de l'État, c'est le nombre des entreprises nouvelles ce sont les initiatives individuelles des entrepreneurs. Si l'on s'en tient au simple nombre des entreprises créées, on constate qu'en France, après une légère embellie en 1994, correspondant à l'année de la fameuse loi Entreprise individuelle et liberté, dite "loi Madelin", la France est retombée à un étiage déprimant de créations d'entreprises nouvelles à peine supérieur à 300 000, dont la moitié sont des reprises ou des réactivations.
Pendant l'année "euphorique" 2000, le nombre des créations d'entreprises en France a même connu, par rapport à l'année 1999, un taux de croissance inférieur à celui de la croissance du produit intérieur brut : seulement + 1,2 %.
Depuis 1996, ce rythme a diminué globalement de 1,3 %.
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