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COURRIER DES LIBERTÉS SOCIALES
LUNDI 10 DÉCEMBRE 2001
UN DÉFICIT DE PLUS EN PLUS INQUIÉTANT
Jospin et sa fine équipe battront-ils
les records déficitaires de Bérégovoy ?
Au moment où les revendications des gendarmes ont obtenu un si considérable succès matériel, certains s'interrogent devant la déliquescence de l'État, d'autres encore se préoccupent d'en obtenir autant pour leurs propres corporations, les derniers enfin se demandent ce qu'il en sera des engagements monétaires de la France dans le cadre de l'Union monétaire.
C'est précisément ce dernier point qui nous semble, sinon le plus passionnel, du moins le plus durablement préoccupant, au-delà des péripéties électorales.
Le 5 décembre, par exemple, M. Duisenberg, après avoir décidé de ne pas modifier la politique monétaire de la BCE, appelait les 12 pays de l'Euro à "adhérer strictement aux objectifs contenus dans leurs programmes de stabilité". Et les médiats français insistent lourdement sur les difficultés que l'Allemagne, toujours alourdie du poids de l'ancienne RDA aura en 2002, du fait de la conjoncture, à demeurer en deçà d'un déficit budgétaire de 3 % de son produit intérieur brut.
Soyons francs à propos de M. Duisenberg : ses déclarations et ses décisions, d'ailleurs collégiales, sont parfois critiquables, mais elles le sont beaucoup moins que les à peu près ceux qui le dénigrent.
Les hypothèses de M. Duisenberg sont parfois sujettes à caution, quand il suppose, par exemple, que la croissance en Europe devrait être supérieure en 2002 à celle des États-Unis. Car, depuis les années 1980, en 20 ans, la croissance américaine a été en moyenne chaque année supérieure de 1 point à celle de l'Europe (3,2 % contre 2,2 %) soit une croissance globale de 90 % contre 54 %. À moins de projeter durablement les conséquences momentanées des divers événements de 2001 sur l'année 2002, et à moins de cantonner cette projection à la seule Amérique, nous sommes au contraire, portés à croire plausible un retournement de conjoncture plus rapide aux États-Unis qu'en Europe.
Mais ceux qui dénigrent systématiquement la Banque Centrale de Francfort et surtout son président sont beaucoup plus douteux encore dans la qualité leurs projections, et plus péremptoires dans les risques qu'ils en cherchent à nous faire cautionner. Ce misérable lobby s'acharne à faire croire aux Français que la cause de leur pays s'identifierait à une candidature de M. Trichet pour présider l'institut monétaire européen, alors que l'intéressé n'en a pas fini de s'expliquer dans le cadre des procédures ouvertes autour du quasi krach du Crédit Lyonnais.
Comparons aussi les enjeux du débat : M. Duisenberg et la banque centrale mettent en évidence la nécessité pour chacun des États, de pratiquer l'assainissement monétaire. Le camp adverse encourage à la méthode Coué quant aux projections économiques de la croissance française, car il s'encourage lui-même à consommer par avance, telle Perrette les profits escomptés par elle de son pot au lait, le pain blanc d'une croissance dont même la farine n'a pas encore été moulue.
Dans un premier temps le budget français 2001 s'était construit autour des euphoriques découvertes de l'année 2000. On avait, pendant des mois, vécu intellectuellement sur les rumeurs d'une cagnotte dont les espèces trébuchantes rythmaient les "raisonnements", ou à tout le moins les questionnements, de la gent politique et syndicale, voire intellectuelle, budgétivore : Comment, grands dieux, allait-on pouvoir dépenser tout ce bel argent virtuel.
Puis dès l'été 2001, lors même que, le refroidissement de la conjoncture nord-américaine étant évident, ses répercussions européennes étaient prévisibles, on bâtissait un budget pour 2002 fondé sur les calculs coupés du réel, d'une croissance française de 2,5 %. Chaque semaine a rongé de 0,1 ou 0,2 point l'incroyable projection. Mais les dépenses publiques restaient bel et bien là, prospères. Déficit probable : 200 milliards. Le chiffre demeure presque inchangé pratiquement depuis 1997 aux alentours de 3 % du produit intérieur brut.
Puis les revendications de novembre, suivies des concessions de décembre ont aggravé, à ce jour, de 43 milliards la dépense publique plausible, et d'autant le déficit. Celui-ci atteindra au moins 240 milliards de francs en 2002. L'important, pour le pouvoir, est de gagner les élections à venir.
En continuant comme cela, on peut encore alourdir la barque de 50 milliards de francs supplémentaires. Ceci nous ramènera à l'époque du gouvernement Bérégovoy. On n'arrête pas le progrès de cette marche arrière, très propre à saboter l'union monétaire, et l'Euro.
JGM
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