Revenir à la page d'accueil ... Accéder à nos archives ...
COURRIER DES LIBERTÉS SOCIALES
MERCREDI 12 DÉCEMBRE 2001
JG Malliarakis
OMBRES ET LUMIÈRES en ALLEMAGNE ACTUELLEL'État allemand n'interviendra pas
dans les négociations sociales
Avec 82,3 millions d'habitants recensés en Allemagne l'an dernier, le nombre d'habitants ayant augmenté de 212 000 en deux ans l'Allemagne demeure le principal pays de l'Europe des 15. Sur le continent européen, seule la Fédération de Russie, dont l'immense territoire est cependant en majorité dans la partie asiatique dépasse en population notre voisine de l'est.
Tout ce qui se passe en Allemagne est donc décisif pour l'avenir de l'Union européenne.
Il est sans doute dommage par conséquent, compte tenu de l'importance de ce pays, qui est notre principal partenaire commercial, qu'une information plus objective et plus complète n'en soit presque jamais donnée à l'opinion française, principalement tenue au courant de quelques reliquats de souvenirs douloureux, comme le contentieux sur l'indemnisation du travail forcé plus de 55 ans après la fin de la guerre. Mais faut-il véritablement attendre de nos médiats qu'ils parlent avec justesse et objectivité de l'Allemagne actuelle alors qu'ils ne le font pas s'agissant de la France ?
Le tableau noir de la natalité. Depuis 1991, le nombre des décès en Allemagne est supérieur à celui des naissances. La tendance s'est confirmée en 2000 avec un excédent de 72 000 décès. L'insuffisance des naissances engendre évidemment, à terme, le recours à l'immigration. Le nombre des personnes arrivées en Allemagne a dépassé de 167 000 celui de ceux qui ont quitté le pays (en 1999 la différence était de 202 000). L'immigration a été cependant moins importante que pendant la majeure partie des années 1990. L'an passé, 649 000 étrangers, dont 79 000 demandeurs d'asile, sont arrivés en Allemagne. Et 562 000 sont repartis. En 1999 l'Allemagne avait accueilli 674 000 étrangers, dont 95 000 demandeurs d'asile. Et elle en avait vu repartir 556 000.
Si, par ailleurs, l'on compare la situation à l'Est et à l'Ouest, on voit que la population a augmenté de 0,3 % dans les anciens Länder alors qu'elle a régressé de 0,6 % dans les nouveaux Länder et Berlin-Est. L'ex-RDA continue de perdre des habitants.
Tendances inflationnistes. IG-Metall la puissante centrale des ouvriers métallurgistes allemands et le plus important syndicat européen entend réclamer une hausse des salaires de l'ordre de 5 à 7 % à l'occasion des négociations tarifaires 2002. C'est du moins ce qu'a déclaré M. Klaus Zwickel, le dirigeant d'IG-Metall, le 11 décembre à Francfort. Et c'est ce que recommande la direction du syndicat aux commissions régionales, "La modération salariale de ces dernières années n'a pas débouché, estime-t-il sur des créations d'emplois, comme l'avaient promis les patrons. Alors autant mettre plus d'argent à la disposition des 3,6 millions de salariés de la métallurgie, pour que leur pouvoir d'achat augmente dans une période où la demande intérieure est faible."
Le contrat de branche actuellement en vigueur expire à la fin de février 2002. Il prévoyait, après une prime exceptionnelle en mars/avril, des augmentations de 3 % en moyenne à partir de mai 2000 et de 2,1 % à partir de mai 2001. La direction d'IG-Metall va donc formuler définitivement ses revendications le 28 janvier avant les négociations qui commenceront à la mi-février. Les syndicalistes menacent d'organiser des grèves d'avertissement un mois après l'expiration du contrat tarifaire en vigueur s'ils n'obtiennent pas satisfaction. Le président de la fédération patronale de la métallurgie, M. Kannegiesser, juge qu'IG-Metall "nourrit des prétentions démesurées" et "lance des signaux fallacieux pour l'emploi et le marché du travail". Le chancelier Schroeder après avoir lancé un appel à la raison le 9 décembre a fait savoir que l'État allemand n'interviendra pas dans ces négociations.
Retournement de conjoncture. Selon l'Institut für Weltwirtschaft de Kiel, le plus mauvais moment est passé pour l'économie allemande. L'IFW prévoit pour 2002 une croissance de 1,2 %, après 0,5 % cette année (où les dépôts de bilan ont progressé de 16 % et engendré la disparition d'un demi-million d'emplois.) Il établit ces prévisions relativement optimistes basées sur un changement de climat dans les affaires à la fin de l'année. Les experts de Kiel s'attendent à une croissance moyenne au 1er trimestre 2002 puis à une croissance plus soutenue au 2e trimestre. Il faudra attendre l'été pour que le marché du travail profite de la reprise. Le ZEW de Mannheim a réalisé en décembre une enquête auprès de 313 analystes et investisseurs institutionnels. Il confirme le pronostic de l'IFW à moyen terme. Mais les entreprises est-allemandes voient toujours le climat des affaires se dégrader.
L'héritage de la RDA demeure, 10 ans près l'unification, le point noir de la société allemande.
JGM
Pour accéder au Courrier précédent