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COURRIER DES LIBERTÉS SOCIALES

LUNDI 17 DÉCEMBRE 2001

GLAVANY NE MANQUE PAS D'AIR

Si les gens comme Glavany parlent impunément

n'est-ce pas la faute aux moutons d'en face ?

Sur l'excellente chaîne privée LCI M. Jean Glavany, ministre de l'Agriculture pérorait ce 29 novembre. "Les Français sont prêts à payer de l'impôt s'ils en ont pour leur argent, ils veulent comprendre, savoir à quoi sert leur impôt et nous avons besoin de faire cette pédagogie là", a-t-il tranquillement déclaré en cette occasion. Voilà bien un ministre qui ne manque pas d'air.

Si de tels propos fiscalistes avaient été tenus par un simple ministre du gouvernement socialo-communiste formé en 1997, au lendemain de l'opération plus connue sous le nom de "balle dans le pied", tout cela ne relèverait que de l'éphémère et de l'insignifiant. Roublard maquignon reconverti dans la magouille politique, M. Glavany, en lui-même n'a d'importance qu'anecdotique : Depuis la III République la France a connu d'innombrables Glavany, tombés légitimement dans l'oubli.

Il se trouve cependant que, depuis ses déclarations du 29 novembre, on apprenait, le 5 décembre que le Premier ministre M. Jospin serait "probablement" candidat à l'élection présidentielle (ce n'était pas une grosse surprise) et, d'autre part, Libération révélait que M. Jean Glavany serait son directeur de campagne. Ceci donne aux propos du personnage une dimension tout à fait différente.

"Il faut réhabiliter l'impôt", affirme M. Glavany, car, selon lui, l'impôt fait partie "des liens entre les citoyens et la Nation". Cette doctrine est au fond à, double tranchant. Sa conclusion logique s'appelle le suffrage censitaire : les meilleurs Français seraient alors ceux qui payent le plus d'impôt et le droit de suffrage discriminerait entre citoyens "passifs" et citoyens "actifs", comme le prétendirent diverses Constitutions françaises postérieures à 1789. Est-ce à cette doctrine que songe M. Glavany ? "Probablement" pas. Nous trouvons donc que M. Glavany ne manque pas d'air ! Les "liens entre les citoyens et la Nation" cela peut très bien désigner des menottes !

Certes M. Glavany déclare aussi, pour faire bonne mesure qu'il a été "totalement solidaire quand (le gouvernement) a décidé des baisses importantes (???) d'impôts, ce qu'aucun gouvernement n'avait fait auparavant. À chaque fois qu'on pourra le refaire, il faudra le refaire" mais ceci… sans, ajoute-t-il "en avoir l'obsession", car M. Glavany estime que "la baisse d'impôts ne doit pas être présentée comme le b.a-ba de l'action politique". Dans son projet économique pour 2002, l'ensemble du PS prétend même "personnaliser" l'impôt sur le revenu. Il ne prévoit aucune suppression d'impôts – pas même celle de la redevance télévision – à peine envisage-t-il des baisses "ciblées" ( = arbitraires) de la TVA dans certains secteurs, notamment l'hôtellerie et la restauration.

Quant à la prime pour l'emploi, les socialistes veulent poursuivre son augmentation en 2002 et 2003 et faire en sorte qu'elle permette, ajoutent-ils sans rire, aux faibles revenus d'en bénéficier mieux qu'aujourd'hui en "luttant contre le travail à temps partiel contraint."

La théorie de la personnalisation (ou de "l'individualisation") de l'impôt, consiste à faire payer l'impôt par chaque individu et non par le foyer fiscal. Elle "constitue une évolution logique de la mise en place de la parité" et répond à l'évolution de la société avec notamment la généralisation du travail féminin, à en croire le document du PS. Il s'agit là, bien évidemment d'une grande avancée dans la destruction économique de la famille, destruction que complétera, bien sûr, la prétendue "autonomie" des jeunes prévue par le programme du parti socialiste rendu public par Mme Aubry le 11 décembre.

Tout cela est fort cohérent avec les propos antérieurs de M. Jospin qui déclarait par exemple (TF1 le 21 janvier 1998), à propos de l'agitation des mouvements de chômeurs : "Le choix principal que je fais est de mettre l'argent sur l'emploi et non sur l'assistance." Cela peut sembler une de ses déclarations les plus positives en 4 années de gouvernement. Mais cela évacue le problème de l'origine de cet argent. Mettre "l'argent", cela veut dire que pour lui, cet argent "préexiste", et que son arrachement par l'État n'a pas détruit l'emploi dans des proportions très supérieures à ce que les subventions publiques pourront faire semblant de reconstruire.

Mais on éprouve AUSSI l'envie de poser la question suivante : si les gens comme M. Glavany peuvent impunément faire, en France, assaut d'un fiscalisme aussi flamboyant, n'est-ce pas AUSSI parce qu'ils n'ont en face d'eux aucune doctrine, aucune revendication forte d'une diminution des impôts ?

• JGM •

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