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BULLETIN EN TOUTE LIBERTÉ
LUNDI 25 FÉVRIER 2002
SUR UNE PHRASE HISTORIQUE DE M. BAYROU
"Si nous pensons la même chose c'est que nous ne pensons plus rien"
François Bayrou à Toulouse le 23 février
Même si nous ne nous occupons pas de politique, la politique, elle, s'occupe de nous Alors parlons-en aujourd'hui.
J'avoue connaître très peu de gens, éprouvant, jusqu'ici, de l'attirance pour la campagne présidentielle de M. François Bayrou. Je ne me sens guère tenté de voter pour lui mais je dois lui reconnaître un mérite certain de s'être rendu à Toulouse ce 23 février pour le rassemblement de 7 000 partisans de la coalition intitulée Union en Mouvement. Cette appellation est encore plus creuse, il a fallu 25 ans pour battre le record de celle de 1977, de Rassemblement pour la République.
Si M. Douste Blazy fut demeuré maire de Lourdes on eût pu imaginer que son camarade Bayrou fût venu en ce sanctuaire dans l'espérance d'une transformation de ses sondages infirmes et boiteux en résultats athlétiques.
Mais Douste a fui Lourdes, où sa réputation devait être trop entachée, pour rejoindre Toulouse la tolérante, en attendant de hautes fonctions parisiennes auxquels cet homme de l'État se croit appelé. Le vrai chapelain du rassemblement était, en fait M. Juppé. Car les sondages, de même qu'ils abaissent M. Bayrou au modeste voisinage de M. Mégret ou de Mme Boutin, nous indiquent que le locataire "naturel" de Matignon, en cas de victoire de M. Chirac, serait l'affreux technocrate qu'on avait pu juger comme ministre des Affaires étrangères de 1995 à 1997 puis Premier ministre de 1995 à 1997.
La vraie fonction du rassemblement de Toulouse était donc de préparer les voies de M. Juppé, sinon comme Premier ministre de Chirac, du moins comme chef d'une droite parlementaire fusionnée au sein de l'Union en Mouvement.
Nous devons mesurer qu'une telle hypothèse est plus impressionnante encore, du point de vue des amis de la Liberté, que tout ce que l'on peut déjà constater quant à la nullité de la droite actuelle en l'an de grâce 2002, car si M. Juppé met la main sur l'Union en Mouvement il risque de demeurer le chef inamovible de la droite pour 2007, et pourquoi pas jusqu'en 2012.
Déjouer cette démarche putride, dénoncer celui qui a, par son technocratisme étroit et par son sectarisme, tué l'espoir de 1995 et remis la gauche en selle en 1997, est sans doute une des urgences civiques que devraient s'assigner les Français désireux de voir évoluer leur pays vers plus de Liberté.
Président de l'UDF, M. François Bayrou, peut-être parce que les intrigues des murènes de son entourage l'ont ramené au plus bas, peut-être parce qu'il est conscient de n'avoir plus rien à perdre, a donc eu le premier courage, tel Daniel dans la fosse aux lions, telle Blandine face aux bêtes féroces, d'aller s'exprimer face à ceux qui se proposent d'absorber son parti.
Le public de l'Union en Mouvement rassemblé à Toulouse n'était, bien sûr, composé que de lions essentiellement édentés.
Mais même un troupeau d'ânes, s'il est incapable de mordre, est toujours en mesure de braire. Et c'est-ce qu'ils ont fait lorsque M. Bayrou, dont les organisateurs avaient fait mine de saluer la présence, est venu dire ce qu'il avait à dire à la tribune de ses faux amis.
Voilà donc sa phrase historique : "On entend dire que désormais nous penserions la même chose, mais si nous pensons la même chose c'est que nous ne pensons plus rien !"
Hululements des unionistes, hennissements des énarques, barrissements des barristes, glapissements des femmes du monde, furent comme on l'imagine bien, les réactions de ces "réactionnaires" qui ne réagissent guère, de ces "technocrates" sans technique et de ces "démocrates" effrayés par l'opinion populaire, qui constituent le gros du public de notre Chiraquie nationale.
"Eppur si muove"! Merci à M. Bayrou de l'avoir rappelé. Il n'aura guère gagné de voix, mais une certaine estime, ce à quoi il peut attacher un peu plus de prix.
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