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COURRIER DES LIBERTÉS SOCIALES
MARDI 26 FÉVRIER 2002
L'AGRICULTURE DE SALON DOIT-ELLE ENCORE ÊTRE L'OBJET D'UN CULTE CIVIQUE ?
"La république ne reconnaît et ne subventionne aucun culte" Loi française de 1905.
À Paris, ce 23 février, le 39e Salon international de l'agriculture ouvrait ses portes au public. Cette grande manifestation religieuse devrait encore accueillir cette année et sur une semaine plus de 600 000 visiteurs.
La campagne à Paris fonctionne en tout 9 jours par an sur 14 hectares. C'est quand même un échantillon modeste pour un territoire englobant 30 millions d'hectares cultivables, la plus importante surface agricole de l'Union européenne.
On dit que ces badauds, essentiellement citadins, viennent voir pieusement, comme si c'était en direct, "l'ambiance de la ferme française".
Les hasards du comput ont fait que cette fête tombait, cette année, le jour même de l'Aïd-el-Kébir. Comme elle concerne finalement beaucoup moins de nos concitoyens, l'événement souffre donc évidemment de la concurrence sur le plan médiatique comme sur celui de la consommation de moutons : 3 000 égorgés pour le seul abattoir de Marseille.
Se voulant résolument "le plus informatif possible", les organisateurs du salon ont donc mis en place un "plateau de l'information". On y verra des sociologues, des médecins, des permanents représentants les organismes de consommateurs. On parlera ainsi de l'alimentation et de la santé, de l'environnement, et même de certains métiers et enjeux de l'agriculture, religion nationale.
On ne parlera guère des charges sociales, du quadrillage syndical, de l'endettement et de la course aux subventions rendue nécessaires par les nuisances sus indiquées. On n'évoquera pas la question du très petit nombre des jeunes reprenant la ferme familiale, ou rêvant du retour à la terre.
Un scandale de l'élevage bovin ayant éclaté le jour même de l'inauguration, dans une exploitation du Maine-et-Loire, où 17 cadavres de bovins, dont certains en état de décomposition avancée, ont été découverts un mois jour pour jour après qu'un responsable du monde agricole eut demandé (le 23 janvier) au maire de la commune de Mûrs-Erigné, M. Bodart, d'aller jeter un coup d'il dans cette exploitation, on conçoit que les responsables du salon aient eu à cur de rassurer l'opinion française sur ce qui alerte le plus sa vigilance civique : l'alimentation.
Toutes les filières agricoles auront donc à cur, jusqu'au 5 mars, d'informer les visiteurs sur leur politique de traçabilité et de sécurité alimentaire, de répondre aux sujets sensibles et de rétablir la confiance des consommateurs vis-à-vis de l'agriculture.
Une étude du Credoc affirme "qu'un Français sur deux s'estime encore mal informé sur la qualité des produits alimentaires". Plus de 80 % des Français vérifient sur les étiquettes la date limite de consommation des produits frais, mais 50 % jugent que les précisions, sur les fruits et les légumes, sur le poisson frais et sur la charcuterie à la coupe, sont insuffisantes. Savent-ils cependant que le poisson frais et la charcuterie à la coupe ne poussent pas dans les champs ?
1 330 animaux participeront à différents concours organisés dans le cadre du 111e Concours agricole. 115 bovins seront mis en scène. Mais ces pauvres bêtes seront moins en vedette que les 10 candidats annoncés par l'AFP le 23 février à 19 h 48 : après M. Chirac, vedette traditionnelle de l'événement et qui a inauguré le salon le 24 février, aux applaudissements des "étudiants avec Chirac", étaient officiellement attendus : M. Bayrou, M. Chevènement, M. Hue, Mme Lepage, M. Madelin, M. Mamère, M. Mégret, M. Saint-Josse et Mme Taubira. La grande inconnue était la date de la visite de M. Jospin. C'était évidemment un "suspense" poignant.
Mais les derniers agriculteurs de notre pays (environ 600 000 exploitants), et surtout les éleveurs bovins encore très affectés par la crise de la vache folle, n'attendent plus désormais, nous dit-on, grand-chose des hommes de l'État. Ils ont bien raison.
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