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COURRIER DES LIBERTÉS SOCIALES
LUNDI 4 MARS 2002
LES RÉFORMES NÉCESSAIRES SONT TOUJOURS POSSIBLES
À condition de les vouloir vraiment
M. Nicolas Sarkozy (1), d'une part, Mme Nicole Notat (2), d'autre part, viennent de souligner combien la France a besoin de deux grandes réformes, celle de la fiscalité pour le premier, celle des retraites par répartition pour la seconde.
Consacrant depuis 1991 notre chronique sociale et économique à un tel point de vue, nous n'allons pas, soudain, ironiser sur sa découverte sous prétexte de nos interrogations quant à la crédibilité réformatrice du RPR ou des bureaucraties syndicales.
Dans nos archives 1er.3 Prendre au sérieux les promesses électorales ?
21.2 La Démagogie va-t-elle soudain changer de camp ?
1er 2 : Retournement bouleversant !
3.1 La réforme fiscale allemande...
Nous avons hélas la faiblesse de considérer que la France chiraco-jospinienne, en cet an de grâce 2002, connaît une sorte de stagnation. Et nous osons la comparer à ce que fut la société brejnevienne, 20 ans plus tôt, en Union Soviétique.
Nous sommes donc de ceux qui souhaitent, en France, voir émerger une réforme libératrice de nature à empêcher ce pays de disparaître. Car il peut disparaître, s'engloutir ou s'auto-détruire selon divers scénarios catastrophiques parfaitement plausibles. Nous aurions donc tout avantage à réfléchir aux difficultés qu'ont rencontré, depuis 1985, les réformateurs en Russie.
L'un des proches témoins de Gorbatchev fut M. Andréï Gratchev, son assistant au secrétariat général du parti et au Kremlin, demeuré fidèle à son amitié. Il a écrit un livre, traduit en français sous le titre "Le Mystère Gorbatchev" (3). Le sous-titre est plus poétique : "La Terre et le Destin". Il y propose diverses clefs d'explication fort éclairantes quant aux raisons de l'échec de la perestroïka. En particulier, outre les traits de caractères qui rendent l'homme probablement estimable, humain, sympathique, mais peu apte à être le grand réformateur dont son pays avait, et a encore, besoin, il évoque la persistance de son imprégnation idéologique. Gorby était demeuré, et il demeure encore aujourd'hui, lui dont M. Jospin a revendiqué le parrainage pour sa propre campagne présidentielle française, un admirateur, un lecteur et même un disciple se voulant toujours fidèle à Lénine. Formé jusqu'en 1953 dans le stalinisme, puis admirateur de Khrouchtchev à partir de 1956, cet homme est demeuré en face du dilemme suivant : détruire toute l'uvre concrète de Lénine, non seulement en sollicitant des citations tardives ou paradoxales du même Lénine, mais encore en lisant et en relisant ses écrits afin de travailler fidèlement dans l'illusion de retrouver vraiment la lumière léniniste.
Une telle voie ne pouvait aboutir qu'à un échec. Et quelle que puisse être l'explication détaillée du mystérieux putsch de 1991, celui-ci fut la sanction de cet échec, conduisant l'Union soviétique à l'explosion, et la Russie aux années chaotiques de la présidence Eltsine.
Si nous transposons dans l'actualité française les leçons de l'expérience postsoviétique nous dirions donc qu'on peut difficilement envisager de sortir de nos systèmes monopolistes, technocratiques, et finalement, même en France, collectivistes, sans recourir à des forces extérieures à ces systèmes.
Mme Notat et la fraction réformiste de la CFDT demandent aux hommes politiques "qu'ils éclairent un peu plus le jeu sur la manière dont ils entendent fonder la réforme de notre système par répartition".
M. Sarkozy et la fraction réformatrice du RPR jugent "très possible une baisse d'un 1/3 des impôts sur 5 ans".
Toutes ces phrases en demi teintes en disent à la fois trop ou trop peu. Elles laissent l'opinion perplexe et sceptique au lieu de la convaincre, et pourtant elles sont dramatiquement fondées.
M. Sarkozy a certes raison de dire que la question des effectifs de la Fonction publique est centrale puisque la masse des traitements et pensions des fonctionnaires absorbe 47 % des dépenses budgétaires.
Mais, dans un pays où 27 % de l'emploi dépend du secteur public, et où 85 % des hommes politiques sont fonctionnaires, on ne sortira de l'impasse qu'en s'appuyant sur un vigoureux mouvement d'opinion, à la fois enraciné dans le peuple et fondé sur un programme précis, chirurgical, pertinent et dont les dirigeants seront vraiment fiables et crédibles en tant que Réformateurs.
JG Malliarakis
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(1) sur TF1 le 3 mars.
(2) dans une déclaration du Bureau national CFDT le 2 mars.
(3) Éditions du Rocher.
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