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COURRIER DES LIBERTÉS SOCIALES

LUNDI 18 MARS 2002

LES DEUX DUPONDT À BARCELONE

Je dirai même plus…

Comme cela était hélas à prévoir, car ce n'est pas une nouveauté, MM. Chirac et Jospin sont allés ridiculiser la France à la réunion du Conseil européen de Barcelone du 16 mars. (1)

Leur dualité consternante n'avait d'égale que leur parallélisme désopilant. Les jours précédents, Dupond s'opposait à peine à Dupont. On sentait bien que c'était pour la galerie. Ils se sont réconciliés, sans doute au nom de la patrie, face à la conspiration des Européens. Je dirai même plus : ils se sont réconciliés.

Or, on n'insiste pas assez sur le fond de cette querelle entre "la France", ou plutôt les deux Dupondt, et l'entente des autres Européens désireux d'assurer la libre circulation des prestations énergétiques sur notre continent.

En 2007, il est d'ores et déjà acquis que, dans 11 pays européens sur 15, le marché de l'électricité sera totalement libre, y compris pour les abonnés individuels.

La France, représentée par les deux Dupondt, a freiné pour réserver cette obligation au bénéfice des seules entreprises, ce qui représentera quand même dans 2 ou 3 ans, plus de 60 % du marché potentiel. Mais étrangement, puisqu'on se veut "de gauche", le consommateur familial français sera privé de cette liberté dans notre pays. C'est ce que nous appelons en France, par un sens aigu de l'antiphrase, culture du service public et principe d'égalité. Il faut que ce service demeure le plus longtemps possible d'esprit et de pratique monopolistiques.

En Allemagne, par exemple, pays central de la construction européenne, et où il serait osé de soutenir que "l'ultra libéralisme" y imposerait ses "dogmes", le marché de l'électricité est entièrement libéralisé et plus de 800 fournisseurs privés et concurrentiels y proposent leurs tarifs. Malgré les rigidités techniques évidentes des changements de contrats, l'effet principal immédiat et durable est que le prix de l'électricité domestique ou industrielle a tendance à la baisse. Ceci est évidemment bénéfique pour les familles et pour le peuple réel. Or, cela intervient dans un pays où de fortes pressions antinucléaires auraient, au contraire, pour effet naturel à faire tendre ces prix à la hausse.

Précisons que, parmi les producteurs privés allemands les plus activement présents sur le marché de l'électricité et commercialement les plus dynamiques, figure l'entreprise régionale du Bade-Wurtemberg EnBW, dans laquelle l'entreprise de l'État français EDF a pris une participation dominante : cette étrangeté juridique fait l'objet de protestations régulières du gouvernement allemand, puisque la réciproque n'existe pas dans l'Hexagone.

L'enjeu du maintien du monopole EDF en France n'est donc absolument pas le service public et, encore moins, la qualité du courant électrique fourni par cette entreprise d'État.

L'enjeu réside dans le fait que la France produit une énergie électrique relativement bon marché en prix de revient par rapport au marché européen. Cela résulte en fait du taux dit "Péon", pourcentage d'électricité d'origine nucléaire, le plus élevé d'Europe, non pas du fait des deux Dupondt, mais en raison des choix industriels opérés dans les années 1960 et contre lesquels en France, comme ailleurs, se sont toujours dressés les écolos (2). De la sorte, EDF tend à dégager une énorme marge brute d'autofinancement. Celle-ci se trouve partagée entre la direction technocratique qui fait joujou à investir à l'international, sur des marchés concurrentiels, le personnel à statut hyper privilégié et le comité d'entreprise géré par la CGT.

C'est pourquoi la CGT française constituait à Barcelone le plus gros bataillon de manifestants, aux côtés de toute la lie gauchiste et trotskiste européenne, ainsi que des sympathisants des terroristes de l'ETA, ligués contre ce qu'ils appellent la "mondialisation libérale".

Les deux Dupondt ne sont donc pas seulement des pitres. Ce sont explicitement les complices des voyous, des staliniens, des terroristes et de la CGT. En déclarant qu'il "n'est évidemment pas question de privatiser EDF, l'une des plus belles entreprises d'électricité du monde, peut-être la plus belle" (3) le chef de l'État français a clairement dit dans quel camp il se situait. Les pays et les peuples européens épris de liberté et de progrès s'y trompent de moins en moins.

JG Malliarakis

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(1) Soulignons encore une fois que, seule en Europe, la république française est affublée d'une pareille Constitution, mal rédigée et bancale, complètement inadaptée sur le plan des relations internationales et particulièrement dans le cadre des institutions européennes. Le président français est le seul "chef d'État" accompagnant son premier ministre à la réunion du Conseil européen des "chefs d'États et de gouvernement".

(2) il y a une vingtaine d'années l'auteur des "Discours pour la France à l'heure du choix", — discours lus à diverses tribunes par un homme politique corrézien nommé Chirac mais rédigés par (ce qu'on appelle en littérature) un "nègre", — accusait explicitement les dits écolos d'être "financés par les multinationales du Pétrole". Allons, ces choses-là n'existent pas.

(3) le 14 mars sur RTL.

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