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COURRIER DES LIBERTÉS SOCIALES

JEUDI 21 MARS 2002

LA LIBERTÉ EN EUROPE FACE À SES ENNEMIS

(À g.) L'économiste et juriste italien Marco Biagi, assassiné par les communistes ce 19 mars.

(À d.) Son dernier éditorial dans Il Sole du 19 mars.

"Celui qui reste fidèle à ma vérité ne verra jamais la mort" Jn 8,51

On se doit ici de rendre hommage à l'économiste libéral italien Marco Biagi assassiné par les communistes ce 19 mars, crime que nous n'avons appris qu'avec 24 heures de retard.

Depuis qu'elles n'existent plus, à ce qu'on nous assure, les Brigades Rouges, appareil clandestin du parti communiste italien, — dont la façade respectable a été rebaptisée parti démocratique de gauche (1) — ont assassiné 4 économistes :

• En 1985 le professeur Tarantelli

• En 1988, le professeur Roberto Rufilli

• En 1999, Massimo D'Antona 3 victime, a été assassiné, d'après l'expertise balistique du RIS (2) par la même arme que Marco Biagi.

Celui-ci rentrait à son domicile de Bologne après avoir donné ses cours de Droit à l'université de Modène.

Marco Biagi, âgé de 52 ans, marié, père de 2 enfants, était consultant au ministère du Travail. Sous l'appellation de "Welfare" (3) ce ministère a été confié par la coalition actuellement majoritaire à M. Roberto Maroni, ouvertement libéral et fédéraliste. Ce réformateur radical ne cache pas ses intentions et les met résolument en œuvre. Il s'agit pour lui, dans le cadre de la politique de Silvio Berlusconi, appuyée par la majorité du peuple italien de redresser ce pays et de faire notamment sortir le Mezzogiorno de cette lamentable relation d'assistanat Nord/Sud qui empoisonne la vie nationale (4).

Marco Biagi partageait une préoccupation essentielle du gouvernement de Rome : réduire le chômage, en augmentant le taux d'activité. Il était donc, comme l'est le travailliste Antoine Blair en Angleterre, un partisan de la flexibilité. Rappelons que depuis 10 ans, depuis 1992 où pratiquement le taux de chômage était identique en France et au Royaume-Uni, la politique britannique de flexibilité a abaissé le taux de chômage Outre-Manche au niveau le plus bas du monde.

C'est donc cet exemple que, démocratiquement, le peuple espagnol a choisi d'adopter avec Jose-Maria Aznar, suivi, en toute connaissance de cause, du peuple italien avec Silvio Berlusconi, et, enfin, depuis quelques jours, du peuple portugais.

Libre sans doute au peuple français de vouloir demeurer à l'un des taux de chômage les plus élevés d'Europe et du monde industriel, grâce à nos lois Auroux, suivies de nos plans Juppé, appliqués par nos ordonnances Barrot, relayées par les 35 heures de Mme Aubry.

Mais libre aussi aux Italiens de choisir démocratiquement la voie de l'économie de liberté, du travail, de l'entreprise et du progrès.

Or, c'est précisément cette liberté que les assassins révolutionnaires communistes s'intitulant Brigades rouges ont voulu égorger.

Le philosophe nominaliste libéral Karl Popper a cru pouvoir faire remonter jusqu'à Platon (5) les origines des doctrines d'oppression. C'est faire, je crois, beaucoup d'honneur aux utopistes totalitaires, et c'est avoir comme eux pas ou très mal lu Platon. C'est, au mieux ou au pire, l'avoir lu sans référence à son époque, sans enracinement dans sa culture (6).

Les ennemis modernes et contemporains de la Liberté ont, en effet, une filiation bien claire : elle remonte à Marx, et par lui à Fichte et Hegel, mais aussi bien évidemment à la Révolution jacobine que nous appelons "française". Cela est intellectuellement probable et suffisant.

Car les ennemis de la liberté se font connaître sans fard. Ils se sont illustrés clairement autour du 16 mars à Barcelone avant d'assassiner le professeur Marco Biagi à Bologne le 19.

Il est intéressant à ce sujet de se reporter au dernier article ("Qui freine la réforme est contre l'Europe") publié par Marco Biagi en éditorial du grand quotidien économique italien "Il Sole 24 Ore" le jour même de sa mort. Il y critiquait ceux qui, s'opposant à la libéralisation du marché du travail, entravent la marche vers une Europe des libertés. Car ils œuvrent — en fait sinon en intention — pour maintenir en dehors de l'emploi des centaines de milliers d'Européens captifs de chacun de nos grands pays affublés de vielles machines bureaucratiques d'État.

Hélas, les adversaires de la liberté, les complices des assassins rouges, ne sont pas seulement les quelques dizaines de milliers de naïfs cégétistes et gauchistes. Ceux-là étaient rassemblées dans les rues au nom de l'anti-mondialisation.

Ce sont aussi, et "Il Sole" nous le rappelait avec les propos de Mario Monti en première page, tous ceux qui défendent les privilèges et les pratiques monopolistes d'EDF en France. Ceux-ci siègent jusque dans les conseils européens.

Dois-je donc rappeler que ce sont aussi les deux ou trois énarques français qui font mine de s'opposer dans la campagne présidentielle ?

Il est des jours où l'on a honte d'être un contribuable français.

JG Malliarakis

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(1) Le sigle des "ex", ou "post", communistes italiens "PDS", = parti démocratique "sinistre", est identique à celui de leurs homologues allemands du "PDS", plus ouvertement stalinien mais déjà associé au SPD du chancelier Schröder dans le gouvernement de deux Länder dont celui de Berlin.

(2) Service de police scientifique des carabiniers italiens.

(3) En français, nous appelons cela quelque chose comme "ministère de l'Emploi, de la Solidarité, du Travail, de la Santé et de la Sécurité sociale".

(4) Elle dure en Italie depuis le temps de l'unification et du "Guépard". Manifestement on cherche (cf. la conférence de Monterray dont nous parlerons demain dans notre bulletin daté du 22 mars) à en étendre la culture au monde entier.

(5) Dans son œuvre monumentale "La Société ouverte et ses ennemis".

(6) On consultera au besoin à ce sujet "Les Grands Sophistes dans l'Athènes de Périclès" (Éditions de Fallois, 1988) de Jacqueline de Romilly. Aristote, dépassant lui-même son immense prédécesseur disait de Platon que "les esprits médiocres n'ont même pas le droit d'en dire du bien".

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