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COURRIER DES LIBERTÉS SOCIALES

JEUDI 28 MARS 2002

L'ENJEU DE LA CRISE POLITIQUE ITALIENNE

De gauche à droite : Gianfranco Fini, Silvio Berlusconi, Roberto Maroni

"Nous sommes au gouvernement, non pour surnager au fil de l'eau, ni pour expédier les affaires courantes, mais pour gouverner l'Italie".

Nos lecteurs ne seront pas surpris de nous voir "soutenir l'actuel gouvernement italien"…

Le gouvernement italien se trouve actuellement en butte aux assauts des bureaucraties syndicales et, très secondairement, à une cabale d'intellectuels germanopratins.

Sur le plan institutionnel la première question est, en effet, de savoir si

le lâche assassinat, le 19 mars, par les Brigades Rouges, d'un économiste consultant du ministère du Travail, le professeur Marco Biagi,

suivi, le 23 mars, d'une mobilisation de type cégétiste,

puis, le 26 mars, d'une rupture de la négociation entre le ministre italien du Travail M. Roberto Maroni et les centrales syndicales emmenées par la CGIL,

et de l'annonce d'une grève générale prévue le 16 avril,

peut avoir raison du suffrage universel du peuple italien qui s'est exprimé très clairement en 2001, sanctionnant la faillite de la coalition au pouvoir, dite de "L'Olivier", coagulation réalisée autour des anciens communistes.

Le président de la République italienne, le technocrate Carlo Azeglio Ciampi, a cru pouvoir proclamer cette constatation ambivalente à propos de la mobilisation syndicale du 23 : "La manifestation, quand elle se déroule pacifiquement, est le sel de la démocratie".

Littéralement, cela ne veut rien dire. Sel éventuel, ou piment rouge, de la cuisine démocratique, elle n'en est certainement pas le principal ingrédient. La manifestation est un droit reconnu. Mais si, minoritaire, elle a pour seule vocation d'intimider la majorité silencieuse du peuple, elle se prive elle-même de sa légitimité.

Silvio Berlusconi l'a très clairement fait comprendre dans sa conférence de presse du 25 mars. Tout d'abord il a rappelé : "Nous sommes au gouvernement, non pour surnager au fil de l'eau, ni pour expédier les affaires courantes, mais pour gouverner l'Italie, en accomplissant cette réforme libérale que j'ai eu l'occasion d'appeler une pacifique révolution libérale." (1)

Cela est assez clair, et il a précisé : "Nous résisterons à la pression de la Rue et des Brigades Rouges".

Sans s'attarder trop longtemps sur les sondages, il est cependant à remarquer que le peuple italien avait voté en 2001 à 49,5 % en faveur de la Maison des libertés, coalition du centre et de la droite, et que le dernier sondage Datamedia crédite aujourd'hui la coalition gouvernementale de 55,1 % contre 33,9 % seulement à ses adversaires, lesquels ont perdu 10 points par rapport au dernier scrutin. L'an dernier, l'ensemble des forces de gauche et d'extrême gauche avait obtenu 44 % des voix. La défaite les a divisées, et leurs chamailleries ont de quoi nous consoler de celles de la droite française.

Silvio Berlusconi ramène donc à de plus justes proportions la conjonction de ses adversaires.

Ce que nous appelons en français "la rue", se dit en italien "piazza". C'est une image plus statique. On pense ici à ces chœurs d'opéra chantant sur scène "marchons, marchons", et demeurant sur place.

Ils étaient 700 000, pas un de plus, sur les magnifiques places printanières de la Péninsule. Ils suivaient la CGIL, grande sœur latine de notre CGT, appuyée, au milieu des forêts de drapeaux rouges, par les directions des deux petits homologues locaux de Force Ouvrière. Ils ne constituaient en aucun cas la majorité du peuple italien.

Voilà l'exacte vérité.

Le président du Conseil a, d'autre part, qualifié ceux qui crient au "régime fasciste", "d'intellectuels clowns". C'est un commentaire.

Celui du ministre italien de la défense est techniquement plus précis. Le 24 mars, M. Martino déclarait : "La manifestation de la CGIL représente un danger considérable pour les libres institutions de notre démocratie, car cette centrale syndicale outrepasse son rôle. Empêchant l'exécutif légitimement élu de gouverner le pays, elle tend à menacer l'ordre constitutionnel. Tôt ou tard, il va nous falloir rétablir le sens de la légalité constitutionnelle".

Ce rappel semble d'autant plus justifié, à la lecture des statistiques objectives de l'emploi en Italie.

Au cours de l'année 2001, en effet, alors que le gouvernement actuel n'a pu entreprendre son action qu'au milieu de l'année, et alors que, d'autre part, la conjoncture mondiale a été mauvaise dans l'ensemble du monde industriel, le chômage a reculé en Italie, du fait de 371 000 créations nettes d'emplois (3). — Ceci est à comparer avec la France où le chômage a augmenté, au cours de la même année, pendant 12 mois consécutifs.

L'enjeu de la crise italienne, c'est ce que représente le gouvernement à l'œuvre actuellement à Rome, appuyé sur une large majorité démocratique, c'est à la fois l'ordre et la loi, le travail et la prospérité du pays.

C'est exactement la base des Libertés sociales.

JG Malliarakis

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(1) cf. La Repubblica 26 mars

(2) cf. La Sicilia 25 mars

(3) Données de l'Istat cf. Il Sole-24-Ore 27 mars