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COURRIER DES LIBERTÉS SOCIALES
MARDI 2 AVRIL 2002
LES SONDAGES DE BASSES EAUX
Chirac + Jospin ont encore perdu à eux deux 3,5 points depuis le début de leur campagne. Ces sondages de basses eaux accusent une crise de l'établissement politique et des institutions de la France.
À l'heure où ces lignes sont écrites, à 3 semaines du scrutin, bien des incertitudes demeurent encore. Le candidat de la droite libérale semble au-dessous de 5 % dans les sondages et nous ne savons même si la droite nationale sera présente dans la compétition alors que les suffrages potentiels de ses divers candidats additionnés représenteraient entre 15 et 20 % selon les diverses études des instituts d'opinion.
Dans nos archives
13.3 Enjeux sociaux autour de l'Emploi
18.3 Les Deux Dupondt à Barcelone
5.3. Non M. Jospin vous n'๋tes pas bien différent de M. Chirac
1er.3 Prendre au sérieux les promesses électorales
28.2 Le Marché politique de l'insécurité urbaine
19.2 L'Outremer enjeu du scrutin présidentiel
15.1 La Tentation de Saint Josse
13.2 Présidentielle ou pas présidentielle
Nous recevons d'ailleurs de ces mêmes organismes, des signaux souvent contradictoires. 3 ont été publiés encore, pendant les Fêtes de Pâques (1). Et dire que cela risque de durer encore plusieurs longues semaines jusqu'au 2nd tour ! Voilà le soupir que poussent les Français réels et productifs, totalement indifférents à l'idée de savoir qui sera leur First Lady ou leur Reine Mère.
Ce sentiment profond nous nous en faisons l'écho depuis des mois. Son évidence devrait désormais préoccuper tous les analystes de notre démocratie, tant il est lisible, jour après jour dans les sondages de basses eaux.
Par exemple les études publiées dans les dernières 48 heures par Libération et par le Journal du Dimanche confirment le très petit écart prévisionnel entre Chirac et Jospin au 2nd tour, à peine 1 ou 2 points d'écart, momentanément en faveur du chef du gouvernement (2). ce qu'il faut surtout retenir c'est le score absolument dérisoire des 2 hommes, ensemble et séparément au 1er tour. On en est désormais à 21 pour Chirac et 20,5 pour Jospin, avec la même dispersion en courbe de Gauss dans les deux camps. Comparativement à la même distance du 1er tour, Giscard pourtant largement discrédité en avril 1981 était à 29 %. L'an dernier, avant même d'être candidat Chirac pouvait escompter 25 % de voix. Quant à Jospin il n'avait cessé d'osciller entre 22 et 28 %. La somme Chirac + Jospin en est à 41,5 contre 45 il y a quelques semaines ; leurs misérables campagnes leur ont fait perdre 3,5 points à eux deux.
M. Stéphane Rozès président de l'institut de sondages CSA résume ainsi la situation : "C'est la première fois que nous avons un pourcentage aussi extraordinairement bas pour les deux cohabitants". (3)
Ajoutons pour notre part que
D'une part, la somme des deux chiffres est à peine supérieure aux intentions de vote en faveur du seul Mitterrand en 1988 qui recueillait 37 % au même stade de la campagne, c'est-à-dire 3 semaines avant le 1er tour.
D'autre part que ces % ne tiennent aucun compte d'une projection des taux d'abstention et de vote blanc que l'on peut prévoir fort élevés.
On en est au stade où toute initiative "communicante" des gens de l'établissement se retourne globalement contre la classe politique. La participation mimétique à des hommages conventionnels tel celui de Nanterre, ou à des protestations purement cosmétiques contre les actes de racisme, ne risque pas de renforcer la crédibilité de nos énarques.
N'est-il pas significatif que les différentes campagnes soient centrées sur des questions, certes importantes pour la vie de tous les jours des Français réels et productifs, comme la fiscalité ou la sécurité des personnes et des biens. Ces questions, en fait comme en droit, n'entrent pas dans les attributions constitutionnelles de la fonction présidentielle. Le rôle prééminent du chef de l'État porte sur les affaires militaires ou internationales : ces sphères, éminemment régaliennes pourtant, demeurent totalement absentes du débat (4).
Il y a donc bel et bien crise de la crédibilité de la classe politique et des institutions de la France. Les basses eaux des sondages pourraient bien être annonciatrices de tempête.
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- Réalisés les 27 et 28 mars, aucun de ces sondages ne tient compte d'une information, qui doit être absolument "décisive" puisque l'AFP l'a diffusée en bonne place le 31 mars (et non le 1er avril comme je l'avais d'abord cru) : "Jacques Chirac et Bernadette son épouse sont allés à la messe de dimanche de Pâques en l'église Saint-Gervais, près de l'hôtel de Ville à Paris." L'agence monopoliste ajoute : "Pendant ce temps, Lionel Jospin et sa femme, Sylviane Agacinski, faisaient campagne en Guadeloupe et en Martinique". Car une campagne électorale se compose de multiples détails dérisoires, auxquels les communicants vaseux attachent une importance fondamentale, car ils composent "l'image". Ici l'image d'un couple présidentiel varie puisque Mme Jospin porte son nom de jeune fille, Mme Chirac n'a qu'un prénom. L'une est "l'épouse", l'autre est "la femme"
- Une nouveau sondage publié ce matin donne 51 % au chef de l'État Suspense !!!
- Cité par Libération (1er avril)
- Et pourtant la situation de la France dans ces domaines, régaliens par excellence, n'a jamais été aussi compromise.
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