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COURRIER DES LIBERTÉS SOCIALES

JEUDI 4 AVRIL 2002

LE CHARME DISCRET DU PROGRAMME JOSPINIEN

Allégorie de la séduction d'une jeune femme par un homme tout de rouge vêtu…

On saura avec exactitude ce soir, des 17 candidats annoncés comme ayant déposé leurs 500 signatures de maires, combien le Conseil constitutionnel en retient finalement comme valides. Mais comme chacun le sait, ce n'est pas le peuple qui décide, ce sont les médiats. Ce qui compte ce n'est pas le dépouillement officiel des bulletins de vote, ce sont les sondages.

En ce moment, on nous annonce Jospin gagnant au soir du 2nd tour, avec un crédit sondagier de 52 %, et c'est à peine si la formalité du 1er tour préoccupe les journalistes. Et du reste, si Jospin ne l'emportait pas, si donc on privait le parti philosophique de la présidence de Mme Agacinski, le parti philosophique, si puissant en France depuis Mme de Pompadour, se vengerait sur l'usurpateur, et imposerait quoiqu'il arrive son programme.

Or, nous ne prêtons pas assez d'attention au programme Jospin. Nous le croyons aussi peu crédible que son adversaire est peu fiable.

Peut-être est-ce manquer de psychologie. La tête du vizir Jospin avait déjà tendance à enfler. Celle du calife Lionel Ier risque de se révéler trop grosse pour ceindre demain une couronne royale. Ce bon élève si modeste, n'ayant reçu du calvinisme que sa teinture moralisatrice et sa caricature de sérieux (1), risque fort de prendre lui-même au sérieux ses promesses électorales.

Ah ! Le candidat du parti communiste, rongé par l'aigreur de ses misérables sondages trouve le premier ministre "trop libéral" (2). Le Secrétaire général de la CGT, le camarade Thibault a exprimé ses "insatisfactions" et ses "réserves croissantes". (3) Mais sommes-nous donc obligés de mesurer l'attachement aux libertés sur le mètre étalon du pavillon Maurice-Thorez à Montreuil ? Le fait de s'exposer aux critiques de l'Humanité est évidemment nécessaire, mais il n'est pas suffisant. Ce n'est pas le tout d'avoir à son actif quelques petites phrases sarcastiques des staliniens, encore faut-il les avoir méritées.

Le quotidien de la pensée unique, Le Monde, lui, penche évidemment pour Jospin. Et Le Monde trouve totalement aberrante l'idée, d'affirmation récente chez M. Chirac, selon laquelle il faut coûte que coûte réduire les impôts en France, quitte dans un premier temps à laisser filer provisoirement un peu plus les déficits publics.

Avouons que ce qui semble aberrant ce n'est pas cette idée, à laquelle souscrit tout économiste de bon sens, c'est, au contraire, le fait qu'on ne l'ait pas mise en application en 1995. Et si on ne s'y est pas employé alors, la faute en revient principalement à M. Juppé, secondairement à quelques ânes bâtés comme M. Trichet et tous les maniaques du "franc fort".

Aujourd'hui, mieux vaudrait, mieux vaudra dans les mois à venir, un euro "faible" qu'un euro "moyen". Et ce qui devrait réconcilier avec la monnaie unique les plus acharnés de nos "euro-sceptiques", c'est que la perspective d'un euro "fort" semble exclue pour une période heureusement indéterminée : si en février 2002, pour la première fois de l'Histoire, les exportations chinoises ont dépassé les exportations françaises, ce n'est certainement pas du fait d'un "yuan fort".

Faudra-t-il alors se féliciter de ce que l'application du programme jospinien plomberait encore plus l'euro ?

Ce serait évidemment pousser le paradoxe un peu loin et nous n'irons pas jusque-là. En vérité ce n'est pas le cours l'euro qui pâtirait de ce programme. Ce serait, au contraire, du fait de la crédibilité de son application, non seulement l'économie, mais toute la société française.

JG Malliarakis
© L'Insolent

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  1. Pierre Daninos disait : "Les gens graves ne sont jamais sérieux".
  2. M. Jospin a pourtant clairement rappelé le 27 mars sur Europe N° 1 : "Je ne suis pas un libéral au sens économique."
  3. Dans le Rapport annuel 2002 de la CGT sur la situation économique et sociale intitulé "Le Choix du vrai plein emploi" diffusé le 3 avril.