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COURRIER DES LIBERTÉS SOCIALES

MERCREDI 17 AVRIL 2002

UNE SORTE D'INCRÉDULITÉ

Au lendemain de présidentielles fort ennuyeuses, l'enjeu des législatives sera la lutte pour la Liberté : la lutte contre le socialisme le fiscalisme et l'étatisme.

On a beau avoir ressenti, de longue date, et même couché par écrit la logique d'un événement futur, lorsque l'hypothèse s'en confirme et, dès lors que l'échéance s'en rapproche, on éprouve une sorte d'incrédulité au passage de l'abstrait au concret.

Depuis 1999, cette chronique s'autorise à développer la critique conjointe de ce que représentent aussi bien M. Chirac que M. Jospin. Depuis 2 ans, on observe avec gourmandise les signes non seulement de l'affaiblissement de l'un ou de l'autre des deux énarques mais surtout de l'effondrement de la représentativité de la somme des deux dans les intentions de vote.

On en était ainsi à 42 puis 40,5 % il y a 10 jours. Cela semblait les basses eaux. Le 16 au matin un sondage (1) les crédite de 36,5 %. Ne disons pas que cela viendrait de la campagne des petits concurrents eux-mêmes, car cette campagne est très terne. De plus, aussi bien Chirac que Jospin ne bénéficient pas significativement d'un vrai noyau de partisans au sein de leurs 20 % et 16,5 % respectifs. Or, ce sont ces noyaux, ces "leaders d'opinion", c'est le zèle de militants qui assure la propagation de l'idée (2).

Sans donc arriver à croire qu'au soir du 1er tour MM. Chirac + Jospin additionnés obtiennent un taux véritablement aussi misérable de 36 %, on se contentera d'observer que 40 % des voix combinées avec 40 % d'abstentions et 10 % de votes blancs et nuls, cela créditerait en somme les deux candidats caractéristiques du système, à eux deux, de quelque 22 % des inscrits…

Au-dessous de 20 %, soit quelque 10 % pour le vainqueur du 2nd tour, comment parler d'un "président de tous les Français". À ce niveau de non-représentativité, le système explose : la Constitution est à reconstruire sur des bases plus naturelles et plus raisonnables. Or, les Français semblent bien en avoir soupé du régime bonapartiste et plébiscitaire (3) Mais rien ne semble encore marquer un vrai reflux du socialisme (indépendamment du "parti socialiste"), un vrai reflux du fiscalisme, un vrai reflux de l'étatisme culturel français.

Au lendemain du second tour, et quel qu'en soit le résultat, la France sera donc encore confrontée à la nécessité de lutter sur ces trois terrains.

Ceci constituera à l'évidence, l'enjeu réel du scrutin législatif de juin. On doit hélas redouter que pendant les semaines qui sépareront le vote d'avril de lui de juin, lequel désignera l'Assemblée Nationale, les adversaires du socialisme, du fiscalisme et de l'étatisme, consacreront plus de temps et d'énergie, pour ne pas parler de talent, à se déchirer entre eux, qu'à combattre vraiment leurs adversaires.

Il est également vrai que la "droite" s'emploiera certainement à noyer le poisson et à déplacer l'enjeu, à nier même les règles du jeu (4).

La règle du jeu de l'avenir sera pourtant simple pour les partisans des Libertés sociales : tout homme politique ne s'engageant pas, de manière crédible, à réduire les prélèvements obligatoires imposés à notre pays méritera (5), et mérite d'ores et déjà, d'être récusé et recraché comme un noyau de cerise par le peuple français. Si cela n'est peut-être pas en mesure de prévaloir immédiatement ce printemps, cela s'imposera nécessairement dans les années dans les années à venir.

JG Malliarakis
© L'Insolent
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  1. Publié le 16 par l'Express, sur la base d'une étude IFOP réalisée les 12 et 13 avril.
  2. Ou bien c'est le repoussoir : ainsi les caricatures d'extrême gauche ou les bavures des "jeunes" font, elles aussi, avancer les scores de candidats auxquels il n'est même pas besoin de donner la parole !
  3. Quoique dans les programmes de certains adversaires, ou simples concurrents, du couple Chirac + Jospin, on trouve encore des traces de nostalgie pour ce système.
  4. Ceci tout particulièrement sous la conduite et l'influence de M. Juppé, tout simplement dans la mesure où ce chef de la droite demeure pétri dans toute sa démarche personnelle impénitente de socialisme, de fiscalisme et d'étatisme.
  5. La structure de ces prélèvements est inchangée depuis l'époque de notre chronique du 6 février 1998. Ses effets sur l'emploi n'ont guère varié depuis notre chronique du 31 juin 1996 (31.6.96 Hausse du multiplicateur de cot salarial ) et nos chroniques du 26 février 1996 (26.2.96 Les Prélvements, l'Entrepreneur ... et l'Emploi ) ou du 21 septembre 1994 (21.9.94 Une Bonne Équation pour M. Giscard d'Estaing)

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