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COURRIER DES LIBERTÉS SOCIALES
JEUDI 18 AVRIL 2002
SILVIO BERLUSCONI N'A JUSQU'ICI JAMAIS CAPITULÉ DEVANT LES DRAPEAUX ROUGES
La majorité du peuple italien ne se reconnaît pas dans les drapeaux rouges des dinosaures syndicaux.
Peut-être, les gens des Brigades rouges, aussi bien les assassins directs du professeur Marco Biagi que leurs inspirateurs, doivent-ils considérer qu'ils ont obtenu une grande victoire par la grève générale du 16 avril, bloquant presque toute l'Italie.
Leurs amis des médiats français le croient et ils en propagent la certitude.
Dans nos archives : 29.3 Mort et résurrection des assassins rouges
Selon les régions, selon les corporations, les 3 centrales syndicales sont parvenues à arrêter l'activité semble-t-il (1) : à 75 % pour les services publics en Venétie, à 88 % pour les transports en commun dans le Latium ou à 90 % pour l'activité industrielle de Campanie et de Sicile, etc. En revanche on notera que Turin n'était en grève qu'à 42 % et Milan à 40 %. Cela nous montre assez clairement que ceux qui nourrissent l'Italie ne réagissent pas tout à fait comme les assistés.
Ceci est d'autant plus frappant qu'une telle mobilisation, prévue depuis des semaines en vue d'une journée de grève nationale a produit quelque chose comme une journée du 15 août (2). Il n'est cependant pas établi que les millions de voitures recensées sur les routes en cette circonstance, constituent un signe bien fiable de l'adhésion des Européens au dogme de l'Immaculée Conception.
Oui les drapeaux rouges étaient dans les rues de toutes les grandes villes de la Péninsule. Les 3 principales centrales syndicales italiennes sont :
La CGIL post communiste dirigée par Cofferati ;
La CISL d'obédience centriste dirigée par Savino Pezzotta ;
L'UIL scission sociale démocrate remontant à 1952, actuellement dirigée par Luigi Angeletti.
Elles ne forment qu'un front de façade. Et ce front commun n'a été créé que pour mieux se disloquer, comme il l'avait fait au lendemain des manifestations du 23 mars où, finalement, au lieu des 3 millions de manifestants annoncés par la CGIL, seulement 700 000 avaient été précisément recensés dans les rues.
L'important est qu'en face Silvio Berlusconi se sache fort de l'appui de 55 % de l'électorat italien, et de l'obligation pour les centrales de venir désormais négocier.
La pierre d'achoppement de la réforme du marché du travail c'est le projet de rédaction nouvelle de l'article 18 du Statut italien des Travailleurs, telle que l'avait étudié et proposé Marco Biagi, abattu sauvagement pour cette raison par les staliniens le 19 mars ; le professeur Biagi était le conseiller du ministre du Travail Roberto Maroni, lequel va devoir affronter les syndicats à la table des négociations.
On répète trop souvent que cet article 18 est décisif pour que cela soit entièrement vrai. On pourrait bien aboutir, en effet, au compromis que précisément suggérait Biagi en faveur : 1° des entreprises de moins de 15 salariés (3) ; 2° des nouveaux contrats de travail ; 3° et du Mezzogiorno.
Le texte sera alors rédigé apparemment d'une autre manière et tout le monde sauvera la face (4).
En vérité on ne peut jamais déterminer à l'avance les scénarios de ce genre de crise. L'important semble bien que Berlusconi tienne bon face aux diverses pressions, même si cette situation affaiblit encore un peu le parti de MM. Maroni et Bossi, suffisamment pour qu'il ne puisse pas partir d'un gouvernement qui, contrairement à ce que semblent croire les journalistes français a la majorité du peuple italien pour lui.
On doit en effet souligner que les centrales syndicales classiques ont elles-mêmes besoin d'exorciser la poussée gauchiste, celle des gros bras des "COBAS", pseudo "comité des bases", responsables des piquets de grèves et de diverses violences. Ne croyons donc pas que M. Cofferati et les post communistes italiens soient en position de force. Ne croyons pas ce que disent les journalistes français.
Jamais encore ni M. Berlusconi, ni son allié Gianfranco Fini n'ont cédé devant les drapeaux rouges.
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(1) Ce sont les pourcentages donnés le 17 avril par le quotidien de gauche La Repubblica.
(2) La comparaison avec le traditionnel "Ferragusto" italien n'est pas de nous : elle est du secrétaire général de la CGIL, le camarade Cofferati, qui s'en félicite chaudement, en évoquant les consommations d'électricité.
(3) M. Umberto Bossi, ministre des Réformes et chef de la Ligue Nord, à laquelle appartient M. Maroni, suggérait même (dans un entretien à La Repubblica du 10 avril) de porter à 20 ou 25 salariés le seuil au-dessous duquel le "Statut des Travailleurs" (y compris l'article 18) ne s'appliquerait plus.
(4) Souvenons-nous en France de la réforme Savary. Au lendemain des manifestations monstres contre cette réforme, Savary démissionne, Chevènement lui succède. Il remet en selle une réforme pratiquement identique, avec d'autres mots. Cela est alors passé comme une lettre à la poste.
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