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COURRIER DES LIBERTÉS SOCIALES

LUNDI 22 AVRIL 2002

UNE GIFLE QUE LA CLASSE POLITIQUE A MÉRITÉE

Le résultat "surprise" du 1er tour des présidentielles traduit un désaveu global du système politique français.

La présence au second tour du scrutin présidentiel de Jean-Marie Le Pen est bien évidemment le résultat le plus spectaculaire de ce premier tour scrutin du 21 avril 2002.

On ne doit pas perdre de vue ce que l'intéressé a souligné lui-même, non sans lucidité, au soir même de cette journée couronnant sa carrière : les deux résultats les plus significatifs à ses yeux, avant même son propre succès historique c'est :

Avec quelque 4,6 millions de voix (1) le président du Front National obtient à peine plus que son score de 1995 de 4 545 000. Arithmétiquement non plus il ne faut pas imaginer que les voix obtenues par Mégret lui auraient vraiment fait défaut, d'abord parce qu'elles ne sont pas nombreuses, et ensuite parce que Mégret + Boutin font à eux deux 3,6 %, soit nettement moins que Philippe de Villiers, candidat autrement plus crédibilisé médiatiquement, qui obtint alors 4,8 % et qui faisait une vraie concurrence à l'homme qui, depuis 1971 dirige la droite nationaliste, l'ayant rassemblée et l'ayant conduite de 0,7 % en 1974 à 17 % en 2002.

Les pleureuses médiatiques se sont déjà empressées de diaboliser ce vote, d'en accuser le peuple et de monter en épingle des protestations confinant à l'hystérie.

En réalité les politiciens et les médiats sont grandement responsables.

Si on observe les résultats globaux, on constate que ce succès de la droite protestataire vient de ce qu'elle n'a pas perdu de voix, alors que globalement toutes les autres familles se trouvent dans le désarroi et le discrédit, l'abstention passant de 21 à 27 %, record historique depuis que l'on élit le président de la république au suffrage universel.

Les communistes se trouvent ramenés à 3,4 %. Ce pourcentage doit être additionné à l'ensemble de l'extrême gauche (Laguillier 6,3 + Hue 3,4 + Besancenot 4,6 + Gluckstein 0,5 = 14,8 % à peine plus en pourcentage que Laguillier 5,4 + Hue 8,7 = 14 % avec 4 200 000 voix en 1995. (2)

Le recul des staliniens est significatif si on le ramène 50 ans en arrière : en 1952, à l'époque où le "génial Staline" combattait le "complot des blouses blanches" à Moscou et les soldats des Nations Unies en Corée, Jean-Marie Le Pen, président de la Corpo de Droit, conduisait les militants anticommunistes du Quartier Latin, époque où le jeune Jacques Chirac ne semblait pas se préoccuper de la menace communiste et stalinienne. En dehors de quelques courageuses exceptions comme celle d'Alain Madelin, toute la classe politique française semble avoir partagé cette désinvolture aussi durable que surprenante et avoir encore aujourd'hui beaucoup de mal à repérer la nocivité des survivances marxistes et léninistes.

Ce sentiment de complicité globale et de complaisance de nos politiciens vis-à-vis du communisme n'indigne pas uniquement les amis de Le Pen.

Mais ce qui nous interpelle le plus c'est de penser que les communistes, à 3,39 % des voix, continuent de donner les leçons de morale et de bon goût. La maison est à eux c'est aux Français de droite d'en sortir.

La configuration du second tour est certes imprévue, d'une part.

Elle se trouve donc combinée, d'autre part, au fait que 11,5 millions de Français ont marqué leur dégoût, constituant le premier parti de France.

Ou bien ils se sont abstenus : 10 515 000, en progression de 2 millions par rapport à 1995

Ou bien ils se sont déplacés pour mettre un bulletin "blanc ou nul" en dépit de la pluralité des candidats : 963 000 en progression de 100 000.

Ceci constitue une double gifle pour la classe politique et pour les médiats.

Cette classe politique se rangera donc frileusement et misérablement derrière le président sortant le 5 mai.

Mais les vrais adversaires de la démocratie ce sont partout les admirateurs de ce Lénine dont Giscard d'Estaing crut judicieux de fleurir le mausolée à Moscou en 1976, de ce Lénine qu'admira jusqu'à son dernier souffle un André Malraux prophète indépassable du gaullisme, de ce Lénine en faveur des victimes duquel la plupart des énarques composant notre classe politique n'ont jamais su prononcer le moindre mot, ressentir la moindre compassion ou manifester leur plus infime solidarité.

JG Malliarakis

© L'Insolent

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(1) Nous nous basons sur les derniers chiffres du Ministre de l'Intérieur à 4 heures.

(2) Cette lente décrue avait commencé dès 1981 : les communistes français sont passés de 21,5 % avec Duclos en 1969, 15 % avec Marchais en 1981 remontant très vaguement après le score de Lajoignie 7 % en 1988 puis 8,7 % avec Hue en 1995 et enfin 9,9 % aux législatives de 1997. L'erreur commune est de ne pas considérer, désormais, la somme PCF + divers trotskistes (LO, LCR, PT) = extrême gauche. En fait, les voix communistes se déplacent vers LO et la LCR. On remarquera que trotskistes et staliniens sont désormais réconciliés et coopèrent notamment au sein du mouvement ATTAC. Faut-il vraiment s'en féliciter ?

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