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COURRIER DES LIBERTÉS SOCIALES

MERCREDI 22 MAI 2002

LA PREUVE PAR LA HAVANE

Quand le libre échange est demandé par les partisans du protectionnisme…

Coup sur coup, en mars puis en avril, le vieux dictateur barbu démonétisé Fidel Castro avait reçu, cette année deux sérieux coups de semonce quant à sa crédibilité comme vedette internationale.

En particulier son intervention qui se voulait accusatrice à Monterrey au mois de mars avait été un flop. Cette réunion onusienne sur l'aide au développement avait démontré la rupture spectaculaire des liens entre Cuba et son plus fidèle soutien latino-américain, le Mexique (1).

Puis, lors de la 58e session de la Commission des droits de l'homme de l'ONU à Genève une motion déposée et soutenue par les pays latino-américains demandant au haut commissaire d'envoyer une mission d'enquête. Plus humiliant encore, il était estimé que le totalitarisme cubain est en phase terminale…

Il aura donc fallu que l'ancien calamiteux président américain Jimmy Carter se rende à La Havane en ce début de mai pour redorer le blason du vieux monstre et vienne y revaloriser les actions en baisse de sa dictature. Carter a proposé que son pays lève les sanctions et surtout l'embargo commercial qui gèle, depuis 1959, les relations américano-cubaines.

Une expérience avérée démontre en général que toute proposition émanant du parti démocrate américain est ordinairement entachée de fausseté. Il est, cependant, possible que la levée de l'embargo, bien que réclamée par les démocrates américains, puisse accélérer une évolution de Cuba vers la Liberté. L'embargo contre l'Irak lui-même a produit, depuis 10 ans, les effets inverses de ceux affirmés par ses promoteurs. Et on n'a pas remarqué non plus que l'isolement économique ait affaibli, vraiment, la dictature cubaine depuis 40 ans.

Simplement on se doit de mettre en parallèle les discours et les actes des partisans de Fidel Castro en Occident : ce sont eux qui organisent la lutte contre la liberté des échanges. Si vous écoutez le discours de ces bons esprits, ils laissent entendre que le commerce international non seulement exploite les pays pauvres mais même qu'il aboutit au travail des enfants et qu'il prive d'emploi les honnêtes salariés européens.

Tout le monde entend dire cela tous les jours. Et la CGT n'est hélas pas seule à développer ce discours, très impressionnant et intimidant, tellement unanime qu'il faut être complètement coupé de toute démagogie pour oser le contredire.

Eh bien pour une fois les partisans de Fidel Castro viennent directement à notre secours en illustrant au contraire le bien fondé de la lutte pour le libre échange.

On doit rappeler par exemple que cette théorie antilibérale distingue ordinairement le commerce exploiteur, d'une part, et d'autre part le commerce équitable.

Le commerce exploiteur c'est celui qui fait un pays développé avec un pays exportateur de matières premières — comme par exemple au XVe siècle la Flandre manufacturière et l'Angleterre qui vendait à perte sa laine brute. En théorie cet échange interdit au pays vendeur de la matière première de se développer. Dans le cas de l'Angleterre ce n'est pas ce qui s'est trouvé mais, aux yeux de l'Utopie, peu importent les faits, seule compte la théorie.

Le commerce équitable c'est au contraire celui que réalisent deux pays frères. Par exemple, l'URSS et l'Afghanistan, la Chine et le Tibet, etc. Et c'est celui que Cuba a toujours eu la faculté de développer dans toute l'Amérique Latine.

Or, lorsque le président Bush probablement inspiré par de viles considérations électorales refuse, le 20 mai, auprès des exilés anticastristes de revenir sur le blocage du commerce avec Cuba, on nous dit cependant que la décision est totalement injuste. Le commerce exploiteur et inégal avec les États-Unis, serait-il donc soudain préférable au commerce équitable ? À n'y rien comprendre !

Pis encore, tous les admirateurs de José Bové pensent que, libéré des spéculateurs, des boursicoteurs, des étrangleurs du FMI et des vampires du capitalisme de casino, les peuples peuvent pratiquer le développement durable.

L'occasion depuis 40 ans est ainsi superbe pour Cuba, soutenue d'ailleurs, hier par le bloc soviétique et aujourd'hui encore quoique plus modestement par le Venezuela de Hugo Chavez bénéficiaire de la rente pétrolière, de montrer à la face du monde ce que pourrait être un modèle de développement durable.

En fait de développement durable (2), depuis 1989 c'est-à-dire en 13 ans le produit intérieur brut du modèle cubain a diminué de 13 %. Lentement mais sûrement, 1 % par an, cela représente un sous-développement de plus en plus durable.

Cuba n'est pas seulement une immense prison. C'est aussi l'un des pays les plus endettés du monde. Ce pays ne survit que grâce au tourisme, à la prostitution et aux mandats que les exilés envoient à leur famille.

Il est vrai que, malgré l'effondrement de l'Union Soviétique un pays, qui n'est pas le Venezuela, aide le régime de Fidel Castro.

En 1998, ce pays ou plutôt son gouvernement, a placé Cuba dans la zone des pays dits de solidarité prioritaire.

Jusqu'ici ce pays accordait des lignes de crédit disproportionnées au régime cubain.

Quel est ce pays ? Ce pays, c'est la France.

JG Malliarakis

(1) Après des décennies ans de domination sans partage du Parti révolutionnaire institutionnel le Mexique a démocratiquement été contraint d'abandonner la présidence au représentant de l'opposition démocratique de droite M. Vincente Fox.

(2) Et n'en déplaise au gouvernement Chirac-Raffarin, qui a eu à cœur de nommer le 7 mai une ministre déléguée au développement durable.

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