Revenir à la page d'accueil ... Accéder à nos archives ... Accéder au Courrier précédent

COURRIER DES LIBERTÉS SOCIALES

JEUDI 23 MAI 2002

PETIT COURRIER LIBÉRAL SANS ESPRIT POLÉMIQUE

Doit-on vraiment craindre une assemblée où les inconditionnels du chef de l'État seraient en minorité ?

Le 22 mai le sympathique correspondant d'un excellent forum libéral (1) nous écrivait ceci :

"Si je pense qu'il faudra donner une majorité à J. Chirac, c'est pour, surtout, ne pas retourner dans la cohabitation.

Après les élections, il faudra être très combatif pour ne pas être les marionnettes de l'UMP, complètement manipulés par le RPR, afin que les sensibilités différentes existent. UMP = Ex-Majorité Plurielle. Je ne veux pas en tant que libéral (ancien de l'ex parti DL) être comme le PC l'a été dans le précédent gouvernement, avec les conséquences que l'on connaît.

C'est pourquoi il faut penser dès aujourd'hui, à quelle forme pourrait prendre un prochain mouvement libéral et (ou) centriste."

Voici donc ma première réponse :

Vous avez bien raison de dénoncer la "cohabitation" mais… Il est inutile de la "craindre" ! La "cohabitation" a, en effet, déjà commencé, sous une forme nouvelle, peut-être encore plus pernicieuse

Hélas, pour les adhérents et sympathisants de DL, anciens ou actuels, ayant renouvelé ou pas leur cotisation, le groupe parlementaire DL et le groupe sénatorial RI, et enfin le président fondateur de DL, ont accepté le rôle de fantoches que la clique chiraquienne dirigiste, étatiste et jacobine assigne aux "libéraux".

Vous avez donc tout à fait raison de dire : "il faut penser dès aujourd'hui" à ce que sera un prochain mouvement libéral.

Nous savons au moins en très grande partie ce qu'il ne sera pas.

Je crois qu'on peut dire avec force, et tranquillement, ceci :

Un prochain mouvement libéral ne pourra pas être, par exemple, une simple force d'appoint dépendant des cercles de l'économie mixte, des monopoleurs et de la redistribution. Le scrutin uninominal actuel empêche tout "élu" d'être indépendant du système des investitures centralisées, etc. C'est ce que vous appelez (je vous cite) : "les marionnettes de l'UMP".

Les libéraux ne sont pas, ne peuvent pas être, ne doivent pas être, les fournisseurs jetables d'un nouveau "supplément d'âme", récupérés par des gens qui sont, sans états d'âme, les ennemis du libéralisme.

Nous avons déjà donné.

À cette première réponse je souhaite apporter d'autres précisions.

1. Sur la cohabitation rappelons qu'elle fut imaginée en 1985 et appliquée en 1986 par les chiraquiens. Elle allait dès le départ contre les principes de la Constitution de 1958, et sa pratique a été désastreuse; Elle a entraîné paradoxalement la déroute électorale des 3 Premiers ministres qui avaient voulu s'en servir comme plate-forme de leurs ambitions présidentielles :

Chirac battu en 1988,

Balladur battu en 1995,

Jospin battu en 2002.

Le vrai "danger" qui résulte de la nouvelle configuration politique n'est pas tant une nouvelle cohabitation (avec quel Premier ministre de gauche ? François Hollande ? De plus en plus dérisoire !) qu'une situation parlementaire chaotique dont M. Bayrou pourrait, ou voudrait, être l'arbitre.

N'oublions pas que les communistes avec leurs 35 sièges en 1997 étaient encore très puissants dans l'assemblée sortante puisque, sans eux, les 248 socialistes et les 31 "radicaux, citoyens et verts" n'atteignaient pas la majorité absolue qui est de 289 sièges. Tout au long de la législature, le gouvernement Jospin a dû jongler avec cette menace. Cette situation s'accentuerait probablement après le 16 juin si l'UMP de M. Juppé n'obtient pas le triomphe que ses fondateurs imaginent. Mais une telle configuration serait-elle si catastrophique pour la France ?

Elle tendrait peut-être à réhabiliter le rôle du parlement, ce qui semble en fait plutôt souhaitable.

2. Jouer le rôle des communistes dans la gauche plurielle et le gouvernement Jospin ? Ce serait déjà très beau, très au-dessus du rôle que M. Juppé semble prêt à accorder aux idées de libertés.

3. Quant au concept "libéral et centriste", il appartient à l'époque périmée de M. Giscard, lequel sans doute se croyait "libéral" mais a probablement beaucoup plus fait pour le recul des idées de Liberté en France que ne rêvent de faire les amis de José Bové.

Contrairement à ce que Madelin a vainement tenté de réaliser, l'avenir du combat pour l'économie de marché, l'avenir du "libéralisme économique" est indissociable du combat pour les valeurs sociales et politiques de la droite (2).

Tant que régnera l'idéologie des faux droits, la sociale démocratie sera dominante.

Il faut donc combattre l'idéologie des faux droits, l'idéologie de l'économie mixte et de la redistribution généralisée. Refuser de situer "à droite" un tel combat idéologique et culturel c'est tout simplement avoir peur des mots.

Car il n'est pas chic d'être de droite, ce n'est pas dans le vent, ce n'est pas communicant.

Quand on a peur des mots, quand on a peur du virtuel, de quel courage fera-t-on preuve devant le danger réel ?

JG Malliarakis

(1) le Cercle Hayek de Strasbourg.

(2) Philosophiquement "droite" et "gauche" cela ne veut rien dire. J'en parle ici comme des "valeurs sociales et politiques ". Cela veut dire par exemple : respect des propriétés, respect des libertés et des contrats, respect de l'ordre public, soit les "valeurs bourgeoises", partagées par les anciens radicaux, mais ha’es par les marxistes et vilipendées par l'Éducation étatique dite "nationale" en France.

Revenir à la page d'accueil ... Accéder à nos archives ... Accéder au Courrier précédent