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COURRIER DES LIBERTÉS SOCIALES

MERCREDI 26 JUIN 2002

C'EST AU PIED DU MUR QU'ON VOIT LE MAÇON

La volonté de réforme reste à prouver et rien n'a encore démenti l'impression de verrouillage institutionnel.

Revenons à peine sur l'élection de Jean-Louis Debré à la présidence de l'Assemblée nationale. Nous la considérions comme un test. Et la démonstration a été faite, qu'en nommant le très peu sérieux mais sans doute très fidèle, petit Debré au perchoir le clan présidentiel manifeste une conformité certaine, sinon à ses promesses électorales, du moins à ses habitudes.

Rien, depuis le 21 avril, n'a vraiment démenti, au niveau des faits, cette terrible impression que le verrouillage artificiel des institutions va se trouver renforcé. On a sans doute évité, les 9 et 16 juin, de retourner à l'écueil de la cohabitation. On aura quelque chose de peut-être aussi dangereux : le gouvernement des réseaux et des courtisans, l'absence contre pouvoir institutionnel (1) et la crétinisation technocratique de l'opinion.

Certains pourraient se satisfaire d'une sorte de situation consulaire, la croyant nécessaire à la remise en ordre du pays. Et cela pourrait paraître presque convaincant s'il s'agissait vraiment d'assainir les marécages hérités de 20 ans de mitterandie, de gauche caviar, de démagogie réglementaire au ministère du Travail et de paupérisation de la France.

Sur la question du déficit, par exemple, une attitude précise, ferme et réformatrice était possible. On pouvait parfaitement énoncer la doctrine d'un calendrier en 3 temps :

1° diminution, d'abord, forte et incitatrice de la pression fiscale et sociale française

2° diminution radicale, ensuite, des gaspillages dès le prochain budget amenant à un équilibre

3° négociation, enfin, avec nos partenaires européens quant à la date exacte en liaison.

Or, la réalité se situe loin de ce rêve. On a hélas commencé par demander un délai, ce qui aurait dû venir en dernier. Les Français contribuables pourront s'estimer certes heureux si la baisse promise de 5 % sur l'impôt sur le revenu s'opère effectivement en septembre et surtout si elle ne s'accompagne pas, en compensation, d'une hausse de la CSG ou de divers autres machins.

Déjà les petites hausses mesquines, les petits points de cotisations chômage par ci, les petites hausses de certains tarifs publics par là, le mégotage déprimant sur les niveaux des différentes définitions du salaire minimum, toutes les mauvaises routines sont réapparues en moins de 10 jours après la victoire électorale de la droite. Après 40 jours de purification désertique, la reconduction du gouvernement Raffarin a vu ses effectifs passer de 26 modestes membres le 7 mai à 38 glorieux ministres le 17 juin.

Bientôt, on abordera les questions qui fâchent : la réforme des retraites par exemple. Ni Force Ouvrière ni la CGT n'ont promis de ne pas recommencer leurs blocages de novembre et décembre 1995. Et toutes les raisons, — à la fois internes aux organisations et celles résultant du paysage syndical français — donnent à penser que cette épreuve pourrait être conforme aux intérêts tactiques immédiats des appareils bureaucratiques.

Le nouveau ministre de l'Intérieur avait habilement entrepris de bomber le torse et de promettre d'en finir avec les zones de non-droit. On ose espérer que cette promesse sera tenue, un peu pour sa carrière, un peu pour les policiers qui méritent notre respect, mais bien plus encore pour les Français qui habitent au voisinage de ces zones et pour les immigrés qui souhaitent travailler et s'assimiler à notre société. Cette réussite n'est pas certaine et toutes les fées réunies autour du berceau du petit Nicolas ne sont pas bienveillantes.

On constate en effet que même sur ce terrain (2) la France officielle, contrairement au vœu du peuple français, a choisi de s'opposer à une ligne ferme en Europe, y compris à propos du scandale de Sangatte. Comme sur la question des déficits, la France officielle semble investir une sorte de démagogie souverainiste dans le maintien du laxisme national contre la dynamique européenne.

Souhaitons donc que ces nuages noirs se dissipent, mais c'est au pied du mur qu'on verra le maçon.

JG Malliarakis

 

(1) Et ceci donnera un large champ de manœuvres aux contre pouvoirs extérieurs, et à certains égards, contraires aux institutions démocratiques : bureaucraties syndicales, pouvoirs médiatiques obliques, magistratures syndiquées, coalitions de fonctionnaires.

(2) Où l'effet concurrentiel, toujours intelligent, a beaucoup joué entre le 21 avril et le 16 juin, sur le marché politique.

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