COURRIER DES LIBERTÉS SOCIALES
MERCREDI 24 JUILLET 2002
HAUSSE DE LA DEMANDE SPIRITUELLE EN EUROPE ET BAISSE DE L'OFFRE RELIGIEUSE
Libres réflexions quasi économistes et peut-être iconoclastes d'un libre iconodule
Tous les 2 ans le grand rassemblement catholique des JMJ donne lieu à d'étranges professions de demi-vérités par nos chers médiats. Certains se souviennent peut-être, lors de la manifestation de Paris de 1998 combien jusqu'au bout on nous en avait prédit l'inéluctable échec. Jour après jour, Le Monde décrivait alors avec des larmes de crocodile combien les organisateurs étaient préoccupés. Puis, devant le succès imprévu, on s'efforça de l'expliquer par un prétendu message social. (1)
Aujourd'hui, c'est un double constat auquel sont confrontés les observateurs à l'occasion des JMJ de Toronto.
1° Manifestement dans toute l'Europe ou presque (et au Canada) on assiste à un recul quantifiable des Églises établies. Ceci est vrai du nord au sud.
2° En même temps, et contrairement à la tendance des années 1970 et 1980 si la pratique religieuse établie recule statistiquement, le désir de spirituel augmente manifestement. C'est ce désir de spirituel qu'expriment les JMJ.
Diverses études font apparaître un phénomène de cette nature particulièrement dans la génération des 18 à 29 ans. Il serait fastidieux et peut-être trompeur de trop s'arrêter sur les chiffres qui ne veulent pas dire partout la même chose, l'Église luthérienne en Suède n'étant pas tout à fait comparable à l'Église catholique en Espagne ou en Italie. Mais enfin partout on assiste à une baisse de l'emprise institutionnelle.
En France, cela est d'autant plus frappant que diverses manifestations comme les JMJ de 1998 ou le 1 500e anniversaire du baptême de Clovis avaient déplacé des foules immenses alors que le nombre des baptêmes, des mariages religieux ou la fréquentation de la messe dominicale y est en chute libre.
Si nous voulons bien observer l'Angleterre, où l'Église anglicane demeure un pilier de la nation, on a un exemple frappant de l'ambiguïté du rapport à cette Église dont le nouvel archevêque de Canterbury vient une fois de plus de rajouter une nouvelle couche de modernisme à 3 sous en avalisant la possibilité d'ordonner des prêtres homosexuels comme si les scandales de cette nature n'avaient pas été assez nombreux ces dernières années. Le résultat est assez clair : sur 60 millions de Britanniques moins d'un million et demi pratiquent dans l'Église nationale établie.
Mettons donc une bonne fois les pieds dans le plat.
Si les gens se séparent des Églises établies ce n'est pas parce qu'ils préféreraient les sectes dont les recrues sont infiniment moins nombreuses qu'on veut bien le dire (2).
Ce n'est pas, non plus, parce qu'ils trouvent les Églises trop à droite, trop traditionnelles, etc. : c'est, au contraire, d'abord parce qu'ils les trouvent trop à gauche, trop compromises dans le politiquement correct, trop engluées dans l'antiracisme hypocrite et à bon marché, dans les très ringardes idées qui se veulent dans le vent.
Il y a une distorsion totale entre l'aspiration spirituelle des Européens et la proposition dominante qui leur est faite depuis 1945 tant par la prétendue avant-garde de l'Église romaine depuis Vatican II que par celle des Églises réformées.
Ce décalage explique le déclin de l'emprise de cette partie du clergé qui persiste à faire un mauvais démarquage de la démagogie de gauche.
Dans toute l'Europe il est assez clair que la vague de matérialisme post-1968 s'est essoufflée, que les jeunes Européens aspirent à retrouver leurs racines et plus particulièrement la part chrétienne de ces racines.
Il semble donc assez paradoxal que l'offre pseudo religieuse institutionnelle soit la dernière à faire référence aux vieilles billevesées progressistes des années 1950 ou 1960 ou aux valeurs démonétisées de l'idéologie soixante-huitarde.
(1) Dont je crois pourtant pouvoir dire très librement que tout le monde se moque, les jeunes chrétiens de France, et d'ailleurs, rendant à Marc Blondel et Nicole Notat ce qui est à Nicole Notat et Marc Blondel.
(2) En France où, depuis 20 ans, l'on se préoccupe beaucoup des sectes, le phénomène sectaire au sens large touche probablement moins de 500 000 personnes.
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