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COURRIER DES LIBERTÉS SOCIALES

JEUDI 8 AOÛT 2002

EN AMÉRIQUE DU SUD L'ENJEU EST LE MÊME QU'EN EUROPE

En Amérique latine comme dans le Sud est européen l'État s'est développé au détriment de la substance des nations et des peuples, tout en prétendant agir en leur nom (ci-dessus Alvaro Uribe et Evita Peron)

Certains Français bien informés s'inquiètent des événements que connaît actuellement l'Amérique Latine. On ne peut que leur donner raison sur les principes. On doit simplement les inciter d'abord à retenir deux dates.

En 1813, le révolutionnaire Bolivar s'empare de Caracas qui le proclame Libertador. Dès janvier 1814, le libérateur s'institue officiellement dictateur. Et pendant 150 ans, les États-Nations apparus à la suite du démembrement de l'Empire espagnol d'Amérique seront marqués par des soubresauts politiques et monétaires entravant singulièrement leur prospérité. Bien entendu, parmi la vingtaine de nationalités extrêmement diverses, étalées des Caraïbes à la Patagonie, le dénominateur commun peut être taxé de simplification abusive.

Toutefois, on remarque une tendance globale et constante, à la démagogie, à l'étatisme, au mépris de la légalité. Dernièrement encore, la crise uruguayenne a vu le gouvernement de Montevideo se permettre de bloquer les retraits d'espèces des particuliers sur leur compte en banque. Il s'en est suivi les conséquences que toute personne ayant vu le film "Mary Poppins" (1) connaît bien, dès lors qu'un petit garçon croit qu'une banque peut lui bloquer un penny. Que cette panique étonne ou scandalise encore les journalistes du Monde (2) est la seule chose qui doive nous surprendre.

La deuxième date à retenir est celle de 1973 où l'expérience désastreuse du marxiste Allende au Chili s'est vu nettoyée avec un très large assentiment populaire par un général considéré comme plutôt à gauche, Augusto Pinochet. Après un ou deux ans de tâtonnements, celui-ci s'oriente vers une reconstruction économique, ou plutôt vers une édification très réussie d'une économie de liberté, largement inspirée par le plus important économiste de la seconde moitié du XX siècle, Milton Friedman, adversaire radical du communisme. Les effets positifs de cette contre révolution chilienne se font encore sentir près de 30 ans plus tard à Santiago.

Parallèlement, l'un après l'autre, tous les grands pays latino-américains ont cherché (3) à s'inspirer de la réussite chilienne. Même le Mexique est parvenu à mettre un terme à plus de 70 ans de corruption dictatoriale du parti révolutionnaire institutionnel. Même l'Argentine, 50 ans après l'expérience économique marxisante et désastreuse du péronisme (4) se fraye, quoique péniblement, un chemin vers l'économie de liberté.

Et aujourd'hui, c'est au tour de la Colombie d'élire et d'instituer un président résolument novateur et anticommuniste, Alvaro Uribe.

Le pays mérite d'être évoqué principalement, non que les questions monétaires et les négociations avec le FMI de l'Argentine, du Brésil ou de l'Uruguay soient négligeables (5), mais parce qu'à Bogota il y a, à la fois, un espoir de liberté et une conjonction très significative de dangers.

Le président Uribe a contre lui à la fois la guérilla communiste des FARC, les narcotrafiquants et toute la démagogie sociale démocrate internationale dans laquelle on se demande toujours ce qui l'emporte des financements mafieux et des infiltrations marxistes.

Ceci fait que chaque pas du président Uribe et du gouvernement de Bogota sera critiqué dans nos médiats parisiens et les cercles bien pensants européens.

On doit cependant souhaiter, après près de deux siècles d'indépendantismes délirants, d'États-Nations aussi utopiques et destructeurs que ceux du sud-est européen (6), de souverainismes tous démagogiques et constructivistes que l'Amérique latine dans son ensemble se construise un ordre respectueux des libertés, des propriétés et des contrats lui permettant de renouer durablement avec des partenaires européens.

Pour cela, dira-t-on, il faudra aussi qu'en Europe les mêmes principes de droit naturel et de civilisation ne soient pas battus en brèche par les mêmes démons qui ont pollué pendant plus de 150 ans la plupart des pays latino-américains, démons de la démagogie, de l'assistanat et de l'expropriation.

Il faut donc faire en sorte que triomphe en Europe l'idée d'une Europe des Libertés.

JG Malliarakis

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(1) De haute culture économique.

(2) Qui, manifestement n'ont pas vu Mary Poppins.

(3) Hélas partiellement.

(4) Sur l'aspect marxisant du péronisme, au-delà du folklore fascisant et du mythe d'Evita Peron, et sur la politique concrète de ses responsables économiques tel Miguel Miranda voir notamment le discours de ce dernier en date du 16 décembre 1946 in La Décade Péroniste présentée par Georges Béarn Collection Archives N° 62, 1975, pages 134 et suivantes.

(5) La question du prêt sans précédent consenti au Brésil par le FMI, ainsi que celle des démêlés du marxisant Chavez au Venezuela mériteraient chacune des développements au-delà des quelques lignes de notre courrier.

(6) À mes yeux, le parallèle pertinent entre l'Amérique latine et le Sud est européen ne tient pas seulement à l'apparition des indépendances au cours du xix siècle : il tient à la marque de l'utopisme dans la création révolutionnaire et volontariste de l'État qui s'est accomplie au détriment de la substance des nations et des peuples, tout en prétendant agir en leur nom.

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