COURRIER DES LIBERTÉS SOCIALES
VENDREDI 30 AOÛT 2002
L'ÉLARGISSEMENT ENTRAÎNERA OBLIGATOIREMENT LA REDÉFINITION DES INSTITUTIONS EUROPÉENNES
À l'ombre du souvenir shakespearien de Hamlet, un débat crucial dont les Français devraient se préoccuper plus activement.
En cette fin de semaine, se réunit à Elseneur, sous présidence danoise et à l'ombre du souvenir shakespearien de Hamlet, le Conseil des ministres des Affaires étrangères de l'Union européenne. Ce conseil, théoriquement consensuel et unanimiste, va devoir traiter de questions graves. Celles-ci toucheront certes au Proche-Orient et aux relations de l'Europe avec la politique globale des États-Unis ; mais il va aussi devoir traiter, en vue d'une décision prévue fin décembre, du dossier crucial de l'Élargissement. Et l'arrivée des nouveaux États-Membres va renforcer l'évidence de la remise en cause des institutions.
Sur le même sujet... 5.7 Visions technocratiques en crise L'Élargissement de l'Europe aux risques des grands conceptions technocratiques et des petits hommes gris.
Par exemple, déjà, la décision du gouvernement italien de régulariser la situation de 250 000 travailleurs étrangers effectivement salariés (1) dans l'économie italienne souligne elle aussi l'urgence d'une politique européenne globale en matière d'immigration de main d'uvre, de droit d'asile politique et de lutte contre les réseaux criminels.6.3 M. Giscard ne sera pas dans la campagne, mais la réalité européenne y sera bel et bien !
27.2.2001 Saura-t-on tourner la page de la conception technocratique de l'Europe sans la déchirer ? Et pour accéder à nos ... Archives classées par sujet ...
La chose était plus ou moins prévue dans le traité signé à Amsterdam en 1997. Son application demeure encore problématique.
Comme bien d'autres sujets, de telles affaires nous rappellent aussi que le seul niveau de souveraineté de nos peuples ne peut plus être qu'Européen : qu'il s'agisse de la défense, de la recherche, etc.
Dans de telles conditions, le débat sur l'avenir des institutions européennes devrait passionner nos compatriotes, d'autant plus que la convention instituée pour réfléchir à ce sujet est présidée depuis plusieurs mois par notre ancien chef de l'État, M. Giscard d'Estaing.
On doit cependant constater que l'indifférence est totale.
Pour se faire une opinion sur la qualité des propositions et des débats de cette Convention, il faut se brancher sur le site Internet de la Commission européenne et recenser les 334 interventions de ces 6 derniers mois : le catalogue en est hélas assez affligeant. À côté de communications répétitives, venant des poids lourds institutionnels (3) tels MM. Prodi, Président de la Commission, Solana, Haut Commissaire à la politique extérieure, Barnier, Commissaire, etc., de quelques interventions, cairsemées et insipides, venant, comme mécaniquement, des partis politiques et, enfin, au nom de la fameuse société civile, celles émanant de groupes hétéroclites allant des sociétés françaises d'économie mixte à la fédération des aveugles espagnols, en passant la section wallonne de Pax Christi, etc. au total on doit hélas conclure à l'addition des nullités, des banalités, et des fadaises.
On a prétendu donner la parole aux peuples, on n'entend que le ronron sinistre des zozos avantageux.
Heureusement, la présidence danoise ouvre, nous révèle-t-on avec gourmandise, un nouveau site destiné aux jeunes Européens. Il fonctionnera en danois et en anglais.
Ne soyons donc pas moroses, mais soyons réalistes : la seule idée qui hante les européistes français consisterait à proposer que le président de l'Union ne soit plus pendant 6 mois le chef d'un gouvernement désigné par l'ordre alphabétique de son pays mais un personnage élu au suffrage universel.
Cette disposition constitutionnelle se trouve cependant rejetée par la plupart des expériences nationales des grands pays européens.
Elle aurait, à l'échelle d'une Europe élargie, comptant 25 États-Membres en 2004, un effet absolument délétère. Mais nos hommes politiques franco-français s'accordent tous à voir dans la constitution française de 1958-1962 l'alpha et l'oméga du droit public.
L'élargissement à 10 nouveaux pays devrait être définitivement conclu en décembre.
Or, l'élargissement rendra encore plus périlleux le maintien des institutions communautaires actuelles.
Ceci ne tiendra pas aux raisons invoquées habituellement : ce sont de fausses peurs que celles agitées autour de la pluralité des langues, autour de la diversité des niveaux de vie, ou du fait de l'apparition de nouveaux pôles de culture et de décision, notamment en Europe centrale (Pologne, Tchéquie, Hongrie).
La vraie difficulté tiendra à ce que, comptant désormais quelque 450 millions de citoyens, cette communauté ne pourra plus être gérée comme un supermarché.
Elle deviendra la plus importante puissance du monde : elle sera donc amenée à gérer d'autres questions que celles des sordides "marathons agricoles", absorbant encore 47 % du budget communautaire, et autres subventions funestes. Elle devra se doter d'un Commissaire à la Défense, d'un Commissaire à la Sécurité intérieure et d'un Commissaire à la Coopération judiciaire pour évoquer précisément les fonctions régaliennes qu'elle n'exerce pas encore. Quant à la diplomatie commune (3) il faudra bel et bien y songer aussi de manière enfin effective. Ainsi donc l'afflux de 11 nouveaux commissaires dans 2 ans, si la Pologne reçoit un statut légitimement équivalent à celui de l'Espagne, portant à 36 le nombre de membres de la commission, cela ne sera pas de trop.
Bien évidemment ce qui inquiète le plus les gestionnaires (4) de la Redistribution européenne, les mafias et les groupes d'influence c'est qu'enfin l'Europe envisage de la sorte de reprendre en main, pacifiquement, ses destinées.
On les " comprend ", certes, mais on ne les en combattra, légitimement, que plus
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(1) 250 000 étant le chiffre initialement prévu par les services de M. Maroni. On s'acheminerait vers 500 000. Cette décision, en cours de mise en place, prétend liquider la question du travail clandestin, dans un pays par lequel transitent, d'une part, de nombreux immigrants illégaux (acheminés par les réseaux criminels turcs et dirigés vers l'ensemble de l'Europe occidentale) mais où, d'autre part, la question du travail dit au noir pèse considérablement.
(2) Dont la langue de bois semble la langue maternelle commune.
(3) Dont le principe même charpentait encore la logique du discours de M. de Villepin à la Conférence des ambassadeurs de France d'août 2002.
(4) Et les profiteurs...
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