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COURRIER DES LIBERTÉS SOCIALES

MARDI 3 SEPTEMBRE 2002

ET S'IL N'EN RESTE QU'UN M. CHIRAC SERA-T-IL CELUI-LÀ ?

"J'irai plus loin que leur front populaire" Charles De Gaulle 1966

(ci-dessus leclon d'un jeune partisan du nucléaire J. Chirac aux côtés d'un clone de Saddam Hussein)

Ainsi donc le chef de l'État est allé à Johannesburg se donner en spectacle sans doute pour restituer le sentiment aux Français que la France possède encore une capacité d'influence, pour ne pas parler de nuisance, internationale.

La première chose dont on doit bien se persuader cependant c'est que cette présence qui se veut spectaculaire est destinée à donner aux États-Unis une leçon de fidélité aux systèmes de décisions dites multilatérales, c'est-à-dire à ce que d'autre appelle le mondialisme, dont la façade institutionnelle est représentée par l'ONU.

Et certes, depuis 1945, depuis les accords de Yalta, depuis l'apparition de l'ONU que De Gaulle appelait le Machin, depuis la mise en place des institutions dites de Bretton Wood, le FMI et la Banque Mondiale, il y avait toujours eu une sorte de désaccord pour ne pas parler de contentieux entre la France d'une part, les États-Unis d'autre part, la France se voulant à l'avant-garde des Européens lucides.

Ce que les Français reprochaient aux Américains, c'était la préférence systématique pour la démarche multilatérale et les institutions internationales.

Et aujourd'hui où les États-Unis prennent de plus en plus leurs distances avec les institutions du mondialisme, M. Chirac bravement brûle ce que le gaullisme avait toujours adoré, il adore ce que le gaullisme a toujours détesté, il prend partie pour les institutions mondialistes de Bretton Wood et tout le fatras de bons sentiments hypocrites.

Dans le même temps, dira-t-on, il y a le fond des affaires. Il y a bien sûr des divergences entre Européens et Américains : on serait en droit, sur des points précis comme les taxations protectionnistes de l'acier (1) la France prenne conscience d'avoir à constituer un front européen uni.

Hélas, en général, le gouvernement français préfère le plus souvent continuer à maintenir la fiction d'un cavalier seul face à l'Europe, et de traiter, unilatéralement, les problèmes internes à l'Union européenne sans tenir compte de la relation désormais permanente entre les États membres de ce qui n'est peut-être pas encore une Confédération mais qui n'est plus tout à fait un club d'États souverains et indépendants.

Dans de telles conditions, on a beaucoup de mal à saisir, on l'avouera, quelle vision les autorités de Paris se font de la simple défense des intérêts français.

Mais celui qui s'est fait, à Johannesburg, le porte-parole de la ligne mondialiste la plus extrême, a-t-il encore présent à l'esprit d'avoir à défendre les intérêts et les préoccupations légitimes de Français.

Sa démarche rechercherait plutôt à une recherche éperdue de la popularité auprès des politiciens tiers-mondistes, et peut-être à cette partie de l'électorat français qui se réclame soutien inconditionnel (2) des pays du Tiers-monde.

On apprend par exemple qu'en 10 ans l'aide au développement sera portée à 0,7 % du PNB.

Il est cependant dommage que personne ne nous dise (3) quelles garanties les contribuables français auront que ces sommes seront effectivement affectées aux moyens de développer l'économie des pays récipiendaires et qu'elles n'auront pas au contraire vocation, transitant par la poche des dictateurs du Tiers-monde, à aboutir sur des comptes à numéros dans les paradis fiscaux.

Pire encore, M. Chirac vient de redonner un espoir de crédibilité à l'absurde projet du mouvement Attac de faire voter une taxation sur les transactions financières (4), la fameuse taxe suggérée il y a 30 ans dans un tout autre contexte par l'économiste keynésien Tobin.

La France est ainsi le premier pays du G8 à donner une sorte de consistance à ce projet d'une fiscalité mondiale dont on sait ni qui la prélèvera et qui en bénéficiera.

Ce ralliement est d'autant plus stupéfiant que les élections de juin avaient fait perdre 60 % de ses effectifs au groupe parlementaire des députés affiliés à ATTAC : sur les 53 rescapés, seul un UDF n'appartient pas au parti socialiste ou au parti communiste et à leurs satellites.

Quelle mouche tsé-tsé a donc piqué M. Chirac de redonner de l'eau à ce moulin marxiste.

JG Malliarakis

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(1) Chronologiquement cette question vient après le contentieux sur les avantages fiscaux accordés aux 2 000 groupes exportateurs américains (Foreign sales companies) auxquelles le gouvernement des États-Unis a accordé le privilège, dénoncé par l'Europe et jugé par l'OMC dommageable à la concurrence, de localiser leurs bénéfices dans des paradis fiscaux.

(2) Pour citer un seul exemple, M. Fodé Sylla, député européen apparenté communiste, après avoir été chargé du rapport 2002 sur la charte des droits fondamentaux dans l'Union européenne, applaudit les déclarations de Jacques Chirac : "Reconnaissons que nous avons un chef d'État qui donne une image très positive de la France dans les sommets internationaux. Déjà, au sommet du G8 à Gênes, en juillet 2001, il avait dénoncé avec force la répression policière. Au sommet européen de Séville en juin 2002, il s'était opposé aux sanctions que certains voulaient infliger aux pays du Sud pour freiner l'émigration etc."

(3) M. Chirac à Johannesburg a parlé 10 minutes. Dépassant de 5 minutes son temps de parole, il pouvait donc s'exprimer. Il enseignait à ses étudiants en 1963 qu'on "peut tout dire en 10 minutes."

(4) Le discours officieux de l'État français serait que "Les flux commerciaux s'établissent à 7 000 milliards de dollars par an, et environ 1 500 milliards de dollars sont échangés chaque jour sur les places financières internationales… L'idée de prélever une petite part de cette richesse de cette nouvelle valeur ajoutée mondiale n'est pas une idée folle." C'est très exactement la doctrine professée par Attac qu'on accuse seulement en haut lieu de monopoliser une bonne idée.

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