Revenir à la page d'accueil ... Accéder à nos archives ... Accéder au Courrier précédent

COURRIER DES LIBERTÉS SOCIALES

JEUDI 5 SEPTEMBRE 2002

LES DEUX BARONS NOIRS DU NOUVEAU POUVOIR

Fillon et Juppé : les deux porte-poisse de la droite.

Voici maintenant près de 4 mois qu'a été constitué le gouvernement de M. Raffarin.

Il serait malhonnête d'en ramener à zéro l'évaluation de ce qu'il a fait lors de ces 100 premiers jours. Par rapport à Boris Nikolaïevitch Eltsine qui n'a strictement rien fait pendant les 6 premiers mois qui se sont écoulés à partir de l'automne 1991 où fut engloutie l'Union soviétique.

On peut dire par exemple qu'on a reçu l'image d'un ministre de l'Intérieur actif sur le terrain de la sécurité en la personne de M. Sarkozy et l'on doit espérer que cette impression ne sera pas démentie.

Dès le départ on pouvait remarquer ou prévoir que certaines personnalités n'agiraient pas dans le sens d'une plus grande liberté : M. Gilles de Robien aux Transports ou Mme Bachelot à l'Environnement seraient, de ce point, dans l'impossibilité de nous décevoir puisque nous ne saurions raisonnablement rien en escompter de positif. Nous en pouvons avoir que de bonnes surprises.

Ne parlons même pas de l'existence ridicule d'un secrétariat d'État au Développement durable, si émouvante soit la personnalité féminine attributaire de ce portefeuille.

Mais on commence surtout à savoir plus clairement quelles sont les ombres les plus inquiétantes de la nouvelle majorité, les deux barons noirs du nouveau pouvoir, ce sont manifestement MM. Fillon et Juppé.

Personnalité jusqu'ici mondaine, passant pour incolore, bouffée d'eau parfumée dans le sillage réputé un peu malodorant de Philippe Séguin, Fillon serait passé d'une présidence peu signifiante à la Région Pays de Loire à un ministère honorifiquement national comme la Défense du même nom. Compte tenu de l'état réel des forces armées françaises il n'aurait pu certes que l'améliorer.

Mais il a fallu qu'on lui attribuât un département extrêmement vaste, quoique mal défini, celui coiffant aussi bien les relations avec les syndicats au titre du Travail et de l'Emploi que la tutelle nominale de la sécurité sociale. Au total il reprenait tous les dégâts accomplis en 5 ans par la mégère Aubry d'abord de 1997 à l'automne 2000 puis par la pimbêche Guigou jusqu'en 2002.

Déblayer 5 ans de gravats socialistes c'était énorme.

Ce serait pour la France à la fois nécessaire, libérateur et la certitude pour celui qui y parviendrait d'une estime, et même d'une popularité assurée pour longtemps. Au moins avec Fillon on sait très nettement depuis la clôture, le 3 septembre, de ses entretiens avec les représentants syndicaux et patronaux que la chose ne sera même pas entreprise. À peine verra-t-on un tout petit décret réglementant autoritairement le contingent des heures supplémentaires. Mais de toute évidence la liberté du travail n'est pas pour demain.

L'ombre de la technocratie se précise avec l'ascension à la tête de l'UMP, lors même que ce parti n'est encore qu'un gros groupe parlementaire incohérent, de M. Alain Juppé.

Avec lui, penseront certains, la catastrophe n'est pas pour demain, puisqu'elle a déjà eu lieu : ils pensent aux élections législatives ridiculement provoquées par le Premier ministre et son entourage en 1997, et dont le coût a pu être mesuré sur 5 ans de socialisme. Mais on ne doit pas oublier que, toute sa carrière, M. Juppé a accumulé les imbécillités autoritaires, auto-satisfaites, et le plus habituellement impunies.

Il est l'homme de la division durable des droites au plan électoral : il est surprenant qu'on en fasse l'artificiel rassembleur, sur la base une fragile pourtant, de ce qu'on appelle la " majorité présidentielle " alors qu'à tout prendre les élections d'avril et mai n'ont donné aucune vraie majorité au président. Seul le Premier ministre peut se réclamer d'une majorité conquise en juin.

Mais aujourd'hui les deux barons noirs, Juppé comme Fillon, semblent pouvoir impunément en dilapider la (petite, très petite) part d'espérance.

JG Malliarakis
Revenir à la page d'accueil ... Accéder à nos archives ... Accéder au Courrier précédent

Vous pouvez aider l'Insolent ! : En faisant connaître notre site à vos amis  En souscrivant un abonnement