Revenir à la page d'accueil ... Accéder à nos archives ... Accéder au Courrier précédent

COURRIER DES LIBERTÉS SOCIALES

LUNDI 23 SEPTEMBRE 2002

AU LENDEMAIN DES ÉLECTIONS ALLEMANDES

La victoire de Gerhard Schroeder ne doit pas être ressentie comme une défaite pour l'Europe des libertés.

La première chose dont les Français doivent se convaincre, au vu des résultats tous chauds des élections allemandes, c'est que la victoire de Schroeder (1) n'est pas une défaite pour l'Europe des Libertés.

Certes la diplomatie toujours si subtile de M. Chirac avait ouvertement misé sur la victoire du sympathique chrétien social bavarois Edmund Stoiber. Cela était dit avec toute la grâce de nos technocrates. Et en réalité ce n'était ni la proximité de Gerhard Schroeder avec le réformisme de Tony Blair, ni le projet Fischer d'institutions fédérales pour l'Europe, ni la proximité de Munich dont tenaient compte les chiraquiens pour prendre ainsi parti dans les affaires intérieures allemandes. C'était la convergence franco-bavaroise sur la question agricole : MM. Chirac et Stoiber sont d'accord pour le maintien le plus longtemps possible de subventions agricoles massives en dépit de la perte de substance infligée depuis 1962 au monde rural du fait même de cette politique agricole commune.

Heureusement on peut et on doit espérer qu'à Berlin la volonté de renouer le partenariat franco-allemand, sur des bases nouvelles, ne sera pas assombrie par le souvenir de la prise de position chiraquienne. Les raisons qui militent en faveur de ce rapprochement sont en effet suffisamment fortes pour ne pas l'interrompre.

Ne voyons pas non plus en Schroeder en homme politique assimilable à la gauche française.

Dans son édition du 21 septembre le Monde suggérait avec gourmandise l'hypothèse qu'il ait besoin comme Jospin en 1997 et comme Mitterrand en 1981 de faire appel aux néo-communistes du PDS. Cette hypothèse s'est évanouie avec le succès de l'allié Vert essentiellement fondé sur la popularité du ministre des Affaires étrangères Joschka Fischer. (2)

De plus, sur le fond, on retiendra que la décrue fiscale votée l'an 2000 sous Schroeder et dont la sociale démocratie entend maintenir le cap en dépit de l'incidence énorme des inondations de l'Europe centrale cet été, va beaucoup plus loin et plus vite que le programme chiraco-raffarinien actuel. Ce taux marginal de l'impôt sur le revenu en Allemagne sera à 42 % en 2005 (3), plusieurs points de moins qu'en France dans le meilleur des cas puisque nous en serons l'an prochain à 50 %. On pourrait multiplier les exemples.

Faut-il déplorer, depuis Paris, la défaite de la Bavière et du "populisme" (4). Ce serait mal connaître et mal comprendre nos voisins et cousins germains. Un homme qui aurait tenu le discours d'Orléans sur les odeurs n'y gagnerait jamais les élections nationales. La majorité du peuple allemand est protestante depuis la réunification et le Land de Bavière, plus proche de la Méditerranée que de la Mer du Nord ou de la Baltique, n'a jamais donné naissance à un chancelier. Si les Français veulent un Umberto Bossi comme partenaire ils doivent chercher plus au Sud.

Avec ces points faibles, Gerhard Schroeder a, depuis 1998, pris la mesure du rôle central de son pays en Europe et on peut espérer qu'il saura en assumer une part des responsabilités, y compris par rapport aux décisions graves qui auront trait, en principe d'ici décembre, à l'élargissement.

Il a su dire avec la même force "oui" en décembre 2001, au prix d'une question de confiance devant le Bundestag, "oui" à une coopération euro-américaine étroite dans la lutte contre les réseaux terroristes et "non" à une participation en ce moment au projet d'aventure dans le Proche Orient. Il a su maintenir le cap d'une ouverture à la Russie commencée sous Helmut Kohl dont nous devons saluer le souvenir. Il a su freiner le projet d'une entrée des Turcs en Europe.

Souhaitons-lui de continuer.

JG Malliarakis

Revenir à la page d'accueil ... Accéder à nos archives ... Accéder au Courrier précédent ...

(1) Une victoire est toujours une victoire. Celle-ci est quand même très courte, plus courte encore que les prévisions des derniers sondages (37,5 contre 37). Les sociaux-démocrates, qui auront 251 députés, n'avaient aux derniers chiffrages de ce matin à 8 heures que 8 864 voix de plus que l'Union des chrétiens démocrates et des chrétiens sociaux bavarois qui en obtiennent 248. Le SPD obtient 38,5 % des voix (40,9 % en 1998 soit une perte de 2,4 points), et la CDU/CSU avec 38,5 % contre 35,1 % en 1998 gagne 3,4 points.

(2) Grands vainqueurs du scrutin les Verts, largement débarrassés des tendances les plus gauchisantes, obtiennent 8,6 % contre 6,7 % en 1998. Ils auront au Bundestag 55 sièges sur 603. Les néo-communistes du PDS ne seront que 2 avec seulement 4 % (c'est encore beaucoup trop) contre 5,1 % en 1998.

(3) Stoiber proposait 40 %. La différence n'est pas énorme.

(4) Le score du FDP est seulement de 7,4 % contre 6,2 % en 1998, score historiquement bas. C'est d'abord l'insuccès du FDP et de sa nouvelle ligne "populiste" hasardeuse qui empêche Edmund Stoiber de conquérir la chancellerie.

Revenir à la page d'accueil ... Accéder à nos archives ... Accéder au Courrier précédent ...

Vous pouvez aider l'Insolent ! : en faisant connaître notre site à vos amis • en souscrivant un abonnement