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COURRIER DES LIBERTÉS SOCIALES

MARDI 8 OCTOBRE 2002

LA CRISE EUROPÉENNE DES DÉFICITS FRANÇAIS

L’assainissement budgétaire n’est pas une lubie des méchants Eurocrates car il est dans l’intérêt du peuple français.

L’Espagne et la majorité de nos partenaires européens, ceux qu’on appelle les petits pays, ceux auxquels nos omniscients inspecteurs des Finances accordent si peu de considération, sont montés au créneau, ce 7 octobre, contre le gouvernement de la France. Ils protestaient contre l’idée avancée par la Commission européenne de repousser à 2006 le retour à l’équilibre des finances publiques de la zone euro. Et ils s’insurgent tout particulièrement contre la politique budgétaire de la France.

Nous devons bien comprendre en effet que notre pays est devenu le "mouton noir" des déficits budgétaires européens.

Cela se passait à Luxembourg lors de la réunion des ministres de l’Économie et des Finances des 12 pays de l’Eurogroupe, nom officiel de la zone euro. Dès leur arrivée, les ministres des Finances autrichien, néerlandais, et finlandais ont pris à partie le commissaire européen aux Affaires monétaires, M. Pedro Solbes, pour son projet d’abandonner l’échéance 2004 pour l’assainissement général des finances en Europe.

Ces pays, rappelons-le, ont pour la plupart consenti des efforts énormes pour satisfaire, dans les délais impartis, à des critères fixés par des gens qui se réservent aujourd’hui le privilège de ne pas s’y soumettre. Ils sont au nombre de huit, sur les 12 que compte l’Eurogroupe.

Le ministre autrichien des Finances, M. Karl-Heinz Grasser a ainsi déclaré : "Vous pouvez être sûr que je vais m’y opposer très fortement. C’est un affaiblissement important du pacte de stabilité et je n’accepterai pas l’affaiblissement du pacte".

M. Hans Hoogervorst, son homologue néerlandais, prédisait une réunion longue et difficile en remarquant : "De toute évidence, si nous reculons la date, cela ne sera pas un encouragement bien fort à la nécessaire consolidation budgétaire".

Le ministre finlandais M. Sauli Niinistoe se déclarait "très inquiet".

Pour tenter de sauver le pacte de stabilité dans un contexte économique déprimé et assombri par la situation dans le Proche-Orient, M. Pedro Solbes a assorti sa proposition de report de l’objectif d’équilibre en 2004 de deux conditions :

1° le maintien d’un seuil maximal de 3 % de déficit ;

2° et l’engagement d’une baisse de 0,5 % par an dès 2003 du déficit structurel, celui en tenant compte ni des aléas conjoncturels ni des manipulations comptables.

Sur le fond, un projet nous semble, certes, à la fois raisonnable et de nature à renforcer à terme la politique d’assainissement.

(Cf. Notre bulletin du 30 septembre Faut-il craindre le retour des déficits budgétaires en Europe ?)

Mais il est assimilé par la majorité de nos partenaires européens, Espagne en tête, comme une prime aux pays déficitaires : l’Allemagne (frappée par les inondations), l’Italie (dont le déficit est beaucoup moindre), le petit Portugal (seul sanctionné) et surtout la France. La France est la seule à ne pas jouer le jeu la rigueur dès 2003. Et son gouvernement est, également, le seul à refuser de s’engager vraiment sur un retour à l’équilibre budgétaire.

Avec un budget 2003 au déficit prévu officiellement à hauteur de 2,6 % du PIB, déficit théorique égal à celui prévu pour 2002, le malheureux et valeureux ministre français de l’Économie et des Finances, M. Francis Mer, fait, plus encore que M. Solbes, figure d’accusé numéro un à la table de l’Eurogroupe.

M. Mer s’est refusé à toute déclaration à son arrivée à Luxembourg. Mais ses homologues n’ont pas manqué de le désigner.

Le Premier ministre luxembourgeois, M. Jean-Claude Juncker déclare officiellement que "le cas français est un vrai problème".

Le ministre finlandais M. Sauli Niinistoe formule la chose de la manière suivante : "Il est plus important de se demander ce que l’on va faire aujourd’hui que ce que nous pouvons promettre pour dans deux ou quatre ans".

Le ministre autrichien M. Grasser souligné que "les Européens avaient pris en juin à Séville la décision d’un retour de leurs finances publiques à l’équilibre ou près de en 2004. Le président français M. Jacques Chirac a pris cette décision avec nous et M. Francis Mer était dans la même pièce que moi à ce moment précis."

Le ministre espagnol de l’Économie, M. Rodrigo Rato a déclaré "la crédibilité de l’euro se gagnera sur ce que chacun fera en 2003".

On doit bien mesurer en effet que la grande préoccupation de la plupart de nos partenaires – c’est évidemment le cas de l’Espagne – est de voir la Grande Bretagne rejoindre l’euro.

Conscient que notre pays risquait d’être mis au pilori par ses partenaires, le Premier ministre français M. Jean-Pierre Raffarin avait tenté de prendre les devants en assurant que son gouvernement "tient beaucoup au respect des règles définies entre les pays européens". Interrogé à ce sujet par Le Progrès de Lyon, M. Raffarin a souligné — à juste titre — la part de responsabilité du précédent gouvernement socialiste la dérive financière française. "S’il y a un bonnet d’âne, ce n’est pas moi qui le porterai". La formule est heureuse.

Reste à faire comprendre très clairement à nos compatriotes.

1° que tout cela affaiblit dangereusement, et peut-être durablement, la position de la France en Europe ;

2° que l’assainissement budgétaire n’est pas une lubie des méchants Eurocrates mais qu’il est dans l’intérêt du peuple français ;

3° que l’on ne pourra pas jouer longtemps à cache-cache avec la nécessité d’en finir avec les excès de nos dépenses publiques et de nos prélèvements obligatoires franco-français.

Et, enfin qu'il est par conséquent nécessaire de faire avancer l'idée d'une Europe des Libertés.

JG Malliarakis

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