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COURRIER DES LIBERTÉS SOCIALES

LUNDI 21 OCTOBRE 2002

L’UNION EUROPÉENNE PEUT DIRE MERCI AUX 62 % D’IRLANDAIS QUI ONT VOTÉ OUI

Mais attention aux faiblesses du Traité de Nice.

(ci-dessus : M. Bertie Ahern Premier ministre irlandais)

L’Union Européenne peut sans doute se féliciter, ou plutôt se soulager, du succès au rattrapage du référendum irlandais permettant, à la fois, la ratification du Traité de Nice et, par conséquent, l’élargissement de l’Europe de 15 à 25 États Membres passant de 378 millions à 453 millions de consommateurs sinon de citoyens.

Pas plus que le référendum français sur Maastricht en 1992, le référendum irlandais 10 ans plus tard n’a permis aux eurosceptiques de déclencher la crise que redoutaient les euroconformistes.

Du point de vue de l’Europe des Libertés on doit cependant s’interroger, non sur le principe de l’élargissement, non sur la nécessité d’avancer dans l’union progressive de tous les pays européens, mais sur la pertinence de la méthode suivie.

Les arguments dominants dans la campagne des partisans du Oui en Irlande étaient révélateurs. On a beaucoup plus insisté sur l’intérêt économique le plus platement matérialiste que sur les hautes raisons européennes. Ce n’était pas faute de la part des pays d’Europe centrale, particulièrement de la Pologne, d’avoir lancé des appels ardents auprès de leurs frères catholiques d’Irlande. Ces manifestes polonais demandant d’ôter la dernière pierre du mur de Berlin ont bien été publiés à Dublin mais on s’est bien gardé d’en faire l’argument central. On s’est contenté de dire aux Irlandais : l’Europe est bonne à consommer reprenez-en un morceau.

Disons-le tout net : il est difficile d’aimer beaucoup cette rhétorique. Elle légitime par avance la démagogie inverse à la Blondel. L’Europe est accusée par les bureaucraties syndicales de notre pays gommer de merveilleux avantages sociaux dont bénéficient les personnels de nos bons vieux monopoles d’État – alors on freine le rapprochement indispensable de nos peuples.

Plus gravement encore on a pu mesurer combien les insuffisances de la pensée technocratique rédigeant en 1991 le traité de Maastricht, en 1997 celui d’Amsterdam et le fameux pacte de stabilité, en l’an 2000 le traité de Nice ont mis nos peuples devant le choix binaire de tout ou rien.

Ce choix n’est pas acceptable.

Pis encore : les rédacteurs de ces textes étaient largement inspirés par la technocratie française, par des gens privés de légitimité démocratique comme Jacques Delors ou Pascal Lamy ou par des vaincus du suffrage universel comme Juppé (1).

Ces gens discréditent la France auprès de ses partenaires. Dans la majorité des capitales européennes, la fausseté de leur raisonnement fait ricaner ou bien elle suscite l’irritation. Mais en France, à l’inverse, on trompe l’opinion en imputant à Bruxelles ce qui, hélas, vient bel et bien de Paris.

L’une des tares essentielles du Traité de Nice est de ne pas avoir aboli le droit de veto qui ne devrait plus exister que pour l’acceptation d’un nouvel État membre. Or, depuis 40 ans, ce droit de veto n’a été maintenu que par la volonté d’un pays qui s’était pourtant arrogé un rôle central au sein des institutions, c’est-à-dire la France.

Cependant, désormais, ce droit de veto ne profitera plus qu’aux hésitations d’un pays : celui dont la présence au sein de l’Europe est la plus problématique, c’est-à-dire pour ne pas la nommer : la Grande Bretagne.

Magnifique résultat, n’est-ce pas ?

Nous le devons en très grande partie aux 6 mois de présidence française du 1er juillet au 31 décembre 2000 où la grande intelligence de M. Juppé vint au secours du rôle nominal de M. Barnier.

M. Giscard d’Estaing et sa Convention pour l’Avenir des institutions nous en sortiront-ils ? On voudrait en être certain mais on est en droit d’en douter, dès lors que ne voit pas le jour un fort courant d’opinion, et d’action, en faveur de l’Europe des Libertés. Car seul un tel courant pourrait faire pression sur les hommes politiques et les technocrates.

L’élargissement à 25 n’a plus qu’une étape institutionnelle à franchir, le Conseil européen de la mi-décembre à Copenhague. (2).

L’Europe a besoin d’un sursaut. L’absurdité même de l’hypothèse avancée d’un nouvel échec du référendum irlandais, hypothèse démentie par 62 % des électeurs, nous montre qu’il serait temps de sortir des conceptions sociales démocrates, redistributrices et subventionnistes pour rendre à l’Union Européenne sa vocation qui est d’assurer la liberté de tous les peuples européens dans un monde où, à l’évidence, cette liberté demeure menacée.

JG Malliarakis

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(1) Ceci pour ne rien dire de Mme Édith Cresson.

(2) D’autres événements peuvent encore intervenir. Mais il n’est pas sûr qu’au lieu de faire reculer l’Europe ces événements ne renforcent pas au contraire la volonté d’avancer : qu’il s’agisse de la participation anglaise aux projets américains dans le Proche Orient ou d’un résultat inattendu des élections turques du 3 novembre…

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