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COURRIER DES LIBERTÉS SOCIALES

JEUDI 24 OCTOBRE 2002

NE NOUS TROMPONS PAS SUR LA RÉALITÉ DE LA SITUATION BOURSIÈRE

Et observons quelques coïncidences géopolitiques.

 

Nous avions commencé début octobre cette série de 3 articles (1) sur la situation boursière pour affirmer notre conviction que le système capitaliste n’est pas près de s’effondrer.

Entretemps les indices boursiers ont connu une évolution qui ne dément pas notre point de vue. Avec des oscillations, largement tributaires d’un événementiel nord-américain et proche-oriental inquiétant, et pour nous en tenir au seul indice français CAC 40 il est passé de 2 700 à 3 200 pour revenir à 3 100.

Au 1er octobre, les marchés boursiers des actions semblaient parfaitement catastrophiques : — 29 % à Paris entre juillet et septembre ; — 21 % à Londres ; — 37 % à Francfort ; — 17 % à New York, qui détermine en grande partie le reste.

Si on se reportait le même jour à la chronique du très sémillant M. Guaino (2) on apprenait même que, dans les dernières années "le miracle de la finance résidait souvent dans des jeux d’écriture. Les soi-disant Mozart de la finance étaient des illusionnistes qui avaient l’art de dissimuler le risque". L’excellent M. Henri Guaino, ancien commissaire général au Plan français (3) convergeait avec Libération et surtout avec Le Monde (2 octobre) qui poussait l’interrogation scientifique jusqu’à se demander, lui aussi en première page : "Jusqu’où la Bourse peut-elle descendre ?" en sous-entendant en fait que la crise prophétisée par le Programme de transition de Trotski, dès 1937, est en train de se réaliser.

Que penser alors, maintenant, du niveau global des capitalisations boursières ?

Le niveau actuel des cours a-t-il vocation à nouveau à descendre ?

Cela est possible puisque "tout est possible".

Mais l’investisseur réel, l’acheteur individuel d’un titre qui lui versera une rémunération de 7 à 12 euros par ans pour une valeur de 100 euros ne perdra par grand-chose dans le long terme même si, momentanément, son titre perdait encore 30 euros…

Tous les commentaires catastrophistes jetables ne corrigent pas l’examen de la colonne PER 2002 pour la séance (désastreuse, on en conviendra) du 30 septembre 2002 pour quelques valeurs françaises bien connues du public français comme Air Liquide, Aventis, BNP Paribas, Carrefour, Pernod Ricard, Galeries Lafayette allant de PER 8 à 15 et même Eurotunnel 7,82, etc.

Certes, un nombre trop important de sociétés françaises ne distribue pas de dividendes mais un nombre considérable est à des PER (4) allant de 8 à 15 ce qui veut dire que leurs titres rapportent tendanciellement entre 7 et 12 %. Lorsque ces entreprises ont toutes les caractéristiques de la solidité, du fait par exemple d’un groupe familial attaché à leur pérennité, etc. il devient clair qu’au niveau actuel très bas de leurs titres elles constituent un placement attrayant.

Faut-il dire que le niveau CAC 40 est catastrophique ? Par rapport au printemps 2000 c’est évident. Depuis le 1er janvier 2002, en 9 Mois certaines valeurs vedettes ont accouché de pertes vertigineuses : Alcatel – 87 %, Axa – 58 %, France Télécom – 84 %, etc.

Mais, en s’en tenant à ce seul indice CAC 40, et en considérant seulement ses valorisations les plus basses du début octobre, on remarquait quand même qu’à Paris (comme à Francfort) par rapport à l’année de référence 1987, les deux bourses, françaises et allemandes sont, aux alentours de 2 800 (5) soit un gain de 180 % en 15 ans.

Ainsi, au niveau apparemment catastrophique actuel, des indices 2 800 par rapport à une base 1 000 en 1987 représentent un rythme moyen d’augmentation de 7 % par an sur 15 ans. Mieux encore : supposons que le CAC 40 à Paris et le Dax à Francfort baissent d’encore 1 300 points d’ici la fin de décembre, soit 1 000 points de moins qu’au début octobre (6) eh bien entre fin 1987 et fin 2002 un indice 1 800 représenterait encore sur 15 ans une moyenne de progression annuelle de 4 %.

De plus, la rémunération, le bénéfice par action, à l’indice autour de 3 000 est devenue proportionnellement considérable, atteignant parfois plus de 10 % de la valeur du titre.

Si je calcule l’espérance de gain comme somme du bénéfice par action en 2002 + progression moyenne des 15 dernières années…

Avec des chiffres de cette nature, la rationalité économique commande d’acheter. On a du mal à imaginer que tous les actuels détenteurs de liquidités ne fassent pas très bientôt le même raisonnement et même qu’ils le fassent au niveau actuel, et même si la tension internationale demeure préoccupante.

Il serait désolant que cela soit associé au 11 anniversaire des bombardements massifs entrepris contre Bagdad en janvier 1991. Car janvier 1991, fut aussi, le commencement, après une forte baisse en 1990, d’une très forte période de hausse boursière.

Il est vrai qu’en janvier 2002, les élections intermédiaires américaines de novembre seront passées, qu’un nouveau gouvernement aura probablement été constitué à Ankara, et que le Ramadan sera passé.

Coïncidences géostratégiques, politiques et financières ?

Ce ne serait pas la première fois…

JG Malliarakis

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(1) cf. "La Conspiration, la Bourse et l’Histoire" du 7 octobre et "Poursuivons nos considérations boursières intempestives" du 15 octobre.

(2) Les Échos du 1er octobre en page 45.

(3) Le Commissariat général au plan français n’a-t-il fait ni (faux) "miracle" ni "illusion" ?

(4) Les Ratios de Capitalisation des Bénéfices ont pu être momentanément chahuté du fait de la réévaluation des résultats et des incertitudes comptables et, notamment, du scandale Enron. On ne peut pas imaginer qu’ils demeurent durablement au niveau très élevé de ces derniers temps, une fois éclairci le niveau des résultats connus.

(5) Elles avoisinaient les indices 4 000 encore en juillet.

(6) Ce qui mettrait le rendement de nombreux titres au niveau d’une rente de 12 et même de 15 % !

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