COURRIER DES LIBERTÉS SOCIALES
LUNDI 28 OCTOBRE 2002
LA SÉCURITÉ SOCIALE EST BIEN UN PROBLÈME FRANÇAIS MAJEUR
Un budget de prélèvements de 327 milliards deuros
LAssemblée Nationale élue si triomphalement en juin attaquait ce 28 octobre la discussion du projet de Loi de financement de la sécurité sociale pour lannée 2003. Ce devrait être loccasion ou (et ce pourrait être aussi) dun vrai débat ne se résumant pas à lhypothèse que les 400 députés de droite et du centre votent pour et que les diverses nuances de la gauche plurielle votent contre.
Rappelons en effet quil sagit de distribuer entre 3 branches de la prévoyance sociale un budget de prélèvements de 327 milliards deuros en hausse de 3,9 % par rapport aux prélèvements de lannée 2002 (1).
Les chiffres ont été diffusés officiellement le 15 octobre et il est curieux que les journaux naient guère insisté sur leur montant global. On sattache essentiellement au solde de cette énorme masse gélatineuse, ce quon appelle le trou. Cette année encore ce qui attire lattention cest tout particulièrement le déficit de lassurance maladie que lon espère contenir à hauteur de 7 milliards deuros, valeur tout à fait nominale puisquelle résultera de manipulations comptables de plus en plus opaques. De ce point de vue, depuis et malgré le premier rapport consacré au sujet par la Cour des Comptes, (2) non seulement la clarification demandée par la magistrature financière de lÉtat nest jamais intervenue, mais, bien plus, encore la complexité de la tuyauterie financière de cette usine à gaz quest la sécurité sociale na jamais cessé de se développer. Voilà un progrès quon ne saurait entraver.
Les grandes nouveautés de lannée ont été connues dès septembre, bien avant le dépôt du projet n° 250 enregistré le 9 octobre à la présidence de lassemblée.
On a fait communiquer le ministre Mattei sur ces propositions pointillistes et nos lecteurs savent ce quil faut en penser. Non la politique du médicament générique, non le déremboursement de quelques centaines de bons vieux remèdes traditionnels, non la taxation des cigarettes à hauteur de 15 % ou 20 % supplémentaires ne sauveront pas la sécurité sociale. (3)
Le gouvernement, lui, légifère dans lurgence. Il laissera 4 jours aux députés pour discuter les 73 pages du projet et les 250 amendements. On ignorait au départ si le vote final après létape du Sénat et la Commission mixte paritaire interviendrait le 5 ou le 6 novembre ; mais on connaissait déjà la réponse ! Et ce serait : oui.
En cette circonstance, le mariage sera décidé pour un an encore avec le système du lamentable plan Juppé de 1995, suivi des ordonnances signées Barrot en 1996, et de la première loi de financement votée pour 1997, 5 fois reconduite, rafistolée et rapiécée par les socialistes. Ce vieux système rongé aux mites ayant à terme lâge de raison est déjà gâteux, victime de la maladie dAlzheimer des systèmes planificateurs. Depuis son apparition lobjectif national des dépenses dassurance maladie a toujours été dépassé et il la été de plus en plus.
On fixe donc sa dérive pour 2003 à hauteur de 5 %. Mais ne nous leurrons pas, les dépenses de la branche vieillesse qui étaient de 136 milliards deuros pour 2002 demeurent plus préoccupantes. Celles de lassurance maladie qui sélèvent à 129 milliards deuros mais elles sont essentiellement couvertes par les cotisations des actifs.
En effet, les recettes de lensemble du système sont financées de plus en plus par limpôt et la parafiscalité. Sur 327 milliards deuros prévus en 2003, les cotisations effectives des assurés sociaux et des employeurs ne sélèvent quà 184 milliards mais on remarquera que les cotisations fictives et contributions publiques, cest-à-dire là aussi le budget de lÉtat, représentent par ailleurs 44 milliards.
En tout, le fiscalisme intervient au service de la sécurité sociale pour 143 milliards deuros cest-à-dire 10 % du produit intérieur brut de 2002, environ 4 fois le déficit de lÉtat, se rappelle un dernier chiffre celui de lannée 2002 : le budget lÉtat était de 266 milliards deuros soit 1 746 milliards de francs. Celui de la Loi de financement était de 315 milliards deuros soit 2 070 milliards de francs.
La sécurité sociale est donc bien le problème majeur de la France.
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(1) Prévus aux alentours de 315 milliards.
(2) Cétait en 1952, on pourrait et on devrait en fêter le cinquantenaire.
(3) Tout au plus en mettant le tabac à un tarif élevé on encouragera la contrebande qui a déjà commencé sur une base artisanale à se développer sur une base industrielle. Les professionnels de la fraude se substitueront aux amateurs. Dautres effets marginaux prendront leur essor, consommation du cannabis, ou même alcoolisme de substitution, ou enfin effet de démonstration chez les jeunes : fumer étant pour eux de plus en plus cher deviendra de plus en plus chic. Les effets bénéfiques à long terme sur les comptes des caisses de retraites seront évidemment très lents car si lalcool tue lentement, le tabac tue encore plus lentement. Mais comme disait Alphonse Allais " on sen fout, on nest pas pressé "
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