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COURRIER DES LIBERTÉS SOCIALES

VENDREDI 8 NOVEMBRE 2002

AU PAYS OU LES BUREAUCRATIES SYNDICALES ET LEUR DEMAGOGIE BLOQUENT TOUT

Sur l’échiquier complexe des élections prud'homales et des actions revendicatives la pièce centrale demeure la vieille CGT.

Ce 7 novembre, lors des débats de nuit à l’Assemblée nationale un incident révélateur s’est produit. Dans le cadre du débat budgétaire, le ministre de la Fonction publique, M. Delevoye, a fait passer un amendement-surprise réformant le régime des préretraites des fonctionnaires, ce que précisément les syndicats et les partis de gauche refusaient de discuter et même d’envisager.

Sur ce point de détail, on comprend la perspective dans laquelle agit le gouvernement car son système de pensions étatiques devient de plus en plus dangereusement coûteux (1).

Sur la forme, cette procédure subreptice révèle le déclin de notre démocratie puisqu’un gouvernement disposant d’une majorité parlementaire écrasante, (2) se voit contraint de biaiser pour éviter la réaction de bureaucraties syndicales en pleine fermentation et en préparation de grèves et mobilisation revendicatives.

En effet, dans la perspective du scrutin prud’homal du 11 décembre, les organisations syndicales s’agitent. Il s’agit pour elles tout d’abord de pouvoir rémunérer un nombre maximal de permanents selon le nombre de conseillers prud’homaux qu’elles parviendront à faire élire. Il y en aura 7 000 et, par exemple, un mouvement comme Force Ouvrière cherche depuis 1947 à se maintenir à la fois comme scission anticommuniste ou plutôt antistalinienne de la CGT et, depuis l’accession de Blondel au secrétariat général comme appareil noyauté par les trotskistes. Cette étrange alchimie la fait osciller au-dessus de 20 % des votants. Certes, dès le 12 décembre, on pourra à nouveau mesurer son implantation nationale. Par ailleurs Blondel cherche, lui, à se maintenir comme interlocuteur incontournable des pouvoirs publics, en se posant comme rival principal de la CGT et, aussi, comme employeur indirect des 1 000, 1 200 ou 1 500 élus émargeant au budget prud’homal que sa centrale réussira à caser en cette occasion.

Sur cet échiquier complexe, la pièce centrale demeure la CGT qui cherche à tout prix à faire échec à la lente montée de la CFDT, depuis l’époque d’Edmond Maire et son recentrage au milieu des années 1980. Après Kaspar et Notat, le successeur Chérèque ne s’est pas encore imposé et la surenchère cégétiste a pour but principal de l’affaiblir.

Toute cette cuisine oriente les bureaucraties syndicales vers une perspective entièrement contraire aux intérêts réels des 18 millions de salariés, de toutes les formes et de toutes les tailles d’entreprises que connaît ce pays mais également des chômeurs et des RMistes.

Les centrales syndicales et les pouvoirs publics raisonnent excessivement à la marge c’est-à-dire en fonction du 1/2 point gagné ou perdu sur l’intervalle de deux scrutins. Il est ainsi parfaitement clair que toute l’institution joue dans le sens de la démagogie et de la surenchère.

En particulier chacun sait aussi que les conseils de prud’hommes sont autant de machines à condamner l’employeur.

Dans de telles conditions on doit considérer deux points de vue.

Certes, d’une part, dans l’immédiat on ne peut que souhaiter un recul des deux bureaucraties les plus démagogiques, CGT stalinienne et Force Ouvrière trotskiste. Plus les élus marxistes seront affaiblis plus la société française pourra envisager de se libérer de cette infernale dialectique de lutte des classes qui empoisonnent encore tout débat.

Mais d’autre part, il faut clairement envisager la fin du système et l’apparition de vrais rapports de Droit faisant une plus grande part à la liberté des contrats, au libre choix des systèmes sociaux et à l’initiative individuelle.

Lisez au contraire la littérature syndicale (3). C’est la vieille CGT qui donne encore le ton. Elle réclame ce qu’elle appelle un nouveau statut du Travail salarié, pour tous, de 18 à 60 ans. Chaque mot pèse son poids.

Dans cette logique, il n'est pas question, par exemple, s’agissant des retraites, de laisser quiconque gagner plus ou épargner plus longtemps en travaillant au-delà de la date butoir. Pas question d’imaginer que les jeunes fassent leur trou, fondent une famille et pour pouvoir le faire, ne sauraient entreprendre un plan de capitalisation que vers 30 ou 35 ans, leur permettant d’épargner dans de bonnes conditions en vue de leurs vieux jours. Ce serait trop compliqué dans l’esprit de gens qui veulent réglementer à la place d’autrui. Ce serait aussi, à leurs yeux, trop libéral : trop individuel, laissant une trop grande place à la responsabilité et au libre choix de sa vie.

Laisser faire les Français serait pourtant le bon sens. C’est l’aspiration fondamentale des Européens.

Il y aura donc de plus en plus un hiatus entre la volonté profonde du peuple et la stratégie des bureaucraties syndicales.

Tout cela est évidemment très grave dans le contexte de la nécessaire adaptation de la France à l’inéluctable avènement d’une Europe des libertés.

Si on en retarde la mise en route dans la société française, dans la réglementation française, dans les institutions et dans le code du Travail, on gagnera surtout à pénaliser les Français et à assombrir les perspectives de la jeunesse.

JG Malliarakis

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(1) Et ce coût, qui sera grandissant dans les années à venir, découle de la combinaison entre le système de répartition et la fausse économie des cotisations dites fictives quoi font que l’État verse directement leur pension aux fonctionnaires à la retraite.

(2) Rappelons que le gouvernement et la majorité actuelles ont en face d'eux une opposition politique ridiculisée, décapitée, divisée entre verts, roses et rouges fanés.

(3) Et pas seulement celle de la CGT, hélas...

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