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COURRIER DES LIBERTÉS SOCIALES

JEUDI 21 NOVEMBRE 2002

L’IMPUNITÉ RÉCLAMÉE PAR LES PARTISANS DE BOVÉ

La provocation a assez duré

Il n’est sans doute ni fortuit ni dépourvu d’opportunité de considérer la coïncidence de la décision de la Cour de Cassation du 19 novembre avec la période actuelle d’agitation planifiée par les bureaucraties syndicales.

Même la vieille CGT en convient, par la bouche de son responsable des Droits et Libertés, le camarade Rennes (1) : "Il n’y a pas davantage de condamnations, ni une sévérité accrue des tribunaux en général. Le signal est clair : la répression se déclenche dès que l’action syndicale déborde de la grève traditionnelle."

Bien entendu, tous les commentaires sont possibles à partir d’une réalité juridique fort simple. La grève est reconnue comme expression d’un droit fondamental. C’est déjà beaucoup dès lors que l’on mesure les effets thromboses de certaines grèves sectorielles, corporatives dont le service public donne trop souvent l’exemple au mépris le plus souvent de la réglementation (préavis, piquets, etc.).

Au-delà du droit reconnu constitutionnellement à la grève légale, la violence syndicale est illégale et ne peut aboutir qu’à des condamnations.

Ceci pourrait être, devrait être rappelé, y compris par les médiats, à la veille annoncée de conflits chez les routiers. On nous présente en effet l’offensive des syndicats de camionneurs sous un angle favorable. Ils revendiquent "seulement" le 13e mois pour tous, les 35 heures payées 39 pour tous, la retraite à 55 ans "pour toute la profession" et la suppression de la carence pour congé maladie. Dans l’esprit des lecteurs bien intentionnés de la presse bien pensante, comment oserait-on s’y opposer, n’est-ce pas ? Peu importe à ces bons lecteurs, assis dans leurs fauteuils, que de telles réglementations nouvelles soient de nature à liquider les dernières petites entreprises françaises face à la concurrence européenne…

Mais surtout la menace d’une grève des camionneurs annoncée depuis des semaines comme susceptible de commencer en France le 22 novembre est assortie d’une menace bien parlante à la veille des fêtes et de la grande activité commerciale de décembre : c’est la menace du blocage des routes.

Depuis 1996 un tel blocage, — totalement illégal depuis qu’il existe un Code de la Route, — a vu son dispositif pénal renforcé. Si on applique la loi, il n’est tout simplement pas possible.

Or, la mobilisation gauchiste autour de Bové a pour objet :

Sarkozy sera désigné comme un affreux fasciste et le procureur général de Montpellier comme un affreux réactionnaire.

Jusqu’au bout, le comportement de Bové montre une absence totale de respect pour la légalité.(2)

Ainsi donc, M. Bové ment délibérément quand il déclare : "la dernière fois que des syndicalistes ont été emprisonnés, c’était sous le régime de Vichy" (3).

Bien entendu, l’enjeu est tout autre. Mme Annie Coupé, fondatrice du syndicat gauchiste SUD ose ainsi commenter la décision de la Cour de Cassation : "Quatorze mois, dit-elle, c’est lourd pour une action qui a fait si peu de dégâts matériels. Et pour un dirigeant syndical emblématique de beaucoup de combats du mouvement social."

Mais précisément, Mme Coupé, ce n’est pas pour "une" action que Bové a été jugé. C’est pour une suite continue et croissante de violences, d’illégalités, d’atteintes (4) aux propriétés de petits entrepreneurs : le McDonald’s qui a fait sa célébrité n’appartenait même pas à la chaîne elle-même mais à un restaurateur indépendant affilié, etc.

Et si le camarade Bové, en bon gauchiste, se croit intouchable, s’il croit dur comme fer que ses actes sont par définition "légitimes", même lorsqu’ils sont illégaux, il est du devoir de la Justice de lui retirer cette illusion démentielle et hystérique du crâne non pas "en dépit" de sa personnalité emblématique mais "en raison" de ce caractère exemplaire.

On ne peut pas laisser impunément les voyous trotskistes jouer à Robin des Bois.

On ne peut pas non plus accepter qu’il joue comme il le fait avec les lenteurs de la Justice.

On notera ainsi qu’entre ce 19 novembre où la Cour de Cassation a rejeté son pourvoi et le moment où l’on estime que la décision sera officiellement sur le bureau du Procureur de Montpellier, il est prévu un délai inouï d’une semaine (5). Jouant sur ce délai d’une semaine, Bové multiplie agitations, déplacements et déclarations, comme si de rien n'était, continuant à provoquer (6).

Observez bien la manière dont Libération (édition du 20 novembre) suivi dans l’après midi de la rédaction trotskiste du Monde (édition datée du 21 novembre) pose le problème Bové : Chirac est mis en accusation d’emblée s’il ose ne pas le gracier ! Le Monde a même pour cela édité des affichettes!

Or, le chef de l’État, dès le 14 juillet, avait eu le courage, auquel nous ne nous attendions franchement pas, d’écarter l’hypothèse inique d’une amnistie intuitu personae.

Aujourd’hui, voilà le chef de l'État au pied du mur car le droit de grâce est par définition à la fois privilège régalien indiscutable et il s'exerce intuitu personae.

JG Malliarakis
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(1) Cité par Libération du 20 novembre.

(2) Le parallèle est assez éloquent si on le compare aux violences reprochées entre 1986 et 1996 au CDCA et à son chef d’alors, Christian Poucet (mystérieusement assassiné depuis) : les actions du CDCA cherchaient toujours, même dans leurs dérives, à s’inscrire dans d’étroites limites. Elles ont été réprimées d’une manière systématique, odieuse et partiale. Non seulement les actuels défenseurs de Bové n’y ont rien trouvé à redire, mais ils se sont employés, de connivence avec les réseaux de M. Juppé, particulièrement dans la période 1995-1997, à les diaboliser. Poucet et son CDCA étaient en effet coupables à l’avance d’être réactionnaires — et toute la déclinaison fantasmagorique de "l’ultra libéralisme fasciste poujadiste corporatiste dont 15 % des adhérents votaient Front National". Des Français en quelque sorte : de mauvais Français.

(3) Ce discours ridicule a été tenu le 19 novembre devant ses partisans rassemblés face au Palais de Justice de Millau.

Ridicule ? Son auteur a accompli les exploits qui ont amené sa condamnation, devenue définitive, à 14 mois de prison sous prétexte de sauvegarder la culture du riz qu’il croit naturelle à la Camargue. Lorsque le 5 juin 1999, en effet, lorsqu’à la tête d’un commando il détruisit les plants de riz transgénique du CIRAD à Montpellier, tel est le motif invoqué ! Eh bien, ce professionnel de la mémoire devrait savoir que le riz camarguais, marque coopérative Taureau Ailé, n’est nullement un don de Dame Nature. C’est au contraire le sous-préfet d’Arles, nommé par le gouvernement de Vichy en 1941, l’écrivain Jean des Vallières, qui est à l’origine de ce mauvais coup porté aux agricultures exportatrices du delta du Mékong.

Ridicule ? Si le régime de l’État français entre 1940 et 1944 a réprimé un certain nombre de ses adversaires, on ne peut pas dire que cette répression ait particulièrement visé les syndicalistes. Rappelons à M. Bové que le ministre du Travail était René Belin ancien secrétaire général de la CGT. Bové confond ici syndicalisme et trotskisme.

(4) Voici la liste des condamnations infligeés à Bové : jusqu'ici presque toujours avec sursis ou dispense de peine.

(5) Le fax marche mal dans ce sens sur les lignes du monopole France Télécom. Il va beaucoup plus vite du bureau de certains télémagistrats aux salles de rédaction… On a dans cette affaire l'impression de se retrouver en 1804 où la loi était éxécutoire dans un délai de 1 jour par 100 km de distance avec Paris.

(6) Nous ne dissocions pas José Bové du mouvement Attac, dont sa Confédération Paysanne est une composante. Son camarade Dufour lui a cédé la place médiatique de porte-parole de la Confédération pour occuper la fonction de vice-président d’Attac. Ce sigle n’est pas anodin. Attac, ce n’est pas une association de défense c’est au contraire une formation qui se veut offensive et accusatrice, feignant d’oublier tous les crimes commis au nom des diverses formes de l’utopie communiste dont elle rassemble les survivants non repentants.

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