Il nest sans doute ni fortuit ni dépourvu dopportunité de considérer la coïncidence de la décision de la Cour de Cassation du 19 novembre avec la période actuelle dagitation planifiée par les bureaucraties syndicales.
Même la vieille CGT en convient, par la bouche de son responsable des Droits et Libertés, le camarade Rennes (1) : "Il ny a pas davantage de condamnations, ni une sévérité accrue des tribunaux en général. Le signal est clair : la répression se déclenche dès que laction syndicale déborde de la grève traditionnelle."
Bien entendu, tous les commentaires sont possibles à partir dune réalité juridique fort simple. La grève est reconnue comme expression dun droit fondamental. Cest déjà beaucoup dès lors que lon mesure les effets thromboses de certaines grèves sectorielles, corporatives dont le service public donne trop souvent lexemple au mépris le plus souvent de la réglementation (préavis, piquets, etc.).
Au-delà du droit reconnu constitutionnellement à la grève légale, la violence syndicale est illégale et ne peut aboutir quà des condamnations.
Ceci pourrait être, devrait être rappelé, y compris par les médiats, à la veille annoncée de conflits chez les routiers. On nous présente en effet loffensive des syndicats de camionneurs sous un angle favorable. Ils revendiquent "seulement" le 13e mois pour tous, les 35 heures payées 39 pour tous, la retraite à 55 ans "pour toute la profession" et la suppression de la carence pour congé maladie. Dans lesprit des lecteurs bien intentionnés de la presse bien pensante, comment oserait-on sy opposer, nest-ce pas ? Peu importe à ces bons lecteurs, assis dans leurs fauteuils, que de telles réglementations nouvelles soient de nature à liquider les dernières petites entreprises françaises face à la concurrence européenne
Mais surtout la menace dune grève des camionneurs annoncée depuis des semaines comme susceptible de commencer en France le 22 novembre est assortie dune menace bien parlante à la veille des fêtes et de la grande activité commerciale de décembre : cest la menace du blocage des routes.
Depuis 1996 un tel blocage, totalement illégal depuis quil existe un Code de la Route, a vu son dispositif pénal renforcé. Si on applique la loi, il nest tout simplement pas possible.
Or, la mobilisation gauchiste autour de Bové a pour objet :
- - premièrement de tourner la loi en dérision
- - et deuxièmement de mettre en suspicion et même en accusation ceux qui appliqueront la loi.
Sarkozy sera désigné comme un affreux fasciste et le procureur général de Montpellier comme un affreux réactionnaire.
Jusquau bout, le comportement de Bové montre une absence totale de respect pour la légalité.(2)
Ainsi donc, M. Bové ment délibérément quand il déclare : "la dernière fois que des syndicalistes ont été emprisonnés, cétait sous le régime de Vichy" (3).
Bien entendu, lenjeu est tout autre. Mme Annie Coupé, fondatrice du syndicat gauchiste SUD ose ainsi commenter la décision de la Cour de Cassation : "Quatorze mois, dit-elle, cest lourd pour une action qui a fait si peu de dégâts matériels. Et pour un dirigeant syndical emblématique de beaucoup de combats du mouvement social."
Mais précisément, Mme Coupé, ce nest pas pour "une" action que Bové a été jugé. Cest pour une suite continue et croissante de violences, dillégalités, datteintes (4) aux propriétés de petits entrepreneurs : le McDonalds qui a fait sa célébrité nappartenait même pas à la chaîne elle-même mais à un restaurateur indépendant affilié, etc.
Et si le camarade Bové, en bon gauchiste, se croit intouchable, sil croit dur comme fer que ses actes sont par définition "légitimes", même lorsquils sont illégaux, il est du devoir de la Justice de lui retirer cette illusion démentielle et hystérique du crâne non pas "en dépit" de sa personnalité emblématique mais "en raison" de ce caractère exemplaire.
On ne peut pas laisser impunément les voyous trotskistes jouer à Robin des Bois.
On ne peut pas non plus accepter quil joue comme il le fait avec les lenteurs de la Justice.
On notera ainsi quentre ce 19 novembre où la Cour de Cassation a rejeté son pourvoi et le moment où lon estime que la décision sera officiellement sur le bureau du Procureur de Montpellier, il est prévu un délai inouï dune semaine (5). Jouant sur ce délai dune semaine, Bové multiplie agitations, déplacements et déclarations, comme si de rien n'était, continuant à provoquer (6).
Observez bien la manière dont Libération (édition du 20 novembre) suivi dans laprès midi de la rédaction trotskiste du Monde (édition datée du 21 novembre) pose le problème Bové : Chirac est mis en accusation demblée sil ose ne pas le gracier ! Le Monde a même pour cela édité des affichettes!
Or, le chef de lÉtat, dès le 14 juillet, avait eu le courage, auquel nous ne nous attendions franchement pas, décarter lhypothèse inique dune amnistie intuitu personae.
Aujourdhui, voilà le chef de l'État au pied du mur car le droit de grâce est par définition à la fois privilège régalien indiscutable et il s'exerce intuitu personae.
JG Malliarakis
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(1) Cité par Libération du 20 novembre.
(2) Le parallèle est assez éloquent si on le compare aux violences reprochées entre 1986 et 1996 au CDCA et à son chef dalors, Christian Poucet (mystérieusement assassiné depuis) : les actions du CDCA cherchaient toujours, même dans leurs dérives, à sinscrire dans détroites limites. Elles ont été réprimées dune manière systématique, odieuse et partiale. Non seulement les actuels défenseurs de Bové ny ont rien trouvé à redire, mais ils se sont employés, de connivence avec les réseaux de M. Juppé, particulièrement dans la période 1995-1997, à les diaboliser. Poucet et son CDCA étaient en effet coupables à lavance dêtre réactionnaires et toute la déclinaison fantasmagorique de "lultra libéralisme fasciste poujadiste corporatiste dont 15 % des adhérents votaient Front National". Des Français en quelque sorte : de mauvais Français.
(3) Ce discours ridicule a été tenu le 19 novembre devant ses partisans rassemblés face au Palais de Justice de Millau.
Ridicule ? Son auteur a accompli les exploits qui ont amené sa condamnation, devenue définitive, à 14 mois de prison sous prétexte de sauvegarder la culture du riz quil croit naturelle à la Camargue. Lorsque le 5 juin 1999, en effet, lorsquà la tête dun commando il détruisit les plants de riz transgénique du CIRAD à Montpellier, tel est le motif invoqué ! Eh bien, ce professionnel de la mémoire devrait savoir que le riz camarguais, marque coopérative Taureau Ailé, nest nullement un don de Dame Nature. Cest au contraire le sous-préfet dArles, nommé par le gouvernement de Vichy en 1941, lécrivain Jean des Vallières, qui est à lorigine de ce mauvais coup porté aux agricultures exportatrices du delta du Mékong.
Ridicule ? Si le régime de lÉtat français entre 1940 et 1944 a réprimé un certain nombre de ses adversaires, on ne peut pas dire que cette répression ait particulièrement visé les syndicalistes. Rappelons à M. Bové que le ministre du Travail était René Belin ancien secrétaire général de la CGT. Bové confond ici syndicalisme et trotskisme.
(4) Voici la liste des condamnations infligeés à Bové : jusqu'ici presque toujours avec sursis ou dispense de peine.
18 février 1998 : 8 mois de prison avec sursis par le tribunal correctionnel d'Agen pour la destruction d'un stock de semences transgéniques dans le Lot-et-Garonne.
20 octobre 1998 : le tribunal de Tahiti le reconnaît coupable d'entrave volontaire à la navigation ou à la circulation d'aéronef mais il est dispensé de peine.
27 octobre 1999 : le tribunal correctionnel de Rodez le reconnaît coupable, avec 8 membres de la Confédération paysanne, de "violence en réunion". En mars 1999, ils avaient sequestré 3 fonctionnaires de la préfecture mais il est dispensé de peine.
13 septembre 2000 : 3 mois de prison ferme par le tribunal correctionnel de Millau pour la destruction du McDonald's en août 1999. Le 22 mars 2001, la cour d'appel confirme la peine, et le condamne à 6 000 francs d'amende pour la séquestration de Rodez. Son pourvoi en cassation rejeté, il est incarcéré à la prison de Villeneuve-lès-Maguelone, du 19 juin au 1er août. Soit 42 jours et le début de la gloire.
15 mars 2001 : 10 mois de prison avec sursis par le tribunal correctionnel de Montpellier pour la destruction de plants de riz transgénique en juin 1999.
20 décembre 2001 : la cour d'Appel de Montpellier le condamne à 6 mois de prison ferme et à 7 622,45 euros d'amende.
22 octobre 2002 : le tribunal correctionnel de Foix le condamne à 100 jours-amende d'un montant de 30 euros par jour, pour le fauchage, en avril 2000 dans l'Ariège, d'un champ expérimental de colza transgénique.
19 novembre 2002 : son pourvoi en Cassation dans l'affaire du 15 mars 2001 à Montpellier est rejeté.
(5) Le fax marche mal dans ce sens sur les lignes du monopole France Télécom. Il va beaucoup plus vite du bureau de certains télémagistrats aux salles de rédaction On a dans cette affaire l'impression de se retrouver en 1804 où la loi était éxécutoire dans un délai de 1 jour par 100 km de distance avec Paris.
(6) Nous ne dissocions pas José Bové du mouvement Attac, dont sa Confédération Paysanne est une composante. Son camarade Dufour lui a cédé la place médiatique de porte-parole de la Confédération pour occuper la fonction de vice-président dAttac. Ce sigle nest pas anodin. Attac, ce nest pas une association de défense cest au contraire une formation qui se veut offensive et accusatrice, feignant doublier tous les crimes commis au nom des diverses formes de lutopie communiste dont elle rassemble les survivants non repentants.
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