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BULLETIN EN TOUTE LIBERTÉ

MARDI 26 NOVEMBRE 2002

DE TOUS NOS SERVICES PUBLICS LE PLUS RETARDATAIRE EST CELUI DE L’ÉDUCATION

Le mieux serait de promouvoir une offre alternative d’écoles vraiment libres

Parmi les mouvements de grèves en séries (1), un service public n’est pas à l’unisson des autres en ce 26 novembre. Alors que la SNCF, Air France, une partie de la RATP et des transports en commun de province manifestent, l’école d’État a prévu d’autres points de mobilisation et s’est déjà rassemblée.

Il est vrai que les uns s’agitent en vue des élections prud’homales du 11 décembre alors que les enseignants voteront, eux, le 1er décembre pour désigner les comités paritaires contrôlant les carrières.

Il convient tout de même de rassurer les adorateurs du service public et de la laïcité. Entre la CGT des grandes entreprises d’État et la FSU aujourd’hui majoritaire dans l’École laïque et obligatoire il n’existe aucune divergence philosophique. La différence ne tient qu’au calendrier.

Or, dans l’échelonnement du matraquage propagandiste, la grande affaire pour l’Éducation nationale aura été le Salon de l’Éducation (2) Il a accueilli cette année, nous dit-on, plus de 520 000 visiteurs, c’est-à-dire presque autant que le Salon de l’Agriculture, manifestation traditionnellement préférée des Parisiens qui en accueille environ 600 000.

cf dans nos archives à propos de l'école...

Les veaux et les moutons de l’école publique voient donc se dessiner devant eux une grande fresque qui se veut récupératrice de la modernité. C’est en effet sûrement parce que la France a voté la Déclaration de 1789, l’école laïque et obligatoire de Jules Ferry en 1882 et le préambule de la Constitution de 1946 que l’on fabrique, dans le monde, — depuis 1984 en grande série — des ordinateurs individuels et que l’on envoie des fusées dans l’espace. Chacun d’entre nous sait parfaitement qu’il n’en est pas ainsi mais il faut à tout prix enseigner la jeunesse dans les grands dogmes de notre république.

Une étonnante distorsion est en train de se faire jour cependant, au sein du corps enseignant. Elle tourne autour de la grande utopie du Collège unique. Tous les sondages réalisés depuis 2 ans, aussi bien auprès des jeunes professeurs que de l’ensemble des 750 000 membres du corps enseignant, soulignent que plus de 60 % des professionnels au contact quotidien des élèves ont cessé de croire en l’avenir de cette illusion égalitaire (3). Mais quand un ministre de gauche, M. Luc Mélenchon, a cru pouvoir montrer combien illusoire et hypocrite était le maintien, d’ailleurs de pure apparence, de ce système en perdition, on a mobilisé la grande prêtresse Jack Lang pour bloquer toute promotion véritable de l’enseignement professionnel.

Ce blocage fonctionne au détriment des 695 000 jeunes Français orientés vers une filière professionnelle dévalorisée, mais aussi probablement d’une bonne partie des 1 500 000 élèves des lycées généraux, qui gagneraient à bénéficier d’une formation plus orientée vers l’entreprise.

Le système produit par ailleurs chaque année 53 000 déserteurs qui tout simplement disparaissent du dispositif sans aucune qualification et dont on se représente aisément le handicap dont ils vont souffrir dans notre société.

Le dogme du service public éducatif français reste encore le plan Langevin-Wallon élaboré sous influence marxiste et même stalinienne en 1944.

Il est important de rappeler que les deux volets principaux de ce programme ont été imposés respectivement :

Ceci représente d’ailleurs paradoxalement la meilleure chance de liquidation du collège unique : ayant été instauré par la droite, on peut imaginer qu’une partie de la gauche s’en désolidarise.

Hélas, les porte-parole des bureaucraties syndicales ne l’entendent pas ainsi.

À la FSU communiste comme à l’UNSA-Éducation (4), on veut s’accrocher à la notion fausse d'un unique modèle égalitaire. Or celui-ci est condamné, aussi bien par la diversification nécessaire des filières, que par l’évolution des techniques ainsi que par les professeurs eux-mêmes.

L’offre syndicale étant essentiellement monopoliste, le choix étant restreint entre la gauche et l’extrême gauche, avec une toute petite option minoritaire de centre gauche, il faudra encore attendre longtemps avant que la réforme soit portée par un courant intérieur du système.

De tous les services publics à la française, le plus retardataire reste encore celui de l’Éducation nationale. Le mieux serait que chacun en soit bien convaincu afin de promouvoir le plus rapidement possible une offre alternative d’écoles vraiment libres.

JG Malliarakis

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(1) Plus médiatiquement annoncés que réellement constatés.

(2) Il était organisé à Paris du 20 au 24 novembre sous la houlette de la vieille Ligue de l’enseignement

(3) On trouve cependant une opinion différente chez les élèves et auprès d’une partie des familles qui veulent encore croire aux dogmes bien pensants.

(4) Ancienne Fédération de l’éducation nationale proche des socialistes et des laïcistes.