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COURRIER DES LIBERTÉS SOCIALES

LUNDI 2 DECEMBRE 2002

UNE AVANCEE DES COURANTS LES PLUS RADICAUX DE LA GAUCHE FRANÇAISE

Elle est révélée par les nouvelles orientations du Mouvement Attac

(ci-dessus MM. Lipietz, Strauss-Kahn et Nikonoff)

Cette fin de semaine du 30 novembre et 1er décembre aura véritablement souligné pour la gauche française une avancée significative des courants les plus radicaux, je veux dire les plus radicalement néo-marxistes.

Chez les Verts, par exemple, réunis à la Cité des Sciences de La Villette pour préparer leur congrès qui se tiendra à Nantes, le courant représenté par Lipietz s’est affirmé comme le plus influent auprès des 5 000 militants encore englués dans le parti : près de 30% pour Lipietz, contre 24% seulement pour Mamère, les défenseurs de l’environnement ne comptabilisant plus que 22%. On avait pourtant cru remarquer, lors de sa candidateure avortée à l'élection présidentielle, combien Lipietz est déconnecté de la réalité : peu importe à la petite secte.

Au parti socialiste, un courant semble aussi se développer désormais : le courant de rejet de Laurent Fabius, supposé incarner à lui seul le libéralisme économique mondial. Le slogan TSF, Tout Sauf Fabius, profite à ses rivaux et, ma foi, un Strauss-Kahn, opportuniste absolu qui (1) ne dédaigne pas l’argent, a commis lui aussi sa phrase historique. Il "partage l’analyse des mouvements antimondialistes" : c’est nouveau, ca vient de sortir de sa bouche, ce samedi 30 novembre, lors d’une rencontre nationale du PS à Paris sur "la régulation de l’économie en France, en Europe et dans le monde". Il a réitéré cette nouvelle orientation personnelle le lendemain dimanche 1er décembre au sein de son propre club, Socialisme et Démocratie, affirmant regretter d’avoir préconisé la privatisation d’EDF. Au sein du même parti, une brillante nouvelle gauche autour de gens comme Dray ou Emmanuelli prétend rassembler 500 militants, ce qui semble énorme…

Mais c’est évidemment hors du PS, hors des Verts, et contre l’héritage du gouvernement Jospin, que s’exprime, de façon résolument archaïque, le courant de sectarisme et de radicalité en voie de s’emparer de la gauche française.

Le signal en avait été donné de façon significative lors de la manifestation cégétiste soi disant unitaire pour la défense des services publics du 26 novembre. Les anciens ministres socialistes Vaillant, Guigou et Ségolène Royal y furent houspillés et bousculés par le service d’ordre cégétiste et par les trotskistes.

La seule excuse invoquée par les organisateurs de ce traquenard était que les socialos n’étaient pas venus au bon rendez-vous qui leur aurait permis d’éviter de se frotter aux énergumènes de la base.

Certes, on peut donc se demander aujourd’hui si les staliniens sont encore en mesure de damer le pion aux trotskistes et de ce point de vue je n’exprimerais aucun regret car Staline et Trotski, c’est pareil (2).

Le véritable creuset de la réconciliation des deux tendances, ce n’est pas un mystère, à peine un complot, c’est le mouvement Attac, au sein duquel les amis de M. Krivine voisinent avec les fossiles du parti communiste. Mais, attention, aussi bien Cassen, fondateur de l’organisation et administrateur du Monde Diplomatique, collaborateur du Monde depuis 1967, que Nikonoff, nouveau président propulsé ce 1er décembre à La Rochelle à la tête du mouvement, demeurent en fait, dans leur crâne, pétris de marxisme des vieux compagnons de route du stalinisme.

Dans mon bulletin du 7 juin, je rappelai la carrière de Nikonoff au sein du parti communiste. Je ne puis donc que m’inscrire en faux contre l’assertion de Libération (3) affirmant qu’il a rendu sa carte du parti communiste en 1984, lors de la défaite municipale d’Aulnay-sous-Bois. Dix-sept ans plus tard, il intervenait dans les travaux préparatoires du congrès de 2001, où certes il n’était pas content de la ligne Robert Hue Marie-Georges Buffet. Mais quel est le communiste ou le marxiste satisfait de Robert Hue ? Le nain de jardin n’amuse vraiment que Bernard Tapie.

Sans aucune référence à une quelconque démocratie interne, l’apparatchik Nikonoff, communiste et fils de communiste, a donc mis la main sur un mouvement de 28 000 militants agglomérant tout ce qui en France prétend contester la mondialisation et tout ce qui en réalité aspire à détruire notre société, à commencer par le camarade Bové, bien entendu.

Pour avoir un petit aperçu de sa doctrine on se plongera simplement dans sa rhétorique contre Raffarin qu’il accuse de vouloir "ruiner la France et les Français", aussi bien du fait des réformes futures des retraites ou de l’assurance maladie que de la situation, affreuse, nous assure-t-on, faite aux malheureux sans papiers. Quant au gouvernement Jospin, il a été "le plus grand privatiseur de la Ve République", ce qui, factuellement, a les apparences de la vérité mais dont nous ne tirons à vrai dire pas les mêmes conclusions.

Faut-il voir un danger dans cette poussée marxiste et gauchiste ? Assurément.

Mais le péril ne vient pas de ce que ces gens seraient à la veille de leur grand soir. Il vient de la vraie nature de l’idéologie dominante, à droite comme à gauche, dans notre pays : une pensée unique antilibérale, engluée dans le XIXe siècle…

JG Malliarakis

Dans nos archives : sur Attac

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(1) Sauf erreur de ma part, erreur qu’il voudra bien me pardonner, j’en suis sûr.

(2) C’est la seule intuition dont je reconnais le génie à André Breton.

(3) Daté du 2 décembre.

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