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COURRIER DES LIBERTÉS SOCIALES

LUNDI 23 DECEMBRE 2002

SUR LA QUESTION DU DECLIN, RAFFARIN A RAISON

Quand toutes les indicationssoulignent le déclin du pays, le vrai patriotisme ne consiste pas à ergoter sur la valeur scientifique comparée des indices.

Le 20 décembre, à Poitiers, le Premier ministre M. Jean-Pierre Raffarin a eu le courage de reconnaître que, depuis plusieurs années, "le recul de notre pays est réel". Clôturant les assises (1) de l’Agence française de la promotion des investissements internationaux en France, il reprenait un thème de la campagne présidentielle de Jacques Chirac, thème rapidement éclipsé depuis l’élection.

M. Jean-Pierre Raffarin considère que la France devra, "dans les dix prochaines années", retrouver la première place en Europe pour les investissements étrangers, place qu’elle a perdue au profit du Royaume-Uni.

Le chef du gouvernement interviendra aussi, le 14 janvier à Tours et l’on s’attend à ce qu’il reprenne et développe son propos. L’occasion sera celle de l’assemblée générale du Medef, qui doit reconduire Ernest-Antoine Seillière comme président.

Cette circonstance éclaire d’ailleurs la manière dont on se pose trop souvent la question en haut lieu, sinon dans l’esprit de M. Raffarin, du moins dans la façon de voir de la plupart de nos chers énarques qui définissent le "libéralisme" comme la "politique favorable aux grandes entreprises".

Si le "libéralisme" c’est cela, on ne doit pas s’étonner de la timidité de la manière dont ils remettent en cause les acquis du socialisme. Ils se contentent ainsi de l’assouplissement des 35 heures et de la suspension de certaines dispositions de la loi de janvier 2002 dite de "modernisation sociale".

Assouplir… Suspendre… Mais non abolir les faux principes ni abroger les mauvaises lois.

M. Raffarin envisage certes d’autres mesures qui seront inscrites dans le projet sur la création et la transmission d’entreprises. Ce texte sera examiné par l’Assemblée nationale le 4 février. Également une loi sur l’innovation sera débattue au printemps.

Gageons cependant que le bilan n’en sera pas considérable, en raison de la réticence des bureaux et de nombreux ministres, très peu désireux de perdre l’estime d’une gauche qui ergote volontiers à propos du déclin de la France.

La gauche en effet remet souvent en cause ce genre de diagnostic sur le recul de l’économie française parce qu’elle sent bien que si l’opinion en général en prenait conscience ce serait au détriment de l’impact de la gauche dans l’électorat puisque, comme l’insécurité, ce sont bien les 20 années de primat du socialisme qui en portent la responsabilité.

Mais il serait hasardeux de croire que les socialistes ignorent la réalité du phénomène. Ils ne veulent pas qu’on en parle c’est tout.

En 1999 et en 2000, par exemple, MM. Jospin, Strauss-Kahn et Fabius avaient commandé divers rapports sur le sujet. L’actuel solférinodactyle (2) François Hollande avait suggéré, le 3 avril 2002, des baisses de charges sociales pour les cadres supérieurs étrangers. Une telle mesure étonnamment discriminatoire à l’endroit des Français était proposée par le premier secrétaire du parti socialiste dans le but de renforcer l’attractivité du territoire français.

Mais depuis que, le 13 novembre, le World Economic Forum (3), a publié son palmarès de la compétitivité établissant que la France a perdu une dizaine de places entre 2000 et 2001, il est de mauvais goût, paraît-il, de penser que la situation pourrait être alarmante.

Le Monde (22 novembre) affirme ainsi gravement : "Il n’y a pas d’accord entre les économistes sur la mesure de la compétitivité, qui n’est pas une variable utilisée dans les modèles théoriques. Des organismes ont cependant établi des indices synthétiques de compétitivité à partir desquels ils font des classements, comme le WEF et l’Institute for Management Development. Dans ses travaux publiés en avril 2002, l’IMD juge que la France se place entre l’Estonie et l’Espagne au 22e rang sur 49 pays étudiés, en progression par rapport au 25e rang qu’elle occupait l’an dernier. À l’inverse, le WEF estime que la France a reculé de dix places, pour se placer au 30e rang des 80 pays étudiés, entre la Hongrie et la Thaïlande."

De tels écarts, écrit le quotidien de la pensée unique, "soulèvent la question de la crédibilité de ces indices". Et de souligner les divers modes de calculs utilisés pas les économètres, les statisticiens d’Eurostat, les experts de l’OCDE.

C’est une manière assez perfide de noyer le poisson.

Les indices de compétitivité, d’attractivité ou même de libertés économiques ne donnent à l’évidence que des indications.

Quand toutes ces indications concordent, et qu’elles soulignent le déclin de notre pays, le vrai patriotisme ne consiste pas à ergoter sur la valeur scientifique comparée des indices, mais à retrousser nos manches pour redresser le pays.

JG Malliarakis

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(1) Créées par le gouvernement Jospin.

(2) Cette expression gracieuse désignant M. François Hollande est l’invention de son camarade de parti M. Emmanuelli. "Voyez comme ils s’aiment."

(3) Groupe organisateur des réunions de Davos.

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