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COURRIER DES LIBERTÉS SOCIALES

MARDI 24 DECEMBRE 2002

L’écœurant détournement de Noël par l’Occident matérialiste

Il ne se situe pas seulement sur le terrain religieux

En cette veille de Noël je n’aurai pas l’outrecuidance de me situer sur un terrain de polémique religieuse. Et je l’aurai d’autant moins que le quotidien de la pensée unique (1) a consacré un dossier destiné à nous démontrer que Noël n’est plus une fête chrétienne.

Mes amis économistes s’étonneront donc peut-être du peu d’enthousiasme que suscite la livraison de Capitalisme Magazine qui, en cette fin décembre, enfonce le même à l’usage du public nord-américain et anglo-saxon, ceci au nom de la stricte observance des admirateurs de Ayn Rand. Je résume ainsi leur message : pour un Noël résolument commercial, consommatique et sans complexes. Désormais le Noël américain, le Noël du Père Noël aux couleurs de coca-cola nous dit-on, devrait appartenir aux juifs et aux musulmans, dans une orgie de foie gras et de dinde aux marrons.

Évidemment, je ne cacherai pas que ceci me paraît un détournement typique du mondialisme. Les mêmes qui s’acharnent à faire entrer la Turquie en Europe sont en train de nous dire, contre toute vérité, que Noël n’est pas cette fête romaine du solstice de juin en laquelle un rescrit de l’empereur Constantin fixa à partir du 25 décembre 330 la fête devenue chrétienne de la naissance de Jésus de Nazareth.

Cette réalité historique, et tout ce qu’elle a entraîné au plan culturel dans la chrétienté célébrant l’incarnation, cela devient encombrant pour la grande bouffe et pour la relance de la consommation occidentale. Inutile de répondre sur ce terrain-là car le dégoût des peuples sera la vraie réponse, une fois la crise de foie passée. Cette profanation de Noël et des racines sacrées de l’Europe passera de mode comme il est en train d’advenir pour le misérable détournement des traditions celtiques de Halloween recyclées par une sorcellerie de bas étage et un satanisme qui pour être de pacotille n’en est pas moins délibéré.

Ce qui me frappe aujourd’hui, c’est au contraire le profond besoin de retour aux valeurs sacrées et j’en vois la manifestation dans le succès extraordinaire de Tolkien et du Seigneur des Anneaux dont le deuxième épisode est maintenant projeté avec plus de clarté encore que le premier.

Inutile de préciser l’aspect technique de cette réalisation sans précédent puisque la production a fait le pari de fabriquer la série à l’avance, en ne diffusant qu’un film par an.

C’est en fait le message de Tolkien qu’il convient de rappeler. Car le message essentiellement chrétien ne l’est à aucun moment de manière explicite. Sans doute on peut s’en étonner du point de vue religieux car un chrétien a le devoir de dire sa foi. Simplement il n’est pas tenu de l’exprimer à chaque instant et dans la série du Seigneur des Anneaux, qu’il s’agisse de l’univers charmant des Hobbit ou qu’il s’agisse du monde déchu des Orques, c’est autre chose qui apparaît, c’est le combat éternel, semble-t-il, entre le Bien et le Mal.

Bien entendu, Tolkien ayant été happé par l’horreur de la Première Guerre mondiale, ayant écrit dans les années 1930, certains chercheront à identifier le camp maléfique aux empires totalitaires spécifiques au xx dont seuls subsistent quelques affreuses reliques dispersées entre Cuba et la Corée du Nord et quelques guérilleros perdus entre la jungle des narcotrafiquants de Colombie et leurs homologues himalayens du Népal.

On se tromperait gravement en prenant le magicien Saroumane pour une simple métaphore de Staline. Mais on se tromperait encore plus en identifiant dans cette lutte du Bien et du Mal, les cavaliers noirs du Mordor au simple axe du mal énuméré par le président des États-Unis dans son discours du 20 septembre 2001 et contre lequel l’Occident matérialiste semble s’accorder désormais à organiser une première frappe à partir des émirats pétroliers du Golfe et des bases turques au début 2003.

Nous serions en face d’une colossale imposture si nous confondions ce partage mondial des puits de pétrole avec une quelconque croisade. Dois-je rappeler d’ailleurs qu’au XI siècle les Croisades furent prêchées en Occident pour délivrer le tombeau du Christ mais qu’aujourd’hui Bethléem semble captive, et Nazareth, et la vieille ville de Jérusalem mais certainement pas d’un empire musulman. Dois-je rappeler aussi que le détournement de la IV Croisade par les marchands de Venise en 1204 a fait probablement plus de mal à la civilisation que toutes les croisades additionnées n’ont pu faire de bien.

Si je m’en tenais donc au seul sentiment spirituel que l’on éprouve devant le détournement matérialiste du sens de Noël je dirais que j’envie presque mes amis russes de fêter leur Noël à leur date, bien à eux, sans corruption ni détournement.

Aujourd’hui, la vraie question me semble être plutôt de cesser de confondre le camp du bien et de la liberté avec les détournements opérés par les hommes de l’État, avec le mensonge politique, avec toutes les immondices que l’on cherche à fournir dans le crâne de nos enfants et des adolescents, avec la chienlit des intellectuels du service, avec tous les crimes que l’on s’apprête à commettre au nom du Bien, avec cette programmation de 900 000 réfugiés, estimation bien supérieure encore à l’opération du Kossovo de 1999, ce qui nous prouve qu’on n’arrête pas le Progrès.

JG Malliarakis

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(1) Le Monde en date de ce 24 décembre.

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